La Ruse inutile, ou les Rivaux par convention

La Ruse inutile, ou les Rivaux par convention, opéra en deux acte, d'Hoffman, musique de Nicolo Isouard, 10 prairial an 13 [30 mai 1805].

Théâtre de l’Opéra Comique.

Titre :

Ruse inutile (la), ou les Rivaux par convention

Genre

opéra

Nombre d'actes :

2

Vers ou prose ,

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

10 prairial an 13 (30 mai 1805)

Théâtre :

Théâtre de l’Opéra Comique

Auteur(s) des paroles :

Hoffman

Compositeur(s) :

Nicolò Isouard

Courrier des spectacles, n° 3027 du 11 prairial an 13 [31 mai 1805], p. 2 :

[Compte rendu assez succinct de la pièce nouvelle : peu de choses sur le livret, si ce n’est une petite mise au point sur son originalité : pour le critique, il y a bien reprise d’une idée principale antérieure, mais elle est transformée par l’habileté de Hoffmann (c’est l’orthographe du jour pour son nom !) qui y a mis « du mouvement, de la gaîté et de l’intérêt » et a écrit un dialogue plein d’esprit. A ce bon livret, le musicien a ajouté une excellente musique, variée, dramatique, féconde en effets. Plusieurs airs sont mis en avant, avec des éloges appuyés. La fête a failli être gâchée par une tentative de désordre par des siffleurs, heureusement maladroits, qui ont sifflé au meilleur moment de la pièce, et donc le pire pour leur intervention « précisément au moment où les suffrages étoient aussi universels que mérités ». Il est inutile de préciser que les auteur sont été nommés : leurs noms figurent en bonne place dans le compte rendu.

La Feinte inutile est une comédie en cinq actes et en vers de Jean-Antoine Romagnesi, jouée pour la première fois le 22 août 1735 par les Comédiens Italiens.]

Théâtre de l’Opéra-Comique.

La Ruse inutile. (Première représentation.)

M. Hoffmann a mis trop de modestie dans la lettre qu’il a publiée sur ce petit ouvrage. Quoique l’idée principale de sa pièce soit réellement empruntée de la Feinte inutile, jouée autrefois au Théâtre Italien, on s’apperçoit néanmoins que ce sujet sort tout récemment des mains d’un homme d'esprit, et qu’il y a pris une nouvelle création. Il y a du mouvement, de la gaîté et de l’intérêt dans- l’intrigue ; le dialogue est animé par plusieurs de ces mots heureux qui décèlent le faire ingénieux de M. Hoffmann.

S’il a fait beaucoup pour le musicien, le musicien aussi a fait beaucoup pour son poème. Il est rare de trouver une musique plus variée, plus dramatique, plus féconde en effets. Le premier quatuor, l’air de Martin, le premier duo sont d’une composition vive et originale ; mais le duo entre Mad. St.-Aubin et Juliette est sur-tout le morceau d’élite ; on l’a applaudi avec enthousiasme, et, ce qui arrive rarement à ce théâtre, on,a voulu l’entendre une seconde fois. C’est l’expression la plus vraie, la plus juste et la mieux sentie d’un bonhomme qui d’abord ne veut pas se laisser séduire, et d’une soubrette rusée qui employe des larmes feintes pour corrompre le bonhomme. Ce morceau est composé à la manière de Grétry, et justifie l’excellente opinion que M. Nicolo a donnée de son talent ; quelques réfractaires , en très-petit nombre, ont cherché à troubler le succès de cette représentation ; mais quand on veut être méchant, il faut l’être avec adresse; et les réfractaires ont eu la gaucherie de faire entendre le coup de sifflet précisément au moment où les suffrages étoient aussi universels que mérités.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome X, messidor an XIII [juin 1805], p. 286-288 :

[L’opéra d’Hoffmann et Nicolò Isouard a failli être victime d’une cabale, mais le siffleur du début n’a pas été suivi. Les applaudissements ont été les plus forts. L’intrigue que le critique résume est un vieux canevas dont le parolier a su remplir les vides, avec des personnages secondaires, dont les mots spirituels atteignent même parfois le « véritable comique ». La musique est charmante. Si le critique aime moyennement l’ouverture et un air chanté par Martin, « tout le reste est délicieux ». Les interprètes sont remarquables, mais Mme. Moreau « devrait pourtant apprendre à prononcer les paroles qu'elle chante. » Les auteurs ont été nommés.]

THÉATRE DE L'OPÉRA-COMIQUE.

La Ruse Inutile, opéra bouffon en 2actes .

Il était difficile de rajeunir avec plus d'adresse un sujet plus vieux et plus commun.

Un sifflet qui s'est fait entendre brutalement dès la première scène, a prouvé qu'il y avait dans le parterre au moins une personne peu disposée à l'indulgence ; mais ce petit germe de cabale n'a pu trouver jour à se développer. Le siffleur mal-adroit a lui-même paru honteux de son misérable métier, et le chorus d'applaudissemens a fini par devenir général. Succès complet et mérité.

La scène est à Plombières. Un vieux militaire nommé Montbrun y prend les eaux. Sa fille dont il destine in petto la main à Dorval, qu'elle croit n'avoir jamais vu, est devenue amoureuse de Florville, qu'elle voit souvent et en cachette. Or, ce Florville n'est autre que Dorval. Ne sachant point les bonnes dispositions de Montbrun à son égard, il a cru devoir prendre un nom supposé pour s'introduire dans la maison ; il touche même au moment d'effectuer un enlèvement, lorsqu'un rival, instruit de son projet et croyant le perdre dans l'esprit du père, vient découvrir toute la ruse. « Quoi ! c'est Dorval, s'écrie Montbrun, oui c'est lui, dit l'accusateur ; eh ! tant mieux, reprend le bon papa : Touchez-là, Dorval, vous aurez ma fille ; que ne vous nommiez-vous plutôt, etc.

On voit par ce court exposé, que si le sujet n'est pas excellent, il répond du moins parfaitement au titre de la pièce ; c'est bien une ruse inutile. Disons de plus, qu'au moyen de deux personnages accessoires (un jardinier, un merveilleux), l'auteur a fort adroitement et fort gaiement rempli les vides de son vieux canevas. Il y a beaucoup de mots spirituels dans son dialogue ; on y trouve même quelques traits du véritable comique..... : que faut-il de plus dans un opéra boufon, dont la musique est d'ailleurs charmante ?

L'ouverture, quoique fort applaudie, n'est pas, selon nous, le meilleur morceau de l'ouvrage. Elle se compose de petits traits sans suite, et peut-être même sans intentions, qui ne disent absolument rien à l'esprit. Le second air de Martin nous a également paru pauvre d'idées, mais tout le reste est délicieux. Le duo de la soubrette et du jardinier est sur-tout un petit chef-d'œuvre, ainsi que la romance de Valcour, dont le seul défaut est de ressembler plus au chant naïf des montagnards, qu'à celui d'un petit–maître de Paris.

Peu d'opéra sont aussi bien joués et aussi bien chantés que celui-ci. Mme. St.-Aubin, Martin et Juliet y excellent chacun dans leur genre ; et il n'est pas jusqu'à Solié, Jausserand et Mme. Moreau, qui, malgré la presque nullité de leurs rôles, n'aient trouvé le moyen de s'y faire applaudir. Mme. Moreau devrait pourtant apprendre à prononcer les paroles qu'elle chante ; car on n'en attrape pas une syllabe, et cela nuit nécessairement à l'intelligence de la scène.

Les auteurs ont été demandés et nommés. Les paroles sont de M. Hoffman, et la musique de M. Nicolo.

Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris : répertoire 1762-1972, p. 398 : la pièce a été jouée jusqu’en 1814.

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