Romainville, ou la Promenade du dimanche

Romainville, ou la Promenade du dimanche, vaudeville en un acte , de Sewrin et Chazet, 30 novembre 1807.

Théâtre des Variétés-Panorama.

Almanach des Muses 1808.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Madame Cavanagh, 1807 :

Romainville, ou la promenade du dimanche, Vaudeville grivois poissard et villageois, en un acte. Par MM. Sewrin et Chazet, Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des Variétés, Boulevard Montmartre, le 30 Novembre 1807.

Geoffroy, Cours de littérature dramatique, seconde édition, tome sixième, 1825, p. 47-48 :

[Article paru dans le Journal de l’Empire du 20 décembre 1807.

Un critique aussi important que Geoffroy ne peut s'empêcher de montrer un peu de dédain envers un si petit théâtre, qui attire pourtant un large public. La pièce nouvelle, vingt sept représentations en moins d'un mois, peint les mœurs, mais aussi les ridicules du peuple, à la manière des tableaux de Teniers, qui ont toutefois une plus grande qualité « d'exécution et de coloris » que les « farces de nos boulevards ». Le résumé de l'intrigue dépeint un couple où monsieur est soumis à madame. Il faut bien sûr marier la fille du couple. L'amant qui postule à la main de mademoiselle Pepin sème la zizanie dans le couple Pepin en séduisant madame, ce qui suscite une jalousie ridicule chez monsieur. Mais bien sûr tout finit par s'arranger, comme c'est de règle dans les vaudevilles. « Cette petite farce est très-plaisante, très-naïve », ce qui est la loi du genre. L'article s'achève sur la révélation du nom de l'auteur, dont le critique donne de snouvelles rassurantes : il va mieux.]

Théâtre des Variétés.

Romainville, ou la promenade du dimanche.

II. y a long-temps que je n’ai rien dit de ce théâtre ; on en parle peu dans les journaux, mais on y va beaucoup : il fait ses affaires à petit bruit. Romainville est à sa vingt-deuxième représentation ; c’est une peinture naïve des mœurs et des ridicules populaires. Ce genre de comique est naturel, mais d’une nature basse. Tel est cependant le prix du naturel, que ces tableaux des dernières conditions de la société valent encore mieux que des romans absurdes et des sentimens forcés. On préfère les corps-de-garde et les noces rustiques de Teniers à beaucoup de tableaux d’histoire. Il est vrai qu’il y a dans les bambochades flamandes un mérite d’exécution et de coloris qui ne se trouve pas dans les farces de nos boulevards.

Monsieur Pepin, le héros de la pièce, est un vrai personnage de caricature ; et je crois que c’est dans une caricature qu’on en a pris l’idée. Son costume et sa tournure sont d’un ridicule achevé; il est encore plus plaisant à voir qu’à entendre, et l’on a déjà beaucoup ri avant qu’il ait parlé. Sa femme, à laquelle il donne le bras, est bien assortie à son mari : un petit enfant, Coco Pepin, tient d’une main l’habit du papa, et de l’autre un polichinelle : cela forme le groupe le plus singulier ! l’entrée de ces trois personnages est vraiment théâtrale et vaut toute une comédie.

Les discours répondent au costume. M. Pepin est un bonhomme, madame Pepin une maîtresse femme : le mari cède toujours, la femme contrarie sans cesse : elle met son honneur à n’être d’accord sur rien avec son mari. M. Pepin voudrait marier sa nièce, madame Pepin s’y oppose ; mais l’amant de la nièce prend un bon moyen pour arriver à son but : il en conte à madame Pepin ; et la bonne femme, qui n’est point accoutumée à pareille fête, fait manger à son nouvel amant le repas que son mari a lui-même apporté dans sa poche pour frauder les droits des traiteurs : elle lui fait boire le vin tandis que son mari est allé chercher de l’eau. M. Pepin, qui revient la cruche à la main, voit le galant embrasser sa femme, et reconnaît qu’il n’est qu’une cruche. La jalousie, toujours ridicule dans les vieillards, altère un moment la bonhomie de M. Pepin ; mais bientôt la paix se rétablit dans le ménage par le mariage des deux amans. Cette petite farce est très-plaisante, très-naïve ; elle a tout le mérite du genre ; et Brunet, par l’originalité de son jeu, la rend très-piquante. L’auteur est M. Chazet, qui vient d’occuper à la fois plusieurs théâtres de ses facéties réjouissantes, dans le temps où il est lui-même accablé d’une manière très-sérieuse. Sa santé, qui d’abord avait causé quelques alarmes, commence à se rétablir, et Momus ne craint plus de perdre un de ses plus chers favoris. (1807)

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