Pic, repic & capot, ou l'Imbroglio des petites affiches

Pic, repic & capot, ou l'Imbroglio des petites affiches, originalité, 26 mai 1792.

Théâtre de Molière.

Titre :

Pic, repic & capot, ou l'imbroglio des petites affiches

Genre

originalité

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

26 mai 1792

Théâtre :

Théâtre de Molière

Auteur(s) des paroles :

 

L’expression « pic, repic et capot » est une expression du jeu de piquet : faire pic, c’est marquer trente points, sans que l’adversaire ait rien marquer ; il obtient alors un avantage de soixante points. Capot, c’est ne faire aucune levée dans un jeu de cartes. « Pic, repic et capot », c’est écraser son adversaire au jeu de piquet : soixante points marqués, quand l’adversaire n’a pas gagné une seule levée, un seul pli.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1792, volume 10 (octobre 1792), p. 320-322 :

[Ce que le compte rendu accorde à la pièce, c’est la nouveauté de la désignation par le mot « originalité ». Parce que, sinon, c’est une pièce à scènes épisodiques, un imbroglio. Le critique relève l’abondance des allusions à l’actualité, ce qui ne pose pas problème, et l’indécence des équivoques autour de la confusion entre la voiture en vente et la gouvernante supposée. Le critique conseille à l’auteur de se reporter à la scène de l’Avare de Molière, où la même équivoque autour de la cassette et de la fille d’Harpagon : «  il y verra comment, sans sortir des bornes de la décence, on peut conduire comiquement des scenes d'équivoque ». La morale, toujours la morale. Les convenances.]

THÉATRE DE MOLIERE.

On a donné à cette petite piece, le titre certainement très-neuf, d'originalité. C'est tout simplement une piece à scènes épisodiques. En voici le motif. Damis est une espece de philosophe qui, jusqu'ici, ne s'est ému de rien, & qui a trouvé fort extraordinaire, que l'on s'affectât de certains petits événemens de la vie. Clairval, son ami, a fait avec lui un pari de 25 louis, qu'avant huitaine, il le feroit sortir de ce sang-froid dont il se targue si fort. Le pari a été accepté. Damis a fait annoncer, dans les petites affiches, une voiture qu'il veut vendre. Clairval y a fait annoncer aussi-tôt, & à l'adresse de Damis, 1°. une gouvernante qui cherche une place ; 2°. un habit à vendre ; 3°. la demande d'un médecin capable de guérir quelqu'un d'une maladie vaporeuse. A cette précaution, qui doit accumuler les quiproquo, se joint un incident que le hasard amene ; un tailleur rapporte à Damis un habit brodé, qu'il lui a fait long-tems attendre, & l'habit reste sur un fauteuil. L'Imbroglio commence. Un plaideur manceau vient s'informer de la gouvernante ; Damis répond à son idée, & fait le plus grand éloge de la voiture, sans la nommer ; mais il ne la laissera emmener, que quand on la lui aura payée 30 louis. Le manceau indigné, sort en menaçant Damis du juge de paix. Un officier succede, prend l'habit brodé, l'essaye, le trouve fort bien, veut le payer, est arrêté par Damis qui ne conçoit rien à ce qui se passe, & à qui il est demandé raison d'une insulte qu'il croit avoir reçue lui-même. Enfin, arrive un médecin qui veut, à toute force, que Damis soit malade, & que celui-ci consente à le laisser faire, afin de s'en débarrasser. Mais le manceau & l'officier s'impatientent. Ils reviennent, l'un pour conduire Damis sur le pré, l'autre, chez le juge de paix : le médecin ne veut pas laisser sortir son malade. Damis s'échauffe, éclate, est furieux. Clairval paroît, & explique tout. On rit, & Damis finit par épouser une demoiselle Victoire, fille bien née, que le malheur avoit réduite à être femme-de-chambre de la mere de Damis, & qui, dans tout le cours de l'action, a montré le plus tendre attachement pour le fils de son ancienne maîtresse.

Cet ouvrage est rempli d'allusions aux circonstances actuelles. Le tailleur de Damis lui a fait attendre son habit, parce qu'il a été chargé des. habillemens des troupes nationales, volant aux frontieres. Il ne lui donne point sa culotte de casimir, parce qu'il a entrepris une fourniture considérable de culottes pour les émigrés........ Dans la premiere scene avec l'officier, est une sortie contre les militaires qui abandonnent leur poste. Dans celle du médecin, est encore une sortie contre les médecins qui ne prennent point de patentes, &, en général, contre tous les citoyens qui ne paient pas les contributions. Nous n'avons rien à dire de tout cela. Mais il n'en sera pas de même des équivoques qui galonnent indécemment la scene du manceau. Celui-ci, il faut y prendre garde, vient chercher une gouvernante. Damis répond qu'elle est à toute main, qu'elle est presque neuve ; qu'elle a très-peu servi ;..... qu'on la donnera à l'essai....... &c. &c. On devine ce que produit une pareille scene, & combien les imaginations libertines y applaudissent. Nous renverrons l'auteur de cette piece à la lecture de la scene de l'Avare, où celui-ci parle de sa cassette, tandis que Valere parle d'Elise ; il y verra comment, sans sortir des bornes de la décence, on peut conduire comiquement des scenes d'équivoque. S'il disoit que nous lui indiquons cette lecture comme on applique un pensum à un écolier, il conviendroit au moins que ce pensum a bien son prix.

D’après la base César, l’auteur est inconnu. 12 représentations, du 26 mai au 15 août 1792 (André Tissier, Les spectacles à Paris pendant la Révolution: De la réunion des Etats généraux à la chute de la royauté, 1789-1792, p. 245, compte 24 représentations dans le même temps).

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