Rosa, ou l'Hermitage du torrent

Rosa, ou l'Hermitage du torrent, (mélo)drame en trois actes, en prose, à grand spectacle, de René Charles Guilbert de Pixerécourt, 21 thermidor an 8 [9 août 1800].

Théâtre de la Gaîté

[Ni la brochure, ni le compte rendu du Courrier des spectacles ne donne le nom d’un compositeur ou d’un chorégraphe, pourtant habituellement nommés pour les mélodrames.]

Almanach des Muses 1801

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Barba, an huitième :

Rosa, ou l'hermitage du torrent, drame en trois actes, en prose, et à grand spectacle. Représenté, pour la première fois, sur le théâtre de la Gaîté, le 21 thermidor an VIII.

L'auteur, dont le nom est absent de la page de titre, est René Charles Guilbert de Pixerécourt.

Courrier des spectacles, n° 1254 du 22 thermidor an 8 [10 août 1800], p. 2-3 :

[Avant de parler de Rosa, ou l’Hermitage du torrent, le critique parle rapidement d’une autre création le même jour au même théâtre, le Spectacle changé, ou la Pièce interdite. Le nouveau drame, ou mélodrame (le critique hésite sur le genre de la pièce) a bien des qualités : « le sujet de ce nouvel ouvrage est simple et touchant, le plan en est régulier, la marche en est soutenue », même si on a eu l’impression d’un ralentissement de l’action. Le critique propose plusieurs explications à cette impression : manque de nouveauté de certaines situations, ou mollesse des acteurs, à l’exception du principal personnage féminin et de l’acteur qui joue le rôle de l’enfant (on aime beaucoup les enfants prodiges, en cet heureux temps). Le résumé de l’intrigue montre bien une histoire où tous les ingrédients du mélodrame sont abondamment répandus : une pauvre famille victime de la concupiscence d’un riche propriétaire du lieu qui veut enlever la mère de famille ; ensuite tout s’enchaîne : le séjour chez l’ermite; l’arrivée des ennemis de la famille, l’emprisonnement dans le château, l’évasion grâce à l’audace du jeune fils de la famille, l’incendie du château où tout le monde est enfermé. Mais tout finit par s’arranger : « rien ne doit plus troubler le bonheur de cette famille vertueuse ». Et l’auteur a été nommé...]

Théâtre de la Gaîté.

[...]

Le drame ou plutôt mélodrame en trois actes et en prose, qui vient d'être représenté avec succès à ce théâtre, sous le titre de Rosa, ou l’Hermitage du torrent, n’est point une de ces pièces où le bruit et le merveilleux tiennent la place du sentiment et de la vraisemblance. Le sujet de ce nouvel ouvrage est simple et touchant, le plan en est régulier, la marche en est soutenue. Si quelquefois l’action a paru se rallentir, c’étoit vraisemblablement parce que diverses situations en retraçoient d’autres déjà connues à la scène. C’étoit peut-être encore parce que le jeu des acteurs a été en général un peu froid , un peu lent, à l’exception de celui de mademoiselle Julie, chargée du rôle important, et du jeune Barré, enfant charmant qui a montré tant d’ame et d’intelligence, que le public a désiré le voir et l’applaudir particulièrement après la représentation.

Rosa, Alphonse son époux, et Prosper leur fils, habitent une chaumière située sur le bord d’un lac en Suisse, vivent heureux au sein de la médiocrité, et chéris de tous les habitans de la rive. Ceux ci se prêtent même aux préparatifs d’une fête par laquelle Prosper veut surprendre sa mère, mais ce beau jour ne doit pas se passer sans nuage.

Théodore, riche et puissant propriétaire des environs, est devenu amoureux de Rosa , et encouragé par les conseils de Francisque, hardi valet, a concu le projet d’enlever cette femme. Ce Francisque, sous les habits d’un mendiant, s’introduit au milieu des jeux, excite la pitié, observe et va informer son maître de ce qu’il doit faire pour s’emparer de Rosa ; mais Prosper caché dans un bosquet, a pénétré les desseins du faux mendiant, et s’étant échappé, a été avertir sa mère du danger qui la menace. Ils prennent la fuite : Théodore trompé dans son entreprise, les fait poursuivre.

Le lieu de la scène a changé : on est chez le père Anselme, hermite, dont la eabanne est construite auprès d’un torrent ; Rosa et Prosper sont venus chercher un refuge dans cet hermitage. Théodore et ses gens dirigent leurs recherches jusques dans cet asyle, mais le père Anselme a revêtu Rosa d’une robe d’hermite, sous un pan de laquelle Prosper s’est tenu caché. Ce couple infortuné veut s’éloigner quand ils croyent le danger passé, mais Rosa et Prosper sont apperçus par leurs persécuteurs qui les saisissent et les entraînent au château de Théodore. Là on les enferme, Bertrand, vieux concierge, veille sur eux ; Alphonse paroit auprès des fossés, il est apperçu, arrêté et enfermé dans une tour séparée du lieu où sont sa femme et son fils ; mais le vieux Bertrand s'est endormi sur un banc : Prosper observe cette négligence, prie sa mère de le descendre dans un panier ; l’'cnfant s’empare adroitement des clefs du Géolier, et délivre Alphonse qui franchit les fossés et gagne la plaine.

Prosper n’ayant pu remonter auprès de sa. mère, s’est enfermé dans la tour. Théodore vent se faire amener Alphonse, pour le contraindre à renoncer à Rosa ; on ne trouve que l’enfant qui raconte avec courage tout ce qu’il a fait. Théodoree furieux, veut immoler le fils aux yeux de la mère, mais à l’instant l’allarme se répand au château : Alphonse accompagné d’une foule de pêcheurs, fond sur Théodore ; le monstre avant de succomber, a mis le feu au château ; il a cru faire périr avec lui Rosa et son fils. Tous deux cependant sont sauvés du milieu des flammes, et rien ne doit plus troubler le bonheur de cette famille vertueuse.

L’auteur a été demandé , on est venu nommer le cit Guilbert-Pixérécourt, déjà connu par d’autres succès.

B***.          

Dans le bilan de sa carrière au théâtre que Pixerécourt dresse dans son Théâtre choisi (Nancy, chez l'auteur, 1841), tome 1, p. XLIV-LXXXVII, Rosa, qui porte le numéro 32, se voit créditée de 82 représentations parisiennes et 253 en province.

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