Les Réclamations contre l’emprunt forcé

Les Réclamations contre l’emprunt forcé, comédie épisodique en un acte, de Dorvigny, 18 nivôse an 4 [8 janvier 1796].

Théâtre d'Émulation.

La date donnée est celle de la brochure parue chez Barba.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, an IV :

Les Réclamations contre l’emprunt forcé, comédie épisodique en un acte. Représentée pour la première fois, à Paris, au Théâtre d'Émulation, le 18 Nivôse, l'an 4 de la République. Par le Citoyen Dorvigny.

E Jauffret, Le Théâtre révolutionnaire (1788-1799) (Paris, 1869), p. 374-376 :

[Jauffret n’est pas un chaud partisan de la Révolution, ni des emprunts forcés, et la pièce de Dorvigny dont il nous résume l’intrigue n’a pas l’heur de lui plaire.]

A défaut donc d'une mesure radicale, le Directoire recourut à un expédient qui avait déjà été employé, celui d'un emprunt forcé de six cents millions sur les classes riches, ou passant pour l'être. C'était une spoliation d'autant plus odieuse qu'elle était entourée de mesures arbitraires. Il trouva cependant un écrivain pour la justifier. C'est la première pièce politique de cette époque qui appelle notre attention. Elle est intitulée : Les Réclamations contre l'emprunt forcé, comédie épisodique en un acte par le citoyen Dorvigny, qui passait pour un des nombreux enfants naturels de Louis XV, auquel il ressemblait étrangement et par la figure et par les goûts crapuleux. Elle fut représentée le 8 janvier 1796 (18 nivôse an IV) sur le théâtre d'Émulation, devenu théâtre de la Gaieté. L'auteur joua lui-même le rôle de Dorval.

Dupont avait promis sa fille à Dorval; mais il reprend sa parole, par la raison que celui-ci, s'étant chargé du bureau pour l'emprunt, se fera des ennemis, l'emprunt étant impopulaire: Dorval, au contraire, a la prétention de convertir les plus récalcitrants. Ils conviennent donc qu'il aura la fille, si les premières personnes qui se présenteront à son bureau n'en sortent pas mécontentes.

Mondor est le premier : c'est un vieux richard et célibataire par-dessus le marché. Il se plaint qu'on l'ait taxé bien au-dessus de ses moyens. Mais, tout en parlant, il laisse tomber de sa tabatière d'or le menu d'un dîner pour lequel il a dépensé vingt mille livres en assignats. Dorval ne manque pas de lui faire son petit sermon. C'est d'abord le plaisir de secourir ses frères et de venir en aide à la patrie ; et puis cette patrie, qui le protége et le défend, n'a-t-elle pas le droit de lui demander le superflu de sa fortune ? Le sermon produit son effet. Mondor est ému; il s'exécute et sort content.

Une vieille veuve arrive ensuite. Elle dépense follement son bien à entretenir des perroquets et des serins. Dorval essaye de son spécifique et obtient le même succès, et ainsi de tous ceux qui se présentent.

Dupont a tout entendu. Il est dans le ravissement, il se taxe lui-même au-dessus du taux et donne sa fille à Dorval.

La pièce n'obtint pas le même succès auprès des spectateurs qui la couvrirent d'épouvantables sifflets, ce qui acheva d'indisposer les gouvernants. Au lieu de s'en prendre à lui-même ou à l'auteur, le Directoire s'en prit à l'opinion publique, qu'il affecta de blesser par une mesure aussi brutale que ridicule. Il ordonna, le même jour et par un même arrêté, la fermeture d'un club d'anarchistes, d'une taverne, d'une maison de jeu, d'un cabaret, de l'église Saint-André et du théâtre de la rue Feydeau.

« Si j'avais l'honneur de présider aux destinées d'un peuple, je me tiendrais toujours en garde contre mes amis, dont le zèle manque le plus souvent de prudence. Les ennemis ont cela de bon qu'ils ne vous marchandent pas les vérités. Ils vous blessent, mais du moins ils vous servent, quoique ce soit sans le vouloir, » La pièce de Dorvigny était donc d'un ami imprudent.

D’après la base César, la pièce, d’auteur inconnu (la brochure donne comme auteur Dorvigny), a été jouée 12 fois sur le Théâtre d'Émulation (salle Louvois) du 9 au 24 janvier 1796, avant d’être reprise deux fois les 24 et 25 février, d’abord aux Variétés Amusantes, Comiques et Lyriques et au Théâtre Feydeau.

Il est bien tentant de dire que la pièce de la base César appelle l’Emprunt forcé est en fait cette pièce des Réclamations contre l’emprunt forcé. Elle aurait été joué 57 fois sur divers petits théâtres, Théâtre d'Émulation, Théâtre des Variétés-Amusantes, Théâtre des Jeunes Artistes, etc. au cours de l'année 1796.

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