Piron chez Procope, vaudeville en un acte, du jeune Théodore Pélicier et de mademoiselle Minette, 25 juillet 1810.
Théâtre du Vaudeville.
Almanach des Muses 1811.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Madame Masson, 1810 :
Piron chez Procope, vaudeville en un acte, par M. Th. Pélicier et M.lle Minette ; Représenté, pour la première fois, sur le théâtre du Vaudeville, le 25 Juillet 1810.
La brochure comporte une gravure représentant « St. Léger, Rôle de Piron dans Piron chez Procope », avec une légende empruntée à la scène 6 :
Amis, point de mélencolie
Au plaisir seul livrons nos jours,
Ne vivons que pour la folie
Que pour le vin et les amours.
L'acteur est représenté en costume rouge très 18e siècle, un verre à la main.
Journal de l'Empire, 28 juillet 1810, p. 3-4 :
[Une critique à la Geoffroy, même si elle n'est pas signée. On y trouve tous les traits inimitables de ses partis pris (Voltaire bien sûr), sa volonté de donner des leçons, sa dénonciation de la décadence des arts. La pièce n'est sans doute pas très bonne, mais on sent tellement que le jugement est fait d'avance, quand il décrit les deux auteurs.]
THÉATRE DU VAUDEVILLE.
Piron chez Procope.
Les enfans ont besoin d'indulgence ; mais quand on les aime il ne faut pas les gâter. Les auteurs du vaudeville nouveau sont deux enfans, l'un par son âge, l'autre par son sexe : c'est M. Théodore Pélissier, âgé de quatorze ans, petit acteur du Théâtre Français ; c'est Mlle Minette, charmante actrice de la rue de Chartres. Ils se sont trop hâtés de se marier tous les deux, et n'ont produit qu'un avorton. Il faut dire à M. Pélissier qu'il est bon acteur dans Athalie quand il joue le petit Joas ; mais qu'il est fort mauvais auteur : sa petite bagatelle n'a pas même l'esprit d'un enfant précoce. Il faut dire à Mlle Minette qu'elle se contente d'être bonne actrice, qu'elle ne peut que perdre à devenir auteur et que rien n'enlaidit et ne vieillit tant que l'air de femme savante.
Il est .d'autant plus nécessaire de dire la vérité à des deux enfans, qu'on les a prodigieusement flattés : s'ils n'annoncent pas beaucoup de talent, il faut .du moins les féliciter d'avoir beaucoup d'amis. Leurs couplets les plus foibles ont été applaudis à tour de bras d'un bout de la pièce à l'autre, y compris le couplet d'annonce : s'ils eussent été répétés toutes les fois qu'on l'a demandé, ont eût [sic] joué deux fois toute la pièce et c'étoit déjà trop d'une. Aujourd'hui la flatterie étouffe tous les talens dans leur germe ; la présomption, fille de l'ignorance, est aujourd'hui: le caractère de la jeunesse ; c'est ce qui me rend un peu sévère pour cet essai malheureux, qui ne me paroît mériter aucun. encouragement. Les deux petits auteurs courent après quelques traits brillans, comme les enfans après des papillons ; mais ils n'en attrapent guère : il ne leur tombe sous la main que quelques mauvais jeux de mots. Je n'aperçois pas dans leurs premiers efforts la moindre lueur de véritable esprit ; je n'y vois que les défauts les plus grossiers des autres vaudevilles. Ils ont fait de leur Piron un ivrogne qui n'a que la gaieté du peuple ; il étourdit et fatigue par une foule de couplets bacchiques sans aucun sel : ils ne font honneur ni à Piron ni à ses deux associés, Gallet et Collé, qui semblent avoir perdu dans ce vaudeville toutes les graces et toute la vivacité de leur imagination.
M. Pélissier et Mlle Minette ont cru faire merveille en bafouant l'abbé Desfontaines, qu'ils ne connoissent que d'après les injures de Vottaire : ce qu'ils lui ont fait de pis, c'est d'en faire une bête. Je ne dirai pas que les deux auteurs ont fait et créé ce personnage à leur image ; mais je les avertirai qu'il est contre toute espèce de convenance de présenter Desfontaines comme un niais, qui reçoit sans se défendre les outrages les plus atroces de trois chansonniers qui plaisantent comme des porte-faix ivres. Le rôle est joué comme il a été conçu, c'est-à-dire de la manière la plus plate et la plus ignoble. Desfontaines étoit homne d'esprit, de jugement et de goût ; ses critiques sont sages, honnêtes et modérées : ce sont les auteurs qu'il a critiqués qui ont vomi contre lui des injures de crocheteurs. Que signifie la fameuse épigramme de Piron, qui séduit d'abord par un tour piquant et grivois ? Peut-on dire d'un bon critique :
Il ne fait rien, et nuit à qui veut faire ?
N'est-ce rien faire au Parnasse que d'y écraser les chenilles et 1es insectes ? Est ce nuire à qui veut faire, que de reprendre ceux qui font mal, et de leur apprendre à bien faire ? Un critique n'est point un eunuque ; le trait qu'il fait sentir aux auteurs, et les cris qu'il leur arrache, prouvent assez qu'il n'est pas aussi impuissant que Piron voudroit le persuader.
Dans mon dernier article de Montano et Stéphanie on a dénaturé une phrase en mettant parce que au lieu de presque : presque sous les littérateurs de société, etc.
Mercure de France, journal littéraire et politique, tome quarante-troisième, 1810, n° CCCCLXXV, du samedi 25 août 1810, p. 498 :
[Encore une pièce nouvelle qui « ressemble à beaucoup d’autres » (pas si nouvelle, donc). Les auteurs reprennent une situation « historique », y mêlent les hommes célèbres du temps, autour du spirituel Piron, et le héros fait ce qu'il sait faire, « il s'amuse à mystifier un sot et à arranger un mariage ». « Si l’intrigue en est usée », les détails sont plus neufs, le dialogue est « franc et naturel », et surtout les couplets, élément essentiel d’un vaudeville, « ont de la gaieté », et sont dignes de « l’ancien vaudeville » (c’est un vrai compliment). L’accueil fait à la pièce est assez exceptionnel, mais le critique ne tarde pas à en donner une explication qui douche un peu l’enthousiasme : les auteurs, hors norme, sont le fils d’une actrice, fort précoce, et une « actrice du vaudeville ». Et l’âge de l’auteur et la qualité de sa coautrice sont mis en italique, pour que les illusions des lecteurs s’envolent.]
Théâtre du Vaudeville. — Piron chez Procope, vaudeville en un acte.
Ce vaudeville ressemble à beaucoup d'autres. L'action a lieu le jour de la première représentation de la. Métromanie. Piron en vient attendre le succès au café Procope, où, pour passer le tems, il s'amuse à mystifier un sot et à arranger un mariage. On n'a pas manqué non plus de le mettre aux prises avec son ennemi l'abbé Desfontaines, et de rassembler ensuite auprès de lui ses amis Galet et Collé ; tout se passe, en un mot, selon les règles connues du vaudeville historique. Le succès de celui-ci a été très-brillant. Si l'intrigue en est usée, les détails sont moins communs ; le dialogue est franc, naturel, exempt d'affectation ; les couplets ont de la gaieté et rappellent l'ancien vaudeville, par le choix des airs et des refrains. L'ouvrage, d'ailleurs, a été vivement soutenu par une grande partie des spectateurs qui laissaient rarement passer sans applaudissemens un couplet ou une repartie. Cette extrême bienveillance a paru d'abord un peu singulière, mais on a cessé de s'en étonner, lorsqu'après la chute de la toile, les auteurs ont été nommés. Ce sont M. Théodore Pélicier, âgé de quatorze ans, fils de Mme Pélicier, actrice du théâtre Français, et Mlle Minette, actrice du Vaudeville.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1810, tome IV, (juillet 1810), p. 174-175 :
Piron chez Procope, vaudeville en un acte, joué le 25 juillet.
Le nom des auteurs commandoit l'indulgence. On savoit que ce vaudeville étoit de Mademoiselle Minette, actrice de ce théâtre, et du jeune Pélicier, âgé de 14 ans. Ils ont malheureusement traité un sujet un peu usé ; Piron a déjà paru trois ou quatre fois au Vaudeville. Il a recommencé ses refrains joyeux, aiguisé quelques épigrammes contre l'abbé Desfontaines, contribué à mystifier un M. de Sotenrobe, avocat que l'on fait passer aux yeux d'un Directeur de comédie pour un acteur qui cherche un engagement ; enfin, tout s'est passé gaiement, et l'on a demandé les auteurs qui ont paru.
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