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Rencontre sur rencontre

Rencontre sur rencontre, opéra en un acte, livret d'Étienne, musique de Gresnick, 14 Thermidor an 7 [1er août 1799].

Théâtre Montansier Variétés

Almanach des Muses 1800

Courrier des spectacles, n° 892 du 15 thermidor an 7 [2 août 1799], p. 2 :

[Que l’auteur du livret ne se fasse pas d’illusions, son poème est faible, et c’est la musique qui le sauve. L’histoire est sur le modèle de bien des opéras comiques, une rivalité entre oncle et neveu dont l’amante du neveu est l’enjeu. Un valet fait les ruses habituelles des valets, et l’oncle fait comme tous les oncles, il finit par laisser la main de la jeune femme à son neveu : tout le monde obtient son pardon. La conclusion, c’est que le poème (puisque c’est le mot consacré) est faible, « un peu décousu », et pas très bien écrit. Mais la musique est délicate : compositeur et auteur sont nommés, mais l’auteur peut remercier le compositeur.]

Théâtre Montansier.

Heureux l’auteur dramatique qui peut faire passer un poëme foible, et offrant des situations déjà connues au théâtre, au moyen d’une bonne musique ! Dans ce cas, le gain est, il est vrai, commun, mais la gloire ne l’est pas : le musicien a presque tout l’honneur. C’est à-peu-près ce qui est arrivé hier au théâtre Montansier, où l’on a donné la première représentation de Rencontre sur rencontre, opéra nouveau, dont suit l’analyse.

M. Derval, négociant de Cadix, s’est rendu à Séville, afin d’y épouser la fille d’un de ses amis domicilié à Madrid. L’entrevue entre le père et Derval a lieu dans une hôtellerie ou descend dans le même instant le jeune Derval , neveu du négociant. Depuis long-temps il est éloigné de son oncle, dont maintes étourderies lui ont attiré la haine. Durant son séjour à Madrid, il a vu et aimé Julie qui le paye de retour. A peine entré dans l’hôtellerie, il apprend que son amante y demeure avec son père, et que l’autre négociant est de Cadix. Il charge aussi-tôt son valet Germain de savoir des nouvelles de son oncle. Germain va s’acquitter de sa commission, mais à peine paroit-il devant l’oncle, qu’il l’entend appeler sous le nom de Derval. Embarrassé, confus, Germain n’ose se nommer, ni avouer que son jeune maître est descendu dans l’hôtellerie.

Il déclare appartenir à un jeune ami de Derval, qui paroit bientôt lorsque son oncle est parti, et qui apprend la difficulté où il se trouve d’obtenir son pardon et le dessein de son oncle de lui ravir sa maîtresse. Cependant le vieux Derval a consulté Julie, il s’est consulté lui-même, et lorsque son neveu se présente à lui sans en être connu pour plaider la cause de Derval, son ami prétendu, il finit par se rendre à ses sollicitations ; et en lui faisant épouser son amante, il lui rend son estime et son amitié.

Germain a aussi part au pardon, tant pour ses fredaines passées que pour une toute récente, un vol de mille piastres qu’il enlève adroitement à celui qui les apportoit pour les remettre à l’oncle.

Le poëme est en général foible et un peu décousu ; il y a même des expressions hasardées, des tours de phrases vicieux ; mais comme nous l’avons dit , la musique en est délicate, et fait honneur au cit. Grestnik, que l’on est venu nommer, ainsi que le cit. Etienne pour les paroles.

La pièce, jouée le 1er août 1799, ne paraît pas avoir été imprimée, et son sujet est un mystère, pour Léon Thiessé dans son Essai biographique et littéraire sur M. Etienne (1853), p. VIII-IX, qui dit que c'est « probablement la dernière œuvre du compositeur Gresnik », mort le 16 novembre 1799 :

La réussite du Rêve avait rapproché l'auteur [Étienne] et le musicien. Ils composèrent un nouvel opéra, Rencontre sur Rencontre, qui fut représenté le 14 thermidor (1er août 1799) sur le théâtre Montansier-Variétés. Nous éprouvons le regret de ne pouvoir indiquer le sujet de cette pièce, qui ne paraît pas avoir été imprimée. les journaux et les almanachs du temps nous en ont seuls révélé l'existence et le succès.

Rencontre sur Rencontre fut probablement la dernière œuvre du compositeur Gresnik. Il mourut presque aussitôt (16 novembre 1799) à l'âge de 47 ans.

La base César indique que l'auteur de la pièce est inconnu (alors que l'attribution à Étienne ne fait pas de doute), et le compositeur Gresnick (mort à 44 ans, et non à 47). Elle a été jouée 7 fois au Théâtre de Montansier, du 3 août au 10 octobre 1799.

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