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Paolo, ou les Amants sans le savoir

Paolo, ou les Amants sans le savoir, comédie en un acte, en prose, de Dupin, 10 novembre 1815.

Théâtre de l’Odéon.

Dans les dossiers des pièces soumises à la censure (1800-1830), comédies, Ambigu-Comique, Odéon, Théâtre Français, Variétés mis en ligne par les Archives nationales, Paolo ou les Amants sans le savoir est attribué à Autreau (rebaptisé pour l'occasion Antreau) et Dupin

Titre :

Paolo, ou les Amants sans le savoir

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose

Musique :

non

Date de création :

10 novembre 1815

Théâtre :

Théâtre de l’Odéon

Auteur(s) des paroles :

M. Dupin

Journal de Paris, n° 314 du 10 novembre 1815, p. 1-2 :

[Un fort long compte rendu pour ce que le critique considère comme une chute, et dont on retiendra surtout les abondantes considérations sur ce que doit être une comédie, moyen de critiquer vertement Marivaux (ce n'est pas un modèle à imiter) et ceux qui écrivent des comédies à sa façon. Ce n'est que dans la deuxième partie du compte rendu qu'il est question de la pièce à l'affiche, réduite à n'être, comme les pièces de Marivaux selon le critique, qu'« un assaut d'esprit entre deux amans qui semblent plus occupés à chercher des tours ingénieux qu'à s'entretenir de leur amour ». L'intrigue est vite résumée, en choisissant de mettre l'accent sur le couple secondaire Mario-Sylvia plutôt que sur celui des niais dont seul le garçon, Paolo, a un nom. Il ne reste plus qu'à exécuter la pièce, « conduite sans art », au style « maniéré, contourné, souvent même ridicule », qui est rapproché du style du Cottin qui a servi de modèle au Trissotin des Femmes savantes. La pièce a réussi, mais c'est un échec pour le critique, vien que le nom de l'auteur ait été proclamé, mais il est devenu Duchant « au grand étonnement du public » (il y a de quoi être surpris). Les acteurs ont fait ce qu'ils ont pu. Il faudrait que les sociétaires de l'Odéon choisissent mieux les pièces qu'ils montent !]

THÉATRE ROYAL DE L'ODÉON.

Première représentation de Paolo, ou les Amans sans le savoir,
comédie en un acte et en prose.

Les jeunes auteurs qui veulent se livrer franchement à la comédie doivent se proposer pour modèles ceux qui ont excellé dans cet art, ceux qui, doués d’un génie rare et éminent , se font remarquer jusque dans leurs moindres productions par de grands coups de pinceau et par des traits de maîtres. Certes Marivaux est le chef d'une école qui ne s'est que trop étendue ; et, malgré cinq ou six pièces agréables qui sont restées de trente-deux qu'il avait faites, on peut dire que cet écrivain n'avait que de l'esprit, souvent du mauvais esprit. Rien n'est si fatigant que de voir ces compositions forcées, où la fureur de briller et la prétention à la singularité font prodiguer à un auteur de faux agrémens et de spirituelles absurdités. C'est là le genre que le Vaudeville paraissait avoir adopté, et celui que nos vaudevillistes portent ailleurs lorsqu'ils veulent écrire la comédie.

Si la comédie ne devait être qu'une analyse des sentimens les plus raffinés de la galanterie, une suite d'entretiens métaphysiques sans action, sans comique, sans mœurs, sans caractère, un assaut d'esprit entre deux amans qui semblent plus occupés à rechercher des tours ingénieux qu'à s'entretenir de leur amour, Marivaux pourrait être regardé comme un modèle ; mais si la comédie est une imitation naïve des mœurs et des ridicules de la société, une action simple, mais animée par des situations plaisantes, où des caractères marqués se développent naturellement par la force de l'intrigue qui les met en jeu, où chaque personne tient un langage convenable à son âge, à son état, à ses passions, et, sans songer à faire des bons mots, se trouve excitée, par sa situation, à un dialogue vif et plaisant ; si telle est la bonne comédie, il faut convenir que Marivaux est un mauvais modèle. Voilà ce qu'on disait au moment même de la plus grande gloire de l'auteur des Fausses Confidences.

D'ailleurs les imitateurs d'un écrivain qui a quelque originalité ne reproduisent jamais que ses défauts, et n'offrent point les qualités qui les faisaient excuser. Le sujet de Paolo est, comme nous venons de le dire, un assaut d'esprit entre deux amans qui semblent plus occupés à chercher des tours ingénieux qu'à s'entretenir de leur amour. C'est du marivaudage dans toute sa niaiserie. L'auteur s'est tellement traîné sur les traces de son maître, qu'il lui emprunte jusqu'aux noms de ses personnages.

Sylvia est une jeune veuve que ses parens destinent à Mario, dont elle n'est point connue ; ce mariage doit éteindre un procès qui divise les deux familles. Mais Sylvia, avant d'accorder sa main, veut mettre Mario à l'épreuve. Le moyen qu'elle emploie est absolument le même que celui de la Petite Rose, bluette qu'on représente avec succès à l'Odéon depuis quelques jours, et dont nous avons rendu compte dernièrement.

Sylvia se déguise donc en soubrette, et, sous le nom de Gianetta, inspire une grande passion à Mario. Celui-ci à son tour découvre la ruse et feint l'indifférence avec Sylvia-Gianetta. Cette double épreuve se termine par l'hymen de ces deux amans.

Mais alors quel est donc ce Paolo qui sert de titre à la, pièce, demandera-t-on ? Paolo n'est autre chose qu'un niais amoureux d'une niaise. Voilà probablement les amans sans le savoir. Sylvia et Mario donnent des leçons d'amour et se chargent de leur expliquer les sentimens qu'ils éprouvent et dont ils ne peuvent se rendre compte.

Cette pièce est conduite sans art ; elle a été, pour ainsi dire, jouée en famille. Le style en est maniéré, contourné, souvent même ridicule. Cela ressemble beaucoup à un mauvais vaudeville dont on a mis les couplets en prose. On dit, par exemple, qu'un notaire est un commis aux barrières sur les frontières de l'hymen. O Cottin ! où étais-tu ?

Paolo s'est traîné jusqu'au dénouement sans mésaventures, et le nom de M. Duchant a été proclamé par Pélicier, au grand étonnement du public. Mlle Délia et Mlle Fleury ont fait tous leurs efforts pour seconder l'auteur ; Armand aurait été très plaisant dans le rôle de Paolo, si ce rôle avait eu le sens commun.

Ce succès, qui équivaut à peu-près à une chute, doit engager les sociétaires de l'Odéon à être plus sévères dans la réception de leurs pièces. Les Hommes et leurs Chimères, et Paolo, font presque douter de leur goût.

Paul Porel et Georges Monval, L’Odéon, histoire administrative, anecdotique et littéraire (Paris, 1876), p. 274 :

[Une nouveauté qui n’en est pas une... Elle n’a d’ailleurs guère laissé de traces.]

Le 10 novembre, Paolo ou les Amants sans le savoir, comédie en un acte et en prose, coupée par M. Dupin dans les Amours ignorants , vieille comédie d'Autreau représentée en 1720.

La pièce découpée est les Amans ignorans de Jacques Autreau (1657-1745), représentée par les Comédiens Italiens de son Altesse Royale Monseigneur le Duc d'Orléans le 14 avril 1720.

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