Rienzi

Rienzi, tragédie en cinq actes, en vers, de Laignelot, 2 mars 1791.

Théâtre de la Nation.

Titre :

Rienzi

Genre

tragédie

Nombre d'actes :

5

Vers / prose

en vers

Musique :

non

Date de création :

2 mars 1791

Théâtre :

Théâtre de la Nation

Auteur(s) des paroles :

Laignelot

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez les Marchands de Nouveautés (sans date : 1790) :

Rienzi, tragédie en cinq actes et en vers, par Joseph-François Laignelot, Représentée à Paris, par les Comédiens Français du Faubourg St.-Germain, en mars 1790.

Le texte de la pièce est précédé de l’article que le Dictionnaire de Bayle consacre à Rienzi, et d’un extrait de De la manière d’écrire l’histoire de Mably. Deux extraits destinés à souligner le glissement du personnage de la haine des tyrans à la tyrannie.

La date de création figurant sur la brochure ne correspond pas à ce qu’on sait par ailleurs : c’est le 2 mars 1791 et non en mars 1790 qu’elle a été représentée.

Mercure de France, tome CXXXIX, n° 12 du samedi 19 mars 1791, p. 110 :

Nous attendrons pour parler de Rienzy, Tragédie nouvelle, qu'une seconde représentation ait mieux assuré son sort.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1791, volume 4 (avril 1791), p. 345-347 :

[Le compte rendu s’ouvre par une présentation du personnage éponyme, un Romain du XIVe siècle né « dans une condition obscure », devenu tribun de Rome et un « tyran du pays dont il se disoit le libérateur », et qui finit après bien des aléas par être exécuté. La pièce pose au critique un dilemme : son personnage change profondément au milieu de l’intrigue, et après avoir été admirable, devient « odieux », et sa conduite est jugée indigne d’un personnage principal d’une tragédie. C’est donc un jugement négatif qu’il est amené à porter sur une pièce dont « l'intrigue ressemble à toutes celles que l'on connoît ». Par contre, il valorise un autre personnage, un plébéien qui, de partisan de Rienzi, en vient à le combattre. Ses propos éloquents ont suscité « de grands applaudissemens ». De ces « tirades éloquentes » le critique tire la conclusion que l’auteur de cette tragédie, qui a échoué, « n’est point un homme médiocre ».]

Le mercredi 2 mars, on a donné une représentation de Rienzi, tragédie nouvelle en cinq actes, de M. Laignelot.

Nicolas-Gabrio Rienzi, né à Rome, dans une condition obscure, s'est fait un nom célebre, par son amour immodéré pour la liberté républicaine, par la souplesse de son génie, par l'audace de son ambition, par ses succès presqu'inconcevables, par l'opposition très-remarquable de ses terreurs & de ses ressources dans l'adversité, par sa chute & même par sa mort. Il se rendit maître de Rome, y établit un gouvernement sous le titre de bon état, se fit décerner le titre de tribun, se rendit redoutable dans toute l'Italie, reçut des ambassadeurs, donna des ordres à quelques souverains, devint le tyran du pays dont il se disoit le libérateur, fut obligé de fuir, de vivre obscur & fugitif, reparut dans Rome, y reprit sa puissance, en abusa plus que jamais, excita de nouveau la haine publique, voulut fuir encore ; mais reconnu & arrêté, il fut conduit sur le perron du lion, où sa présence en imposa tellement, que pendant une heure on trembla, pour ainsi dire, d'abattre la tête de ce monstre ambitieux, féroce, perfide, & le modele éternel de ces tribuns ou démagogues qui enchaînent les peuples sous prétexte de les rendre à la liberté. Tel est le principal personnage de la tragédie nouvelle.

L'auteur a su tirer un grand parti de caractere de cet homme extraordinaire ; il l’a même agrandi, embelli, au point que dans le cours des trois premiers actes, Rienzi excite une admiration continuelle, dont il résulte même un assez vif intérêt. Après ce troisieme acte, malheureusement, le personnage, qui a déja laissé percer quelques traits de scélératesse, de vengeance et d'ambition, commence à devenir odieux, & sa conduite paroît si bizarre, si vague, si hors de la dignité que doit conserver au théatre un caractere principal, que l'intérêt s'anéantissant tout-à-fait, laisse revenir sur tous les défauts de l'ouvrage, dont la marche est lente & mal ordonnée, dont l'action est souvent vuide, & où ce qu'on apperçoit de mouvemens populaires qui devroit être relatif à l'ambition du tribun ou à l'intérêt du peuple romain, se borne à présenter quelques amas d'hommes immobiles qui forment une décoration stérile. L'intrigue ressemble à toutes celles que l'on connoît. Un pere malheureux, une fille qui craint pour la vie de son pere, Rienzi qui veut l'épouser, un Ursin son rival aimé, mais haï par le pere ; des dangers, des bravades, des projets d'assassinat, des fuites, des retours, des dévouemens, deux meurtres & un mariage. Íl ne faut pourtant pas oublier de parler d'un caractère très-bien fait & qui contraste avec celui du tribun. C'est le personnage d'un plébéien, nommé Ferroni, ami de Rienzi, idolâtre comme lui de la liberté, mais ferme, vertueux, désintéressé, austere, qui suit pas à pas l'ambition du tyran, qui la combat en particulier & en public, qui la démasque & qui finit par sacrifier son ami au salut de Rome. On a donné de grands applaudissemens à ce rôle, qui, avec celui du tribun, avec les pensées fortes, les vers heureux & les tirades éloquentes qu'on remarque dans la piece, prouve que l'auteur de Rienzi, pour s'être trompé, peut-être dans le choix, & sans doute dans l'exécution de son sujet, n'est point un homme médiocre. sa piece n'a pas eu d'autre représentation.

D’après la base César, la pièce, créée le 2 mars 1791 sur le Théâtre de la Nation, n'a pas reparu sur le théâtre.

La Bibliothèque de Soleinne, tome deuxième (Paris, 1844), p. 191 signale que la pièce, imprimée en 1790, a de nouveau été publiée en 1804, comme une protestation contre le gouvernement du premier consul, et que cette édition a été « entravée, sinon supprimée par la police ».

Elle indique aussi que Laignelot est l'auteur d'une autre tragédie, en cinq actes et en vers, Agis, publiée en 1782 et pour laquelle César ne connaît que deux représentations, une le 23 décembre 1779, au Château de Versailles, et l'autre le 6 mai 1782 au Théâtre de l'Odéon..

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