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Le Pont du diable

Le Pont du diable, mélodrame en trois actes, à grand spectacle, de Hapdé, musique de Taix, ballets de Hus jeune, décors d'Allaux fils,15 mars 1806.

Théâtre de la Gaîté

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1806 :

Le Pont du Diable, mélodrame en trois actes  à grand spectacle. Paroles de L. Hapdé. Musique de M. Taix ; Ballets de M. Hus, le jeune ; Décors de M. Allaux, fils. Représenté pour la première fois, sur le Théâtre de la Gaîté, le 15 Mars 1806.

Courrier des spectacles, n° 3328 du 16 mars 1806, p. 3 :

Le Pont du Diable, mélodrame nouveau, vient d'obtenir un succès brillent [sic] au Théâtre de la Gaîté.

Courrier des spectacles, n° 3329 du 17 mars 1806, p. 2-3 :

[Le titre de la pièce est alléchant : même si son caractère diabolique n'est pas très prononcé, il s'y passe un événement infernal, puisqu'il explose sous l'effet d'un baril de poudre. Après cette mise en bouche, le critique entreprend la rude tâche de résumer l'intrigue, ce qu'il fait avec précision, et aussi un brin d'ironie devant tant de coïncidences et de hasards. Il y a dans la pièce le lot habituel d'amant parti au loin (mais il est revenu), d'enfant secret, de souterrain où est enfermée l'enfant et sa mère, le secret étant révélé par le méchant rival du père de l'enfant : il parle en dormant... Bien entendu, tout le monde se retrouve dans l'auberge où est caché le père de l'enfant, revenu de voyage et se faisant passer pour un peintre. La découverte de son identité provoque un combat entre les deux rivaux amoureux. Il s'achève par la mort du méchant (comme d'habitude), victime de l'explosion du pont. Il ne reste plus que le père de l'enfant pour jouir de charmes de la belle Rosalvina. Devant une telle accumulation d'incidents en trois actes, le critique ne peut que renoncer à tout analyser, et ironiser sur le genre du mélodrame dont « le mérite principal […] consiste dans les alternatives des pleurs et des ris » : sur ce plan, le Pont du Diable est « un petit chef-d'œuvre unique en son genre », créé par un auteur très imaginatif. La fin de l'article énumère rapidement les qualités de sa mise en scène : décor du troisième acte, « d'un effet séduisant », ballet de l'acte deux « dessiné très agréablement, et dont les interprètes sont nommés, au contraire des acteurs dont on loue anonymement l'ensemble. Restent les trois auteurs, paroles, musique et ballets, dont les noms sont donnés sans commentaire.

Le compositeur est appelé Faix. Il s'agit en fait de Taix.]

Théâtre de 1a Gaîté.

Le Pont du Diable.

Ce Pont du Diable étoit depuis quelque tems annonce comme une merveille. Le nom seul du Diable a toujours le privilège d’exciter la curiosité. Quoique depuis deux siècles il ait perdu quelque chose de son crédit, son empire est encore assez bien établi sur l’esprit des enfans et de la multitude. Quel pays n’a pas son pont du Diable, ses histoires de sorcellerie, ses apparitions extraordinaires ? C'étoit jadis particulièrement sur les ponts que le Diable se tenoit en embuscade ; c’étoit là qu’il guettoit les mauvais sujets, et comme la rivière étoit tout près, il avoit peu de chemin à faire pour noyer les pervers. Il n’y a point d’apparition sur le nouveau Pont du Diable, ce qui n’empêche pas qu'il ne s’y passe quelque chose d’infernal, puisqu’on le fait sauter avec un baril de poudre.

Une jeune comtesse de Rosalvina a fait connoissance avec un seigneur nomme Bellino, De cette connoissance est résulté un joli enfant que l’on a confié à un bon aubergiste nommé Marcelli. Bellino, appelé à Palerme pour y recueillir une succession considérable, disparoît ; et l’on apprend quelque tems après qu’il est parti pour les Isles. Le bruit de sa mort se répand même en Italie. En son absence un seigneur nommé Toraldi, qui ignore l’aventure du joli enfant, demande la main de Rosalvina ; mais la Comtesse s'échappe et se réfugie auprès de son fils, chez Marcelli. Par un hazard singulier, Bellino étoit non-seulement revenu des colonies, mais il étoit chez Marcelli, sous le déguisement d’un peintre de paysage ; et par une circonstance encore plus singulière, le seigneur de Toraldi, égaré à la chasse, vient aussi chercher azyle chez Marcelli. Rosalvina n’a que le tems de s’enfuir, avec son fils, chez Antonio qui est beau-père de Marcelli, et dont l’habitation est voisine du Pont du Diable. Toraldi s’endort paisiblement, et Bellino veille pour savoir ce qui se passera,. Dans son sommeil, Toraldi parle de sa. femme et révèle, sans le savoir, un horrible secret; c’est qu’il tient sa femme dans un souterrain, comme le fameux comte de Moncalde;dans le roman d'Alphonsine.

Bellino, toujours amoureux de Rosalvina, profite de cette découverte, et fait savoir au château de son rival tout ce qu’il vient d'apprendre, En même tems , pour éviter la présence d’un si redoutable adversaire, il se dis pose à quitter l’hôtellerie, mais lorsqu'il veut prendre son carton, il s’apperçoit qu’un garçon d’auberge l’a volé, et que plusieurs esquisses sont déjà entre les mains de Toraldi. Celui-ci frappé de ces circonstances, ne doute plus que Bellino ne soit dans l’auberge, et cherche à le faire saisir. Bellino se défend et s’échappe. Il arrive au Pont du Diable accablé de fatigue. I1 se réfugie chez Antonio, où il retrouve son amante et son fils. Une troupe de spadassins envoyés par Toraldi investissent la maison ; Antonio, Rosalvina, et tous les habilans de la chaumière se battent en vaillans champions, et désarment leurs ennemis. Toraldi arrive sur le Pont ; un baril de poudre, placé dessous, le fait sauter, et Toraldi est blessé à mort. Ses gens vaincus prennent la fuite, et Bellino reste tranquille possesseur des charmes de Rosalvina,

Il n’y a pas d'analyse qui puisse rendre tous les incidens dont ce sujet est chargé ; il est difficile d’en réunir davantage en trois actes, et d assembler une plus grande quantité de situations. tour-à-tour tristes et gaies ; si le mérite principal d’un mélodrame consiste dans les alternatives des pleurs et des ris, on peut regarder le Pont du Diable comme un petit chef-d'œuvre unique en son genre. Cette production aunonce de la part de l’auteur beaucoup d’imagination. La décoration du troisième acte est d’un effet séduisant. Le ballet du second est dessiné très-agréablement ; il a fourni à Mlles. Michon et Adrienne, ainsi qu’à Renauzi l’occasion de se distinguer par des pas pleins de légèreté ; les rôles sont joués arec beaucoup d’ensemble. L’auteur des paroles est M. Hapdé; celui de la musique, M. Faix, et celui des ballets, M. Hus le jeune.

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