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Les Ruses de Frontin

Les Ruses de Frontin, comédie en deux actes, en prose, de François Marchand, musique du signor Zacharelli [Stanislas Champein], 8 mars 1790.

Théâtre de Monsieur

En fait, le compositeur n'est pas l’imaginaire Zacharelli, mais le très français Stanislas Champein. Il s’agissait de tourner la loi qui voulait que la musique de ce genre de pièce soit, dans ce théâtre, un Italien.

Titre :

Ruses de Frontin (les)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

2

Vers / prose ?

prose, avec couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

8 mars 1790

Théâtre :

Théâtre de Monsieur

Auteur(s) des paroles :

François Marchand

Compositeur(s) :

Zacharelli (Stanislas Champlein)

Mercure de France, n° 13 du 27 mars 1790, p. 138-139 :

[Inutile de descendre en flammes une telle pièce, elle ne mérite pas tant de sévérité : c’est la technique choisie par l’auteur du Mercure de France pour ne pas se montrer trop cruel avec l’auteur des paroles de cette pièce. Sinon, il en apprécie la musique tout en laissant entendre que le nom de compositeur que fournit l’affiche, très italien, pourrait bien ne pas être le nom réel de celui qui, italien ou français, a composé cette musique.]

THÉATRE DE MONSIEUR.

On a donné, Lundi 8 de ce mois, la première représentation des Ruses de Frontin, Comédie en deux Actes, en prose.

Damis est l'Amant aimé d'Eugénie , que son père a promise à Florimond [sic]. Frontin, Valet de Damis, est un fourbe qui veut délivrer son Maître d'un rival préféré, & lui faire obtenir sa Maîtresse. Pour écarter d'abord, pour rendre haïssable Florimon, qui est absent, & qui n'est point connu du père, il arrive avant lui, & sous son nom il se permet tant de folies & de balourdises, que le père d'Eugénie se repent du choix qu'il a fait. Cependant Florimon arrive lui même ; & Crispin, surpris sans être déconcerté, change de rôle, se dit le père d'Eugénie, & retire sa parole, sous prétexte que sa fille s'est mariée secrétement.

Enfin le véritable Florimon se croyant offensé, envoie un cartel au père qui se trouve fort embarrassé. Damis, averti par Frontin, se trouve là fort à propos, & offre de se battre, à condition qu’on lui accordera Eugénie ; ce qui s'effectue, au combat près ; & c'est lorsqu'il n'est plus temps, que Florimon découvre les ruses de Frontin.

Cette Comédie est gaie ; elle a paru amuser ; & elle est trop peu importante pour appeler la sevérité de la critique.

La musique fait beaucoup d'honneur al Signor Zacharelli, c'est le nom qu'énonce l'affiche ; mais que le Compositeur soit Italien ou François, dans quelque lieu qu'il soit né, sa musique est, sinon du pays, au moins du genre de la bonne musique. Un bon style, des beautés d'orchestre & de chant, en ont décidé le succès.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1790, tome V (mai 1790), p. 332-333 :

[Les réflexions amères qui ouvrent le compte rendu de cette pièce constituent une sorte de contre-manifeste du bon théâtre : « pas de plan réel, que les scènes en sont décousues, les situations communes ou invraisemblables, les caractères indécis, le dialogue trivial, [...]pas même l'art de débrouiller mal une pénible intrigue ». Les Ruses de Frontin ne pouvaient que subir la dure loi de la chute, si elles n’étaient pas sauvées par une excellente musique, pourvue de toutes les qualités : « chants heureux, [...] morceaux d'ensemble d'un grand effet, […] accompagnemens délicieux […] ouverture qui a fait une […] vive sensation ». L’auteur du compte rendu n’est d’ailleurs pas dupe : elle n’est pas du signor Zacharelli de l’affiche. Faute d’être du pays de la bonne musique (l’Italie, bien sûr), elle est « du genre de la bonne musique ». Reste un « problème insoluble » : comment un musicien capable d’une telle musique a pu s’associer à un tel projet, qui n’a même pas été bien servi par les acteurs.]

Lorsqu'un ouvrage dramatique ne présente pas de plan réel, que les scènes en sont décousues, les situations communes ou invraisemblables, les caractères indécis, le dialogue trivial, & qu'on n'y entrevoit pas même l'art de débrouiller mal une pénible intrigue, il semble que son sort doit être de tomber à jamais dans l'oubli. Tel eût été sans doute celui de la piece nouvelle qu'on a donnée à ce théâtre, sous le titre des Ruses de Frontin, si elle n'avoit été soutenue par une musique charmante, pleine de chants heureux, de morceaux d'ensemble d'un grand effet, d'accompagnemens délicieux ; & précédée d'une ouverture qui a fait une si vive sensation, que la plupart des spectateurs auroient désiré qu'on la recommençât. Cette musique fait beaucoup d'honneur al signor Zacharelli ; c'est le nom qu'énonce l'affiche ; mais que le compositeur soit Italien ou François, dans quelque pays qu'il soit né, la musique est, sinon du pays, au moins du genre de la bonne musique.

C'est toujours pour nous un problême insoluble (disons-le en général) que de voir un musicien employer les richesses de son art sur un fonds absolument aride ; donner de la couleur & du mouvement à des objets qui n'en paroissoient nullement susceptibles ; enfin, adapter des chants mélodieux à des paroles dénuées de tout caractère lyrique, & qui, au-lieu de présenter à l'esprit des idées nouvelles, ou d'intéresser le cœur par des sentimens pris dans la nature, offrent des mots vuides de sens, qu'on croiroit étonnés de se trouver ensemble.

La piece qui nous arrache ces réflexions, applicables à d'autres, auroit d'ailleurs été assez bien jouée, si tous les acteurs avoient mis dans l'exécution de leurs rôles, autant d'intelligence & de talent, que Mde. Ponteuil, & Mrs. Gavaux & Fleury.

D’après la base César, le texte est de François Marchant, et la musique de Stanislas Champein. La première représentation a eu lieu le 8 mars 1790, au Théâtre de Monsieur, où elle a eu 14 représentations jusqu’au 13 août de la même année.. Elle a été reprise en 1795 au Théâtre du Marais où elle a eu 6 représentations du 17 juin au 4 juillet.

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