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Les Rivales

Les Rivales, comédie en un acte et en vers, de Lantier, 3e jour complémentaire an 8 [20 septembre 1800].

Théâtre français, d'abord rue Feydeau et maintenant rue de Louvois

Almanach des Muses 1802

Une Anglaise, fière et spirituelle, apprend que son amant s'est laissé séduire par deux coquettes : elle se déguise en homme, s'introduit chez ses deux rivales, et parvient, en leur faisant sa cour, à faire donner congé à ce lord infidèle, qui reconnaît alors son erreur et obtient son pardon.

Peu de vraisemblance, peu d'intérêt ; mais un style agréable, et de jolis détails.

Courrier des spectacles, n° 1296 du 4e jour complémentaire an VIII [21 septembre 1800], p. 2 :

[Retour au théâtre d’un auteur absent depuis longtemps, dont les œuvres connues datent de 20 ans et plus, l’Impatient, comédie en un acte et en vers libres, 1778, le Flatteur, comédie en 5 actes et en vers libres, 1782. On ne s’attendait pas à l’entendre nommer. Sa nouvelle pièce raconte les démêlés amoureux d’Anglais (et d’Anglaises) venus régler leurs affaires de cœur en France. Le critique ne craint pas de souligner combien l’intrigue est difficile à suivre. Le début est jugé positivement (gaîté, écriture, comique), mais la suite paraît accumuler les mouvements de personnages non motivés, un usage excessif du vieux procédé des valets et des suivantes, toujours capables de tout dénouer, de même que des invraisemblances. Et il aurait été bon que les rôles aient été mieux sus.]

Théâtre Feydeau.

Depuis que le citoyen Lantier a donné au théâtre deux pièces qui y sont restées, l'Impatient et le Flatteur, on regrettoit de ne plus voir sortir de sa plume aucune autre production dramatique. Hier, on fut agréablement surpris de l'entendre nommer comme auteur de la comédie nouvelle intitulée : les Rivales. En voici l'analyse :

Miladi Brutler, aimée en Angleterre par milord Shakerville, apprend que ce seigneur est passé en France, et qu'il est à Paris éperduement amoureux de deux femmes coquettes, Amélie et madame de Blainville. Elle quitte l'Angleterre, arrive à Paris, rencontre ses rivales dans un bal; sous le costume d'homme, qu'elle a emprunté, elle leur fait alternativement la cour. A la faveur de cette demi-connoissance et de quelques couplets qu'elle a payés, elle parvient, toujours déguisée, et sous le nom de capitaine Florville, à se faire admettre chez madame de Blainville, à qui elle inspire quelque sentiment favorable. Milord y arrive dans le même moment, parle de ses feux, et bientôt reçoit un billet que lui glisse dans la main le faux Capitaine, qui a soin de cacher sa figure, et qui s'esquive.

Shakerville voit avec étonnement que c'est un Cartel. Il demande ce qu'est ce jeune homme ; madame de Blainville est embarrassée. Milord ne respire que le combat : il va chercher son prétendu adversaire, qui n'est pas sorti de la maison, et qui se fait écrire par son propre valet une lettre, dans laquelle on lui annonce qu'il n'est pas le seul qui fasse la cour à madame de Blainville et à Emilie. Cette lettre lui est adroitement remise par le valet en présence de madame de Blainville. Le faux amant feint devant elle le désespoir, le délire même, et il le porte jusqu'à lui déclarer qu'il ne l'aimera que quelques jours. Par cet aveu il trompe la soubrette d'Emilie, qui voulant enlever à madame de Blainville le cœur du faux Capitaine, se charge après cela d'envoyer à milord son congé en bonne forme. Et en effet, le billet qui l'invite à suspendre ses visites est écrit et signé d'Emilie, et remis entre les mains de miladi. Elle s'est donc défait d'une rivale ; il lui en reste une encore, et c'est madame de Blainville, qui a le portrait de Milord. Comment le lui enlever ? Miladi suppose qu'elle a une sœur que Milord auroit voulu tromper. Le volage soi-disant est parti et a laissé dans le plus cruel abandon une jeune personne intéressante. Il lui seroit si doux d'avoir le portrait de son amant ! A ces considérations, le faux Florville joint des protestations d'amonr. Madame de Blainville, qui attribue toujours au délire la différence qu'il lui témoignoit n'aguères, le voit avec plaisir rendu à lui-même, et sans difficulté, lui remet le portrait.

Bientôt Milord vient chercher son ennemi jusques dans la maison de madame Blainville. Miladi ne tarde pas à s'y rendre. Milord qui ne la reconnoit pas lui propose le pistolet : Miladi se découvre, se nomme, et prenant un pistolet appelle au combat son amant infidèle. Il tombe à ses pieds, et est surpris dans cette posture par madame Blainville, qui apprend que le jeune capitaine Florville n'est autre que miladi Brutler.

Tel est le fonds un peu difficile à saisir de cette comédie qui a obtenu de nombreux applaudissemens et quelques coups de sifflet. Les premières scènes étoieut fort gaies, bien écrites, et remplies de traits comiques ; mais plusieurs entrées et sorties peu motivées, des allées et des venues de valet, de suivante ont paru de petits moyens de comédie ; et d'ailleurs il y a des invraisemblances parmi lesquelles nous ne citerons que celle-ci : Miladi qui n'est jamais entrée dans 1a maison, après avoir remis la lettre à Milord s'esquive dans un cabinet voisin ; comment peut-elle y entrer ? Peut-être aussi les rôles mieux sçus n'auroient-ils pas nui au succès de la pièce.

Avant cette comédie, on avoit donné la Femme jalouse, qui fut représentée avec ensemble. Le cit. J. B. Vanhove, frère de l'acteur du théâtre de la République, y débuta par le rôle de Daranville ; son débit est noble et facile, et il pourra remplir avec distinction les rôles que jouoit le cit. Degligny. Le cit. Valcour, qui débutoit lui aussi est plus foible dans son emploi : il obtint néanmoins quelques applaudissemens dans le rôle de Ferval.

F. J. B. P. G**'

La Femme jalouse est une comédie de Desforges créée sur le Théâtre Italien en 1785, qui a connu un grand succès tout au long de la fin du 18e siècle.

Dans la base César, la pièce est bien attribuée à Etienne François de Lantier, mais pas de date ni de lieu de représentation connue (la critique du Courrier des Spectacles montre pourtant qu'il y en a eu). Elle n'aurait été publiée que dans les Œuvres complètes de Lantier, en 1836.

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