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Pausanias

Pausanias, tragédie en cinq actes et en vers, par le citoyen C.-J. Trouvé, l'un des rédacteurs du Moniteur. 8 germinal an 3 [28 mars 1795].

Théâtre de la rue Feydeau, ou des Comédiens françois

Titre :

Pausanias

Genre

tragédie

Nombre d'actes :

5

Vers / prose ?

en vers

Musique :

non

Date de création :

8 germinal an 3 (28 mars 1795)

Théâtre :

Théâtre de la rue Feydeau, ou des Comédiens françois

Auteur(s) des paroles :

C.-J. Trouvé

Almanach des Muses 1796.

Histoire du 9 Thermidor et de Robespierre, sous le nom de Pausanias. Séduit par l'or des Perses et sa féroce ambition, le général lacédémonien forme le projet d'assujettir sa patrie : voilà tout ce qui lui est commun avec le moderne conspirateur. On voit dans l'ouvrage du citoyen Trouvé la convention, les tribunes, la commune, le tribunal révolutionnaire, les complices du tyran, et jusqu'au général Henriot. Pausanias veut aussi se tuer, précisément comme Robespierre, auquel pourtant il ressemblait très-peu.

Des rapprochements forcés, plusieurs scènes intéressantes. Descriptions énergiques de la tyrannie décemvirale. Des incorrections.

Sur la page de titre de l'édition de 1810 (à Carcassonne, de l'imprimerie de Gabriel Gareng) :

Pausanias, tragédie en cinq actes, par C.-J. Trouvé ; Représentée à Paris, sur le Théâtre de la rue Feydeau, par les Comédiens français, le 28 Mars 1795.

                              ......Quis, talia fando,
Temperet à lacrymis ? ......

La pièce est précédée d'une préface, p. v-vii :

[La préface anonyme (elle n'est pas de l'auteur) explique la parution tardive de la pièce, et la signification politique qu'elle a : elle utilise le personnage antique pour stigmatiser Robespierre qui vient de tomber le 9 thermidor.]

PRÉFACE.

Il semblera peut-être extraordinaire que l'auteur de cette Tragédie se soit, après quinze ans de silence, déterminé à la faire imprimer. Peut-être aussi trouvera-t-on qu'il s'était rendu justice, en ensevelissant dans l'oubli un ouvrage où la critique relèvera sans doute bien des fautes. Si cependant, à travers ces fautes trop nombreuses, de bons sentimens, des peintures vraies, quelques vers heureux peuvent obtenir en sa faveur un peu d'indulgence, alors on lui pardonnera de publier aujourd'hui cette Pièce, dont la représentation fit couler des larmes en 1795, et de réclamer la part d'estime due au courage, tandis que les favoris de Melpomène disputent le prix que la main la plus auguste va bientôt décerner au talent. Il n'a pas plus la prétention que le droit d'entrer en concurrence ; mais il a cru pouvoir céder aux conseils de quelques amis qui ont vu, dans son essai dramatique, un monument honorable pour sa manière de penser.

Osera-t-il ajouter qu'il est des personnes qui l'ont regardé comme une pièce nationale ? En effet, le sujet de la tragédie de Pausanias est le neuf thermidor : c'est le premier triomphe de la justice et de l'humanité sur le brigandage et l'assassinat. On y retrouve la fidélité historique, soit pour le personnage grec mis en scène d'après Plutarque et Cornelius Nepos, soit pour les crimes de toute espèce qu'on attaque sous son nom. Témoin de cette catastrophe, l'auteur voyait au moment même se dérouler une action théâtrale : Sparte lui offrit l'homme à qui son insolence, son ambition, sa cruauté, sa perfidie donnaient le plus de rapports avec le monstre dont cet ouvrage retrace les horreurs. La seule difference, c'est que ce dernier fut un lâche et vil scelérat, au lieu que Pausanias avait l'énergie du crime et mêlait de l'éclat à ses vices.

Ce n'etait pas la première fois que l'auteur avait été inspiré par l'indignation. Déjà, dans une Ode sur le neuf thermidor, publiée par le Moniteur quelques jours après cette fameuse journée, il peignait ainsi l'affreux personnage :

                Réponds, Dictateur parricide,
            Quels sont tes sinistres projets ?
            Tu disais en ton cœur avide :
            « Bientôt ils seront mes sujets ;
            » La terreur sera ma couronne ;
            » Mon sceptre, la faulx de la Mort ;
            » Des cadavres seront mon trône,
» Et le sang dans mon âme éteindra le remord. »

La tragédie de Pausanias fut représentée, le 28 mars 1795 (8 germinal an 3), par les Comédiens français, sur le théâtre de la rue Feydeau. Elle eut douze représentations : l'impression qu'elle produisit fut terrible, et agit tellement sur l'acteur (M.r Larive) qui remplissait le premier rôle, qu'il en tomba malade, et mit vingt jours d'intervalle entre la première et la seconde représentation. Si l'on se reporte au temps, si l'on songe aux débats dont frémissait la tribune, on sera convaincu que cette époque même rendait le courage encore dangereux. Quelques mois après, la société du théâtre Feydeau se dispersa ; de nouvelles circonstances politiques s'élevèrent ; l'auteur entra dans la carrière des affaires publiques ; il oublia sa tragédie, renonça au théâtre, et crut devoir ce sacrifice à de plus importantes obligations.

La scène française possède encore une partie des acteurs dont le talent fit réussir cette pièce. S'ils pensaient que la représentation en pût étre reprise ; si M.le Raucour, si MM.rs St.-Prix et St.-Phal se souvenaient des rôles qu'ils firent valoir avec tant d'énergie ; si celui de M.r Larive pouvait convenir à l'acteur celèbre qui semble avoir porté l'art tragique à sa perfection, ce tableau de nos malheurs passés servirait encore à faire ressortir les bienfaits qui en ont rendu le retour impossible. Plus on ressentirait d'horreur pour les monstres par qui la France fut ensanglantée trop long-temps, plus on redoublerait d'admiration, de reconnaissance et d'amour envers le GÉNIE protecteur qui vint, au dix-huit brumaire, faire cesser pour jamais des alarmes légitimes, et dont chaque pas, depuis cette ère de salut, est marqué par la gloire de ses armes et la félicité de son Empire.

Gazette nationale ou le Moniteur universel, n° 203 du 23 Germinal an 3, dimanche 12 avril 1795, vieux style :

[Comme l’auteur est un des rédacteurs du journal, il n’est pas possible de faire l’éloge de la pièce sans passer pour un flagorneur. Après un rappel des circonstances historiques, avant de dire que « L'auteur de la pièce nouvelle n'a guère emprunté de l'histoire de Pausanias que son nom et le caractère énergique de sa mère » : son but était de faire « le tableau de notre révolution du 9 thermidor ». Et ce tableau est très précis... Mais la pièce ne réussit pas seulement par là : elle a des qualités, le caractère de la mère de Pausanias, la qualité des interprètes et leur jeu « avec beaucoup d'ensemble ».]

THÉÂTRE DE LA RUE FEYDEAU.

La tragédie de Pausanias, en cinq actes, a eu succès ; elle est de Trouvé, rédacteur du Moniteur. Cette circonstance nous interdit des éloges qui, dans ce journal, paraîtraient sans doute suspects ; nous nous souviendrons qu'en rendant compte de l'ouvrage d'un ami il serait indigne de lui et de nous de manquer à l'impartialité que nous professons, et qui est le premier devoir de tout journaliste.

Pausanias était vice roi de Lacédémone, c'est-à-dire qu'il exerçait la royauté pour son neveu, encore enfant, vers la 76e olympiade, l'an 280 environ de la fondation de Rome. Il ne faut pas que ce nom de roi en impose ; Lacédémone avait en effet deux chefs héréditaires, portant le nom de roi ; mais ces rois étaient moins puissants que les consuls de Rome. L'autorité résidait principalement dans le peuple ; le sénat, composé de vingt-huit membres électifs, mais à vie, et dans des magistrats nommés éphores,aussi électifs, mais pour une année seulement : les éphores étaient au nombre de cinq.

Pausanias était grand homme de guerre ; il commandait les Lacédémoniens à la bataille de Platée, où les Grecs chassèrent et détruisirent l'armée de Xercès, roi de Perse, forte de trois cent mille hommes. Les succès militaires de Pausanias enflèrent son orgueil et lui inspirèrent des projets coupables. Il en vint au point de trahir sa patrie, de songer à épouser la fille du monarque persan, et à se faire le tyran de la Grèce.

Un esclave qu'il avait chargé d'une lettre pour Artabase, satrape de Xercès, l'a remit aux éphores. Le coupable découvert et près d'être arrêté se sauva dans un temple de Minerve. On en fit murer la porte, et sa mère porta la première pierre. Il y mourut, consumé par la faim.

L'auteur de la pièce nouvelle n'a guère emprunté de l'histoire de Pausanias que son nom et le caractère énergique de sa mère. Il a fait, dans sa tragédie, le tableau de notre révolution du 9 thermidor. Le sénat de Sparte est précisément la Convention nationale ; Pausanias est Robespierre, etc... Il a même désigné, dans les récits qu'il a faits des crimes du tyran, plusieurs des victimes les plus remarquables de l'odieux régime de la terreur. On conçoit aisément avec quel enthousiasme ces tableaux ont été applaudis.

La pièce ne doit pourtant pas entièrement sa réussite aux circonstances. Il y a de la grandeur et de la force dans le personnage de la mère de Pausanias. La scène où elle maudit son fils,et où elle adopte à sa place la malheureuse fille d'un respectable vieillard que le tyran a immolé, est belle et touchante. Ce rôle est très-bien joué par la citoyenne Raucourt. Larive, Saint-Phal, Naudet, Saint-Prix sont chargés des autres principaux personnages. La pièce a été jouée avec beaucoup d'ensemble. L'auteur, encore jeune, et qui débute dans la carrière dramatique par cet ouvrage, a été demandé et nommé.

L'Esprit des journaux, françois et étrangers, vingt-quatrième année, tome II, mars et avril 1795, p. 283-284 :

[La pièce utilise l’histoire à des fins de stigmatisation de Robespierre. Et cela ne choque pas le critique, qui incite même l’auteur à pousser encore plus loin l’infidélité pour fournir à la pièce un dénouement neuf et en enrichir l’action. Elle n’est pas très bien écrite (« versifiée avec plus de chaleur peut-être que d'exactitude »), mais elle est pleine de bonnes intentions, et son auteur est prometteur.]

Pausanias, tragédie en cinq actes.

Nous ne rappellerons pas ici l'histoire connue de Pausanias , général spartiate , qui , après avoir combattu pour la liberté, se laissa séduire par le roi de Perse , & aspira à devenir le tyran de la Grece. Ce sujet a déjà été traité par Quinault. L'auteur de Pausanias, donné avec succès sur ce théatre, par les comédiens françois, s'est écarté de l'histoire grecque, pour se rapprocher de la journée du 9 thermidor, & du personnage odieux de Robespierre, qu'il a voulu retracer. Les trois premiers actes de son ouvrage sont pleins d'effets : les deux derniers sont plus foibles d'action, & on a regretté qu'il n'ait pas fait mourir Pausanias dans le temple de Minerve, dont on mura la porte, & à laquelle sa mere elle-même porta la premiere pierre. Ce dénouement eût été neuf au théatre. Au surplus, le but de cette tragédie est très-estimable ; elle donne sans doute lien à une foule d'applications heureuses : elle est versifiée avec plus de chaleur peut-être que d'exactitude ; mais l’on voit qu'elle a été faite vite, & dans d'excellentes intentions. En un mot, elle annonce à la scene françoise un auteur dramatique de plus ; & sans doute elle aura l'estime de tous les gens-de-lettres, quand on saura qu'elle est le premier ouvrage du jeune Trouvé, l'un des rédacteurs du Moniteur.

La base César confond cette tragédie avec celle de Quinault, jouée à l'Hôtel de Bourgogne en 1668. Elle lui attribue10 représentations au Théâtre Feydeau, du 28 mars au 28 juillet 1795. Il faut les rendre à Trouvé !

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