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Riquet à la houpe (Dubois)

Riquet à la houpe, Opéra-pantomime-féerie en trois actes. Paroles de Jean-Baptiste Dubois; musique de Foignet fils, 22 frimaire an 11 [13 décembre 1802].

Théâtre des Jeunes-Artistes.

Courrier des spectacles, n° 2109 du 23 frimaire an 11 [14 décembre 1802], p. 2-3 :

[C'est la mode de faire des pièces de théâtre à partir des contes pour enfants. Et c'est donc le tour de Riquet à la Houpe, adapté au Théâtre des Jeunes Artistes avec un certain succès. L'article accorde une large place au résumé de l'intrigue, une histoire de mariage dans laquelle Riquet a besoin de l'aide d'une bonne fée, lui qui est « contrefait, mais spirituel ». Il vient bien sûr à bout de ses rivaux, et tout finit bien sûr par le mariage de Riquet et de la belle princesse. Une fois le sort des personnages fixé, le critique peut donner son avis, sur le texte, « bien écrit », surtout dans le premier acte (la suite est « plus dans le genre du mélodrame », ce qui n'est visiblement pas un compliment), sur « les combats », « assez bien exécutés et agréablement dessinés », sur le décor, la musique, dont l'auteur est nommé, tandis que l'auteur des paroles a souhaité rester anonyme. L'article s'achève sur l'appréciation très positive des interprètes.]

Théâtre des Jeunes Artistes.

Première Représentation de Riquet à la Houpe.

Les bonnes ne bercent plus les enfans avec les contes du Petit Poucet, du Petit Chaperon Rouge, etc. ; elles savent lire aujourd’hui, et elles préfèrent aux balivernes des grand mères, les histoires les plus frappantes des romans modernes. Ce que les bonnes dédaignent, les auteurs s'en emparent, et grace à leur imagination, ils en font des pièces, dont quelques-unes obtiennent un certain succès. Déjà Barbe bleue aux grands théâtres, le Petit Poucet, le Chat botté, le Petit Chaperon Rouge à un spectacle d’un ordre inférieur, ont reparu tour-à-tour ; il restoit Riquet à la Houpe, et Riquet à la Houpe a été fait, joué et applaudi. Voici de quelle manière il a été mis en scène :

La reine Felisma voulant marier sa fille Azeline, jeune, simple et idiote, a envoyé son portrait à tous les chevaliers et princes voisins. Frappés de sa beauté, quatre chevaliers se présentent et demandent sa main. La jeune princesse les reçoit en riant et en se mocquant d’eux et les refuse. Irrités de ses dédains, ils jurent de se venger. Le prince Riquet à la Houpe, contrefait, mais spirituel et doué par la Fée, sa marraine, du pouvoir de transmettre son esprit à sa belle, se présente. Azeline reconnoit en lui la bête qui lui est apparu en songe, et sa laideur la fait trembler. Riquet à la Houpe l’aborde avec soumission, lui parle, et pour l'intéresser se jette à ses genoux. Les quatre chevaliers le surprennent, le désarment et enlèvent Azeline. Le prince indigné, rassemble ses soldats qui, réunis à ceux de Felisma, environnent le château où est renfermée Azeline, et le prennent d’assaut, tandis que les chevaliers, pleins d’une aveugle confiance, se disputent les armes à la main la possession de la princesse. Mais celle-ci a été délivrée par la Fée qui a accordé à Riquet le pouvoir de prendre les traits d’un chevalier aimable, mais sans esprit. Sous ce dehors agréable, il captive le cœur d’Azeline qui l’aime comme son libérateur, mais bientôt il revient à sa première forme et demande à Felisma la main de sa fille qui ne soupire plus qu’après son joli chevalier.

Ses quatre rivaux reviennent l’attaquer, il les combat tous quatre et les fait prisonniers. Le conseil de guerre est convoqué pour les juger ; ils ont le droit de se nommer un défenseur, ils choisissent Azelim [sic]. La Princesse à qui qui Riquet a, dans un entretien, communiqué son esprit prononce la défense des chevaliers, qui sont absous, et finit par accepter le titre d’épouse du prince Riquet.

Le premier acte de cet ouvrage est plein d'esprit ; le dialogue en est vif, serré, et semé de traits ingénieux et de réparties fines. Le second et le troisième n’offrent pas le même avantage, et rentrent plus dans le genre du mélodrame. Il est du reste bien. écrit, l’exécution eu est soignée.

Les combats sont assez b:en exécutés et agréablement dessinés, les décorations sont fraîches, et la-musique qui est nouvelle fait honneur au cit. Foignet fils qui en est l'auteur ; celui des paroles a gardé l'anonyme.

Le cit. Monrose joue avec beaucoup d’intelligence le rôle de Riquet à la houpe. Il a de l’aplomb et de la tenue sous les traits du prince disgracié de la nature, et de la vérité dans le rôle du joli mais imbécille chevalier.

Mlle Amélie rend avec une naïveté charmante le rôle d’Azeline, et dans les deux premiers actes, c’est véritablement une Agnès chercheuse d’esprit ; dans le dernier elle joue avec dignité et avec aplomb le rôle de la Princesse défendant avec esprit la cause de ses ennemis.

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