Les Rendez-vous bourgeois

Les Rendez-vous bourgeois, opéra-comique en un acte, d'Hoffman, musique de M. Nicolo Isouard, 9 mai 1807.

Théâtre de l'Opéra-Comique.

Titre :

Rendez-vous bourgeois (les)

Genre

opéra-comique

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ,

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

9 mai 1807

Théâtre :

Théâtre de l’Opéra-Comique

Auteur(s) des paroles :

Hoffman

Compositeur(s) :

Nicolò Isouard

Almanach des Muses 1808.

Léger imbroglio extrêmement comique ; mais d'un genre qui contraste quelquefois avec la gravité moderne de l'opéra-comique. Beaucoup d'esprit et de gaîté ; musique charmante. Du succès.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Vente, 1807 :

Les Rendez-vous bourgeois, opéra-bouffon en un acte, et en prose, mêlé d'ariettes ; Paroles de M. Hoffman, Musique de M. Nicolo, de Malte. Représenté, pour la première fois, sur le Théâtre de l'Opéra-Comique, par les Comédiens ordinaires de l'Empereur, le 9 mai 1807.

 

Courrier des spectacles, n° 3741 du 10 mai 1807, p. 2 :

Théâtre de l’Opéra-Comique

L'opéra des Rendez-vous bourgeois, représenté hier pour la première fois, est une bouffonnerie échappée du porte-feuille d’un de nos plus aimables auteurs d’opéra-comiques. Soutenue par une gaîté folle, par des mots heureux, par une musique agréable et sur-tout par le jeu de Mad. St. Aubin, cette pièce est arrivée jusqu'à la fin, non sans avoir essuyé quelques improbations provoquées par des situations forcées et par des expressions triviales qui semblent s’accorder mal avec le ton ordinaire des ouvrages de ce théâtre. Les auteurs ont cependant été demandés et nommés ; ce sont M. Hoffmann pour les paroles et M. Nicolo pour la musique. Nous reviendrons demain sur cette pièce.

Courrier des spectacles, n° 3742 du 1i mai 1807, p. 2-3 :

[Après une discussion sur la classe sociale à laquelle sont censés appartenir les héros de la pièce, traités comme des caricatures plus que comme des enfants de la bonne bourgeoisie commerçante, avec « une physionomie grotesque et un langage tout-à-fait populaire », le critique reconnaît qu’ils sont «  placés dans des situations assez plaisantes ». mais le dénouement est manqué, et les emprunts de l’auteur du livret, parfois faits à ses propres pièces, pourraient être plus discrets. La pièce n’est pas très morale, des jeunes filles profitant de l’absence de leur père et oncle pour accueillir leurs amants, qu’elles connaissent à peine. Il enchaîne avec une analyse d’une extrême précision de l’intrigue, dont il n’épargne au lecteur aucun détail. Un père et oncle qui laisse seules sa fille et sa nièce sous la garde d’une servante, des jeunes gens qui en profitent pour venir les courtiser et s’introduisent dans la maison, qu’on cache dans des cabinets, puis, pour le galant de la servante, sous la table couverte d’un tapis (ce n’est pas si nouveau...), il y a là matière à bien des rebondissements, surtout que le maître de maison revient terrorisé d’avoir cru voir des bandits dans la forêts (et qui retrouve sa maison pleine d’inconnus). La solution ? Deux des galants sont les jeunes gens qu’il voulait leur donner comme époux, il n’y a plus qu’à les marier, et à marier la servante avec son galant. « des détails extrêmement agréables », gaîté, esprit, voilà ce qui rachète un sujet très commun. La musique est aussi très agréable, « d’une composition légère, aimable et savante. Plusieurs morceaux méritent d’être signalés. Les interprètes sont généralement remarquables (mais un des deux jeunes gens est joué de façon excessivement caricaturale), avec mention spéciale à l’interprète de la servante. Les tentatives d'opposition ont été réduits à rien par son interprétation du couplet final.]

Théâtre de l’Opéra-Comique

Les Rendez-vous bourgeois.

Les héros de cette pièce sont d’une extraction assez considérée dans la bourgeoisie ; l’un est fils d’un orfèvre, l’autre d’un traiteur ; mais ils ressemblent par leur ton et par leur mise à ces jeunes gens moitié parisiens, moitié provinciaux, qui, élevés dans une boutique, ou plutôt une échope reléguée à l’extrémité des faubourgs de la capitale, n’en adoptent les modes et les usages qu’après qu’ils sont tombés en désuétude. Les fils d’orfèvre, les fils de traiteur ne se reconnoîtront pas dans les deux caricatures mises en scène dans ce nouvel opéra ; leurs manières ont un peu plus d’assurance et d’aménité ; leur ton est moins sot ou moins trivial, et leur costume un peu plus conforme aux grands principes proclamés tous les cinq jours dans le Journal des Modes. L’auteur des Rendez vous bourgeois a donné a ses personnages une physionomie grotesque et un langage tout-à-fait populaire ; il les a, mais il a manqué le dénouement ; quelques scènes rappellent trop aussi ce que l’on a vu dans le Secret et dans les Etourdis. En puisant dans ces pièces, dont une lui appartient, M. Hoffmann pouvoit plus adroitement déguiser ses larcins.

Sa pièce d’ailleurs n’a pas un but très-moral ; il n’est pas d’une grande sévérité, lorsqu’il nous peint deux jeunes filles bien simples, bien innocentes, applaudissant au départ de leur père et de leur oncle, afin d’avoir la facilité d’introduire près d’elles, et la nuit, deux jeunes garçons qu’elles connoissent à peine.

Un M. Dugravier, jadis marchand de bois, maintenant honnête homme retiré, habite une maison isolée près de la forêt de Bondi. Sa société se compose de sa fille nommée Reine, de Louise sa nièce, de Blaise son domestique, et d’une servante. Celle-ci a pour amoureux Jasmin, valet d'un riche propriétaire des environs, qui, pour voir sa maîtresse, escalade chaque jour la croisée du salon. Il arrive comme à l’ordinaire, et obtient un rendez-vous pour le soir, le tout en tout bien tout honneur. Un incident inattendu favorise leur projet. M. Dugravier veut partir pour Paris, afin de conférer avec M. Josse l’orfèvre et M. Rose le restaurateur, dont les fils doivent épouser sa fille et sa nièce Son domestique lui représente vainement que les chemins ne sont pas sûrs, que la forêt de Bondi peut lui être funeste, sur-tout vers le soir, M. Dugravier part, et emmène son poltron de valet, non sans éprouver lui-même quelque pressentiment fâcheux. Reine et Louise sont très-contentes de ce départ ; elles aiment, mais elles se sont caché réciproquement leur inclination et leurs projets; Elles ont vu roder près de la maison leurs bons amis, et elles désirent de les entretenir ; mais comment faire ? Louise, timide et sans malice, met la servante dans sa confidence. Reine, demoiselle fière comme son nom, veut bien lui découvrir aussi l’arrivée de son amant. Il s’agit de les admettre et de leur donner à souper. Louise va chercher son Charles, et l’amène incognito dans le salon. Charles est un jeune homme bien gauche, bien réservé, bien peureux. Elle le fait cacher dans un cabinet. Bientôt Reine paroît à son tour, conduisant par la main le beau César, la fleur des garçons de son quartier. C’est un brun, taillé en Hercule, et armé d’un bâton en guise de massue. Elle l’engage à attendre l’heure du souper dans un cabinet, il va à celui qui est occupé par Charles ; mais le trouvant fermé, il entre dans un autre cabinet, du côté opposé. Jasmin qui est exact au rendez-vous, arrive aussi par la croisée ; et trouvant les deux cabinets fermés, il n’a d’autre endroit pour se cacher qu’une table couverte d’un large tapis. Bientôt Charles fatigué d'attendre, sort de son cabinet ; César en fait autant. Charles à sa vue, s’imagine être tombé entre les mains d’un voleur. César, qui le connoît pour l’avoir vu roder aux environs, veut le forcer de parler, le pauvre Charles cherche à rentrer dans sa cachette, César lui ferme le passage, son adversaire tout tremblant se sauve dans l’autre cabinet, et César entre dans celui de Charles. Louise vient pour ouvrir à ce dernier. César se présente, son aspect la fait fuir. Dans le moment M. Dugravier rentre tout essouflé. Il n’a pu continuer sa route. La vue de trois voyageurs qui traversoient la forêt, lui a fait tourner bride, et tout en gourmandant son valet, et le traitant de poltron, il tremble encore lui-même. Il a fait retirer sa nièce. Son domestique est près de lui avec une chandelle. Bientôt celui ci apperçoit alternativement les deux portes du cabinet qui s'ouvrent, il communique sa frayeur à M. Dugraviers, qui finit par tomber la face contre terre, en entendant la voix de Jasmin caché sous la table. La croisée de l'appartement s’ouvre, nos trois amoureux se sauvent, puis reviennent rassurer M. Dugravier en lui annonçant qu’ils veulent le défendre contre les voleurs, et en se déclarant fils de MM. Josse et Rose. Leur mariage est arrêté, et Jasmin obtient la main de sa maîtresse.

D’autres théâtres que celui de l’Opéra-Comique devoient s’attendre à jouer cette piece qui offre d’ailleurs des détails extrêmement agréables, et dont la gaîté et l’esprit rachètent tout ce que le sujet peut avoir de commun. La musique est d’une composition légère, aimable et savante. L’ouverture a été très-applaudie. On a reconnu la manière de M. Nicolo. Le duo entre Louise et Charles est sur-tout remarquable par son originalité ; il a réuni tous les suffrages. Lesage et Juliet ont joué dans cette pièce d’une manière três-comique ; Paul et Huet ont bien saisi les caricatures de Charles et de César, quoiqu’elles aient paru un peu outrées, celle de César sur-tout, qui est du genre le plus bas. Mesd. Moreau et Pelet se sont aussi acquittées de leurs rôles avec beaucoup d’intelligence ; mais peut-êl*tre l’auteur doit il la plus grande partie de son succès à l’actrice inimitable qui a choisi dans son ouvrage le rôle de la servante. Mad. St. Aubin le fait valoir par son talent toujours aimable, toujours parfait. Quelques oppositions qui s’etoient élevées au dénouement n’ont pas osé se faire entrendre, lorsqu’elle est venue chanter au public ce couplet, qui a été couvert d’applaudissemens :

Messieurs, pour ce badinage
Ne montrez pas de rigueur ;
Et du triple mariage
Ne troubles pas la douceur.
A cette petite fête
Quand je vous invite tous,
Il ne seroit pas honnête
De manquer au rendez-vous.

La Revue philosophique, littéraire et politique, n° 16 du 1er juin 1807, p. 438-439 :

[Le compte rendu accorde une large place à l’analyse d’une intrigue, qui en souligne la complexité et l’arbitraire (que je lis dans l’« apparemment » de la fin du premier paragraphe). Puis un paragraphe est consacré, d’abord au livret, puis à la musique. Pour le livret, quelques mots sévères, « trivialité », « caricatures invraisemblables et burlesques », « accumulation des moyens trop usés et des réminiscences ». L’auteur est un homme d’expérience, mais il est accusé d’avoir écrit bien vite. La musique est un peu victime de la mauvaise répartition des morceaux de musique. Elle est alternativement insignifiante et « fort agréable ». Mais tout cela n’a pas empêché le succès.]

Théâtre de l'Opéra-Comique, rue Faydeau.

Les Rendez-vous Bourgeois, en un acte.

M. Desgraviers. ancien marchand de bois, maintenant honnête homme retiré, loge dans une petite maison isolée, tout auprès de la forêt de Bondi. Il a deux filles, l'une fort ingénue et l'autre assez passablement prude ; mais l'amour qui sait plier tous les caractères à ses lois, a fait ses ravages ordinaires dans la maison de M. Desgraviers. Sa fille aînée, toute prude qu'elle est, aime un jeune faraud d'assez mauvais ton, et lui a donné rendez-vous. L'ingénue s'est laissée séduire par un jeune cadet, sage comme une fille, mais niais et poltron de sa nature, et lui a donné rendez-vous. La soubrette, suivant l'usage, dédaigne les importunités amoureuses d'une espèce d'imbécille attaché au service de .M. Desgraviers, et lui préfère le jeune valet d'un seigneur voisin, auquel elle a aussi donné rendez-vous. On voudrait bien se confier réciproquement tous ces rendez-vous que l'absence de M. Desgraviers doit favoriser le soir même : mais on n'ose pas, en sorte que les trois amoureux sont obligés de se cacher successivement et de se craindre les uns et les autres. De son côté, M. Desgraviers et son valet rentrent tout à coup sans être attendus, parce qu'ils ont vu des hommes de mauvaise mine rôder dans la forêt. Déjà disposés à la frayeur, on conçoit qu'elle s'accroît encore par les mouvemens des trois hommes cachés qui, cherchant à s'échapper par une fenêtre, sautent tour à tour par une fenêtre. Enfin pour dénouer cette complication d'incidens bourgeois, les amoureux, qui se sont expliqués sans doute au – dehors, se représentent tout à coup comme protecteurs et vengeurs de M. Desgraviers, qui reconnaît en eux les deux époux qu'il avait déjà destinés à ses filles, apparemment sans le leur dire.

Il y a dans cette farce bouffonne quelques aperçus plaisans, entre autres la scène où les deux filles voudraient et n'osent se faire leur confidence mutuelle : mais le comique dégénère bientôt en trivialité par les caricatures invraisemblables et burlesques des deux amoureux, et par l'accumulation des moyens trop usés et des réminiscences. On y retrouve parfois néanmoins la facture d'un homme exercé aux situations théâtrales, mais qui ne s'est pas donné la peine de méditer beaucoup son sujet, et qui s'est contenté de l'écrire précipitamment.

La musique pourrait être plus piquante ; mais ce n'est pas toujours la faute du musicien. L'auteur des paroles n'a pas placé ses morceaux comme ils doivent l'être pour l'intérêt de l'ouvrage : il a souvent mis en dialogue ce qui pouvait prêter mieux à la musique, et n'a laissé à faire au compositeur que des petits airs insignifians : mais on en trouve quelques-uns de fort agréables. Quoi qu'il en soit, l'ouvrage, à raison de sa gaîté bouffonne, a obtenu quelque succès que M. Hoffmann partage avec M. Nicolo.

L'Esprit des journaux français et étrangers, année 1807, tome IX (septembre 1807) p. 296-297 :

[Un compte rendu très sévère, qui constate le déclin de l'opéra-comique, à propos d'une œuvre qui cumule toutes les insuffisances, tant pour le livret que pour la musique. Les auteurs n’ont plus autant de talent. « Plus de plan, plus d'idées, plus d'esprit » dans les livrets, et rejet d’une musique faite de réminiscences, « sans couleur et sans intention ». Désormais, « on veut du chant en harmonie avec les paroles, de la musique d'accord avec l'action ». Les quelques lignes consacrées à la pièce semblent d’abord positives (mais ce début est peut-être bien ironique) : « La jolie petite production ! Que de peines elle a dû coûter à l'auteur, et dans quelle bonne société il a dû aller chercher ses personnages ! », mais c’est pour mieux la condamner : « Quelques scènes pillées de tous côtés, des entrées, des sorties, pas d'intérêt, aucun but moral, voilà la pièce. » Le public n'a apparemment pas suivi le conseil final de ne pas voir la pièce!]

Les Rendez-vous bourgeois.

Les faiseurs d'opéra ne sont pas heureux cette année. Ce n'est pas que le public soit devenu plus difficile, mais le talent des auteurs est en baisse. Plus de plan, plus d'idées, plus d'esprit, depuis qu'ils n'ont plus la ressource du trait, de la pointe et du calembourg, maintenant usés et devenus fatigans Ce triumvirat qui a eu tant de succès et de vogue paraît avoir épuisé son arsenal. Il faut revenir à la manière des Sédaine, d'Hèle et Marmontel, et nos auteurs sont déroutés.

Les compositeurs ne sont guères plus heureux, on commence à se lasser de leurs réminiscences, de leurs compositions, sans couleur et sans intention ; on veut du chant en harmonie avec les paroles, de la musique d'accord avec l'action, et voilà les compositeurs dans le même cas que les auteurs, également déroutés. On ne se contente plus maintenant d'un morceau passable, on ne dit pas, comme il y a deux ans, de tel opéra, la romance est charmante : de tel autre, ah ! il y a un joli duo : d'un troisième, cependant le rondeau est brillant : cela ne suffit plus. Le moyen d'après cela que des compositeurs accoutumés à plaire avec si peu de frais, se donnent la peine et le temps de trouver des motifs et des idées fraîches et neuves pour chaque morceau. En vérité, on devient trop exigent, et cette exigence n'est pas en rapport avec les talens de nos petits Orphées. Ces réflexions ms mènent sans m'en appercevoir aux Rendez-vous bourgeois. La jolie petite production ! Que de peines elle a dû coûter à l'auteur, et dans quelle bonne société il a dû aller chercher ses personnages ! Deux petites filles bien coquines, deux amans d'un nouveau genre, l'un poltron et l'autre pris au quai de la Féraille, un valet et une soubrette inutiles, un oncle sot et poltron, et un niais, parce qu'il en faut par-tout, voilà les personnages. Quelques scènes pillées de tous côtés, des entrées, des sorties, pas d'intérêt, aucun but moral, voilà la pièce. Je me garderai bien d'en donner l'analyse de peur d'ennuyer mes lecteurs.Je me contenterai de leur assurer que la musique est à l'avenant, et les inviterai à ne pas aller à ces rendez-vous où le bon goût et le plaisir n'existent pas.

Œuvres de F.-B. Hoffman, Paris, Lefebvre, 1829, tome II, p. 377 :

Si le mérite d'un ouvrage se basait sur le nombre de ses représentations, l'opéra des Rendez-vous bourgeois serait le chef-d'œuvre de son auteur. Cette bouffonnerie, à laquelle M. Hoffman n'attachait aucune importance littéraire, fut le résultat d'une espèce de défi. Quelques acteurs refusaient de croire que l'écrivain à qui l'on devait Euphrosine, Stratonice, Médée, et autres drames, pût jamais descendre avec succès jusqu'à la farce. Excité par ce doute, M. Hoffman conçut ses Rendez-vous. Lors de la lecture qu'il en fit au comité, un rire inextinguible s'empara des juges; mais, au lieu d être désarmés, quelques-uns décidèrent que la pièce n'était pas d'assez bon ton pour leur théâtre. Heureusement cet avis ne fut pas celui de la majorité. L'ouvrage étant reçu, Nicolo s'empressa de le mettre en musique ; mais, lorsqu'il fallût distribuer les rôles, une clameur de haro s'éleva de la part des notabilités sociétaires de l'époque qui composaient la troupe dorée et la troupe de fer blanc : la première comptait pour maîtres Elleviou et Martin; la seconde était commandée par Gavaudan. Mme Saint-Aubin fut la seule qui ne refusa pas de prêter aux Rendez-vous bourgeois l'appui de sa haute renommée ; Juliet et Lesage se joignirent à elle. Huet et Paul, qui n'étaient encore que pensionnaires, se chargèrent, l'un du rôle de César, l'autre de celui de Joujou (Charles) ; chacun d'eux mit dans son personnage une originalité remarquable. La pièce réussit ; mais, pendant plusieurs représentations consécutives, des sifflets protestèrent contre le genre de l'ouvrage ; enfin, le comique des situations, le naturel du dialogue et la gracieuse mélodie de la musique triomphèrent de tous les scrupules, et procurèrent à cette spirituelle débauche d'un homme supérieur une vogue qui ne s'est pas démentie depuis plus de vingt ans.

Sur le site de l'association « l'Art lyrique français »,

(http://www.artlyriquefr.fr/dicos/operas%20-%20R.html#RELIGIEUSE)

on trouve un abondant article sur cet opéra-comique qui a connu un immense succès tout au long du XIXe siècle et au-delà : il aurait été joué 760 fois à la salle Favart et à l'Opéra-Comique de 1830 à la fin de 1950.

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