Pélisson, ou C'est le Diable

Pélisson, ou C'est le Diable, comédie anecdotique en un acte et en vaudevilles, de Philidor [Rochelle] et J. A. Jacquelin, 18 avril 1807.

Théâtre de la Cité.

Almanach des Muses 1808.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Mad. Masson, 1807 :

Pélisson, ou C'est le diable, comédie anecdotique, en un acte, et en vaudevilles. Par MM. Philidor et Jacquelin. Représentée pour la première fois, sur le Théâtre Montansier, le 18 avril 1807.

Courrier des spectacles, n° 3722 du 21 avril 1807, p. 2-3 :

[Pour présenter l’intrigue, il faut d’abord faire un peu d’histoire, et rappeler les liens qui unissent Pélisson à Fouquet dont il était secrétaire, et qu’il a accepté d’accuser, mais pour mieux le sauver. L’intrigue résumée ensuite contient une histoire un peu étrange d’une dame qui pense à utiliser celui qui courtise sa fille pour représenter le diable dans une Tentation de Saint-Antoine, en raison de sa laideur. Tout académicien qu’il est, Pélisson (puisque c’est lui l’amant fort laid) accepte de se laisser peindre en diable, pour être près de sa maîtresse. Au cours de la séance de pause, il semble peu intéressé par l’éloge que la mère de sa maîtresse fait de Pélisson. Celle-ci s’en formalise, mais sa fille lui révèle que celui qui la courtise est justement Pélisson : tout s’arrange, « les deux amans ne trouvent plus rien qui s’opose [sic] à leur bonheur ». Le jugement porté sur la pièce est très positif : « Ce vaudeville est des plus jolis qu’on ait représentés depuis quelque tems à ce théâtre. Il restera au répertoire », et l’interprétation est loué sans retenue, la pièce ayant besoin d’être jouée (ce qui devrait être le cas de toutes les pièces, le critique ne s’explique pas sur ce point). Toute la distribution est jugée parfaite, ou presque (un acteur n’a droit qu’à la mention « satisfaisante »).]

Théâtre de la Cité-Variétés.

Pélisson, ou C'est le Diable.

Un des traits les plus beaux de l’Histoire moderne, c’est le dévouement de Pélisson, pour Fouquet sur-intendant des finances. Il n’est personne qui ne connoisse ce trait sublime. C’est l’héroïsme de l’amitié. Pélisson étoit secrétaire de Fouquet. Celui-ci est disgracié et emprisonné. Ses papiers sont saisis ; mais ceux qui pouvoient le compromettre ont été brûlés par les soins de Pélisson. Le sur-intendant craint au fond de sa prison qu’on ne lui oppose ces pièces. Pélisson, afin d’écarter les soupçons se constitue accusateur de Fouquet. On le confronte avec lui ; il le charge, mais il a l’adresse de lui faire entendre que les papiers qui pouvoient exciter sa sollicitude ont disparu. Cette adresse sauve le Sur-intendant. Tel est le sujet de 1a piece nouvelle.

Fouquet est en prison. Pélisson, qui s’est déclaré contre lui, et qui semble oublier toutes les faveurs qu’il a reçues de son bienfaiteur, est l’objet de la haine générale. Son amante, Hortense, fille de Mad. Robert, lui interdit sa présence ; cependant il ose pénétrer dans la maison. Hortense lui reproche son ingratitude ; Pélisson lui répond :

Moi, l'accuser ! quand sa grande ame
Prévenant jusqu’à mes souhaits,
De mes jours embellit la trame,
Et me combla de ses bienfaits.
En vain plus d'un soupçon l'accable,
Fouquet au fond de sa prison,
Pour l'univers fut il coupable,
Est innocent pour Pélisson.

Cependant Mad, Robert, qui ne le connoît pas, et qui le rencontre, est frappée de la difformité de sa figure, car Pélisson étoit très-laid. Elle imagine aussi-tôt de l’emmener chez elle pour servir de modèle à un peintre nommé Giraud qu’elle a chargé de faire le tableau de la Tentation de St.-Antoine ; elle juge que personne ne sera plus propre à représenter le Diable que Pélisson. L’académicien animé par l’espoir de revoir Hortense, consent à tout, et bientôt, comme dit Gresset,

. . . . . . . . . On le style au service,
En quatre tems il apprend l'exercice.

Il pose enfin ; le peintre, plein de son sujet, est occupé de son tableau ; mais Pélisson, ennuyé de sa contenance, en prend une plus analogue à sa situation. Hortense est près de lui, il quitte le rôle du Diable pour reprendre celui d’amant ; et il tombe aux genoux de sa maîtresse. Mad. Robert le surprend dans cette position, et apporte des nouvelles. Pélisson, l’objet de son courroux, n’est plus à ses yeux un vil dénonciateur ; elle connoit sa conduite envers Fouquet ; elle en fait le plus grand éloge. Pélisson l’écoute assez froidement ; Mad. Robert s’échauffe ; mais bientôt sa fille lui apprend que c’est Pélisson lui-même qui est devant ses yeux. Mad. Robert reste muette d’étonnement, le peintre laisse échapper son pinceau, et les deux amans ne trouvent plus rien qui s’opose à leur bonheur.

Ce vaudeville est des plus jolis qu’on ait représentés depuis quelque tems à ce théâtre. Il restera au répertoire ; mais il demande à être bien joué ; et il l’a été parfaitement à la première représentation, Bosquier Gavaudan est très-plaisant dans le rôle du Peintre ; il anime toute la scène ; Cazot a joué d’une manière satisfaisante celui de Pélisson. Mad. Barroyer soutient, dans le rôle de Mad. Robert, la réputation qu’elle s’est justement acquise. Le rôle d’Hortense ne pouvoit être mieux confié qu’à Mlle. Linville, actrice qui joint à une figure très-jolie une voix agréable et un jeu plein d’intelligence. C’est encore une conquête faite depuis quelque tems sur le théâtre du Vaudeville, où cette jeune actrice avoit débuté.

Ajouter un commentaire

Anti-spam