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La Répétition d’un grand Opéra, La Prova di un Opera seria

La Répétition d’un grand Opéra (la), La Prova di un Opera seria, opéra bouffe en deux actes, musique de Gnecco, 4 septembre 1806.

Théâtre de l’Impératrice (Opera Buffa).

Comme souvent, on a inséré dans la pièces des morceaux d’autres compositeurs : Della Maria, Nazolini, Paisiello.

Titre :

Répétition d’un grand opéra (la) (la Prova di un Opera seria)

Genre

opéra

Nombre d'actes :

2

Vers / prose ?

 

Musique :

oui

Date de création :

4 septembre 1806

Théâtre :

Opera Buffa

Auteur(s) des paroles :

 

Compositeur(s) :

M. Gnecco

Courrier des spectacles, n° 3498 du 5 septembre 1806, p. 2 :

Le nouvel opéra-buffa. joué hier, a eu le plus brillant succès. C’est une pièce très-gaie et faite pour remplacer heureusement les Cantatrices villageoiges. La musique est d’un caractère vif, léger, piquant, varié ; elle a été exécutée avec un talent supérieur, par Mad. Cauavassi, Barilli, Carmanini, Blanchi. Plusieurs morceaux ont été redemandés. Le spectacle en est comique et très-amusant, Nota. La pièce est imprimée, et se vend chez Mad. Masson, 1 fr. 50 cent.

Courrier des spectacles, n° 3499 du 6 septembre 1806, p. 2-4 :

[Fort long compte rendu d’un opéra bouffe, fidèle à la tradition de l’opéra italien pas d’intrigue, « un dialogue fécond en traits plaisans, un style aminé et des situations qui prêtent beaucoup aux effets de la musique ». Le sujet ? Montrer une répétition d’opéra seria, avec tous les incidents qui peuvent émailler une telle séance. La musique est d’un compositeur italien inconnu, dont la musique est gracieuse et légère, mais que le directeur de la musique du théâtre a cru devoir renforcer avec « quelques morceaux solides » emprunté à divers compositeurs. La suite de l’article est une longue analyse des morceaux marquants de l’opéra, de l’ouverture au dernier morceau, avec une double attention, à la musique et aux interprètes. Le critique se montre très favorablement impressionné par ce qu’il a entendu, et il cite titres de morceaux, noms de musiciens (puisque certains morceaux sont des emprunts  à Della Maria, Nazolini, Paisiello. C’est à propos des interprètes qu’il se montre le plus élogieux, chacun des chanteurs se voyant caractérisé avec précision. La conclusion est simple : le théâtre ne pouvait pas mieux choisir la pièce destinée à prendre la suite des Cantatrices villageoises.]

Théâtre de l’Opera-Buffa.

La Prova di un opéra seria. (La répétition d’un opéra sérieux).

Il ne faut point chercher dans cette pièce une intrigue suivie, il n’y en a même aucune ; mais on y trouve. Il ne s’agit ici que d’une répétition que l’on entreprend d’exécuter, en partie,chez la Prima Donna et en partie au foyer du Théâtre ; mais on ne l’achève point, parce que le Soprano se fait attendre, et qu’il n’arrive qu’à la fin de la pièce. C’est ici que pourroit commencer l’action ; mais comme il est trop tard et que les acteurs sont déjà fatigués, on renvoie la partie au lendemain Quelques scènes incidentes sur des débats de coulisses, forment des situations très-gaies, et qui valent mieux que la plupart des intrigues dénuées de raison sur lesquelles roulent le plus grand nombre des opéra bouffons.

M. Gnecco, l’auteur de cette musique, n’est point connu à Paris ; son nom n’a donc point influé sur le succès de la piece ; elle l’a dû tout entier à son propre mérite. Ce qui distingue particulièrement la musique de cet opéra, c’est la grâce et la légèreté, avantages qui sont toujours sûrs de réussir à Paris ; on doit néanmoins des éloges à la prévoyance de M. Mosca, directeur de la musique, qui , craignant avec quelque raison peut-être, qu’un excès de légèreté dans la composition de M. Gnecco n’en compromit le succès, y a fait ajouter quelques morceaux solides, qui ont fait équilibre avec les autres.

L’ouverture a été très-applaudie ; on y a trouvé de la gaîté, de l’élégance et quelques traits de ressemblance avec celle de la Locandiera, qui a eu aussi beaucoup de succès. C’est une espèce de concertone entre plusieurs instrumens à vent, et comme les artistes chargés de l’exécution sont des hommes pleins de talent, il étoit impossible qu’elle ne fit beaucoup de plaisir. Ou auroit peut-être pu désirer seulement que le compositeur, plus fidèle au caractère de son ouvrage, eût mêlé le genre sérieux au genre comique, puisque la pièce est un mélange de l’un et de l’autre.

Nous passerons légèrement sur le premier duo, qui a été très-bien exécuté par Mad. Canavassi et M. Blanchi ; nous devons plus particulièrement notre intérêt à la cavatine. Del maestro Campanone, nomm glorieux et d’une invention très-heureuse. On y a vu briller d’un nouvel éclat le talent de M. Barilli, et comme chanteur et comme acteur. Le septuor du premier acte est peut-être le meilleur morceau de la pièce ; il est entremêlé agréablement de traits sérieux et bouffons, et soutenu d’un chœur qui produit beaucoup d’effet ; c’est un tableau très-amusant des démêlés des coulisses ; on y voit les acteurs se disputer les preséances, et interrompre par leurs querellés, les morceaux les plus pathétiques de l’opéra seria, il a été exécuté d’une ma nière très-remarquable, et vivement applaudi.

La polonaise la joia la calma, chantée par M. Blanchi, est de Della-Maria, ce jeune compositeur Français que les muses pleurent encore, et qui, à la fleur de l’âge, s’étoit acquis la réputation des plus célèbres artistes. L’auditoire l’a entendu avec beaucoup d’intérêt ; il a aussi pris plaisir à prodiguer les témoignages de satisfaction à M Bianchi. On reconduit dans ce tenore un vrai talent : il est également acteur et musicien. C’est une acquisition qui mérite des éloges à l'administration.

Le duo Rispondereste ? etc, exécuté par Mad. Canavassi et Barilh, a beaucoup fait rire les auditeurs ; la situation en est très-comique. C’est une dispute entre la prima Donna et le Maestro di capella. Les mouvemens en sont exprimés d'une manière heureuse ; l’air : La Signora prima Donna nous explique parfaitement pourquoi la plûpart des opéra d’Italie sont si mauvais ; il peint à merveille toutes les tribulations d’un pauvre compositeur, et l'on ne sauroit trop les engager à se souvenir des quatre derniers vers :

Ah ! poeti meschinelli !
Se ascoliate i lor caprici,
Comporrete de’ particei
Vi farete corbellar.

Comment, en effet, satisfaire au bon-sens et à toutes les demandes des acteurs ? Carmanini a rendu cet air d’une maniéré très-piquante : il a, par son talent propre, suppléé à la foiblesse du compositeur, qui nous a semble n’avoir rendu qu’imparfaitement ce morceau susceptible de beaucoup d’originalité.

Mad. Canavassi a enlevé tous les suffrages dans l’ai  : Tremo da capo a piè, etc. ; c’est un morceau de Trento, compositeur très-estimé en Italie. Il est impossible de chanter avec plus de goût, d’ame, de justesse, de méthode et d’élégance. Cette virtuose suffiroit seule pour soutenir la gloire de sa patrie. Le théâtre auquel elle s’est attachée ne sauroit lui témoigner trop de reconnoissance. L’accompagnement de violon-obhgé a été exécuté superieurment par M. Grasset, mérite d’autant plus remarquable, qu’il est rare qu’un directeur d’orchestre puisse jouer parfaitement le concerto.

Le finale commence par un morceau très-agréable dans le genre pastoral ; il est suivi d’une tempête où le tonnerre et le fracas des orages sont assez bien secondés par la musique. Si la tempête et le calme arrivent un peu brusquement, on en est dédommagé par les scènes plaisantes qui en sont la suite. Les parapluies percés du poète et du musicien, leur marche inquiète et embarrassée pour éviter de salir leur unique paire de bas de soie, la douleur de se voir mouillés et crottés, et plusieurs dé tails bouffons de ce genre, ont fort amusé les spectateurs.

Les premiers sujets des théâtres, s’il s’en est trouvé à la représentation, ont pu être scandalisés de voir une brouette destinée à transporter une prima Donna d’opera-seria. Ce n’est pas là le genre de voiture d'un comédien un peu célèbre ; mais la scène douzième nous apprend que c’étoit le Directeur du théâtre qui s’étoit chargé de tous les frais, et l’on sait que les Directeurs sont habituellement très-économes avec leurs sujets.

Barilli qui exprime si bien tout ce qu’il veut, s'est encore surpassé dans la manière dont il a rendu les effets de sa faim après l’orage. Cette situation contrastoit très-agréablement avec le débat sentimental de la prima Donna et du Tenore.

Le second acte n’est pas moins fertile que le premier en scènes comiques et en morceaux remarquables. Le duo : M'avrai constante ognora, -a été très-bien chanté par Mad. Cnavassi et M. Blanchi ; l’allegro surtout : Oh ! ciel, etc. a produit beaucoup d’effet. Le public a voulu entendre deux fois le trio : Le nostre lagrime, etc., exécuté par Mesd. Canavassi, Sallucci et M. Blanchi ; ce morceau est d’une très-belle composition ; il est soutenu d’un acccompagnement d’instrumens à vent qui a charmé les auditeurs. La scène où il se trouve est secondée d'un chœur qui en augmente beaucoup l’effet. On a admiré l’habile tactique de M. Carmanini chargé du rôle de poète, qui s’est mis à la tête des choristes, et leur a fait exécuter une marche et des évolutions très-savantes Ces gaîtés formoieut des oppositions très-piquantes avec le morceau pathétique qu’il étoit question d’exécuter.

M. Carmanini est un excellent bouffe qui sait varier sa physionomie et ses gestes avec un art parfait. On a ri beaucoup de la plaisanterie qu’il a faite, lorsqu’à la tête de sa trouppe il a salué le public en abaissant son manuscrit qu’il tenoit roulé dans sa main. Il est juste que chacun fasse honneur de ses armes.

On a aussi ri jusqu’aux larmes de l'effet d’un duo, où le maître de musique et le poëte, à genoux, et les mains au ciel, plaignent leur misère, et invoquent une pluie de louis. Ce morceau a particulièrement réussi par le jeu de Carmanini et Barilli. Le septuor n’a pas eu moins de succès ; c’est une scène plaisante, où chaque acteur reçoit une lettre et la chante ; mais ce qui a ravi tous les suffrages, c’est le grand air avec des chœurs : Oppressa agitata, dont la musique, qui est de Nazolini, est magnifique. Mad. Canavassi y a déployé de nouveau la plus étonnante supériorité, et parmi les applaudissemens dont elle a été couverte, on a remarque sur tout ceux de Mad. Catalani, qui paroissoit prendre le plus grand plaisir à l’entendre.

Enfin la représentation a été à peu près terminée par un duo sérieux de Pasiello dans lequel M, Barilli jouoit le rôle de .Soprano ; il est difficile de le remplir d’une manière plus plaisante ; c’est un nouveau mérite qu'on n’attendoit pas de la figure mâle de M. Barilli, et des cordes sonores qu’il fait si souvent vibrer avec tant de verve et de puissance. Cet excellent acteur sera toujours un des principaux soutiens de la troupe.

Il étoit impossible de trouver une pièce plus propre à remplacer les Cantatrices ; et nous ne pouvons mieux terminer cet article qu’avec les derniers vers du poème :

E’ ciascùn de’ spettatori
Alla rnusica agli attori
Cogli evviva e applaudira.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 11e année, 1806, tome V, p. 173 :

Opera Buffa.

La prova di un opera seria. (La répétition d'un grand opéra) attire dans ce moment la foule au théâtre Louvois. La musique de Gnecco est charmante et parfaitement exécutée par madame Canavassi, MM. Barilli et Carmanini. Nous ne parlerons point du plan de la pièce, on sait ce que sont les poëmes italiens

Mémorial dramatique, ou Almanach théâtral pour l’année 1807, p. 112 :

LA PROVA DI UN OPERA SERIA, opéra en 2 actes, de M Gnecco (4 Septembre.)

ll s’agit d’une répétition que l’on entreprend d’exécuter, en partie chez la prima donna, en partie au foyer du théâtre. Mille accidens contribuent à troubler cette répétition ; ces accidens offrent un fonds inépuisable de bouffonnerie. L’intrigue roule sur les amours de la signera Corilli, prima donna, avec le tenor Fcderico. La répétition suit le train des amours ; elle marche quand les amans sont d’accord, elle est arrêtée quand ils se brouillent, et cela arrive souvent.

Cet ouvrage a eu un grand succès, il est supérieurement exécuté ; Carmanini et Barilli font rire iusqu’aux larmes dans un duo qu’ils chantent à genoux. Mad. Canavassi a été couverte d’applaudissemens.

L’opéra de Gnacco a d’abord été joué en Italie, sous le titre de La prova di un'opera seria o La prova dell'opera gli Orazi e Curiazi (1803, Venise:1805, Milan).

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