Rosina et Lorenzo, ou les Gondoliers vénitiens

Rosina et Lorenzo, ou les Gondoliers vénitiens, ballet pantomime par Aumer, airs choisis par M. Darondeau, 15 ventôse an 13 [6 mars 1805].

Théâtre de la Porte Saint-Martin

(signalé dans l'Almanach des Muses de 1806 sous le titre de Les Gondoliers vénitiens.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Barba, an xiii :

Rosina et Lorenzo, ou les Gondoliers de Venise ; ballet en un acte, de la composition de M. Aumer, Artiste de l'Académie Impériale de Musique ; Représenté, pour la première fois, sur le théâtre de la Porte Saint-Martin, le 15 ventôse an xiii.

Courrier des spectacles, n° 2925 du 16 ventôse an 13 [7 mars 1805], p. 2-3 :

[Le ballet du jour ne retient guère le critique : « brillant succès », « intrigue foible ; mais l’exécution ne laisse rien à désirer ». Il préfère parler de l’avenir de la troupe du théâtre, qui risque de perdre beaucoup en perdant son Père noble.]

Le ballet des Gondoliers Vénitiens a obtenu hier un brillant succès au Théâtre de la Porte Saint-Martin. L’intrigue en est assez foible. Chacun des premiers sujets de la danse y trouve l’occasion de développer ses talens, et de mériter des applaudissemens. Cette représentation, qui avoit attiré une grande affluence de spectateurs, étoit au bénéfice de Mad. Quériau.

On assure que la plupart des premiers acteurs de ce Théâtre conserveront les mêmes emplois sous la nouvelle administration. M. Dugraad est, dit-on, le seul qui ne soit pas encore engagé pour l’année prochaine. Ce seroit une perte véritable pour le Théâtre de la Porte Saint-Martin, où il joue avec distinction les rôles de Pères nobles, et où il seroit très-difficile de le remplacer.

Courrier des spectacles, n° 2926 du 17 ventôse an 13 [8 mars 1805], p. 2 :

[La représentation au cours de laquelle le ballet a été créé est une représentation au profit d’une des actrices du théâtre, madame Quériau, et le critique rappelle son importance pour le théâtre de la Porte Saint-Martin (et le profit qu’elle a dû tirer de ces représentations). Au cours d’une soirée très riche, le ballet fait un peu figure de parent pauvre : il « n’a rien de remarquable », en dehors de l’exécution. C’est une histoire de mariage, avec un « barbon » rival de son fils, et qui bien sûr laisse la main de la jeune fille à son jeune rival. L’ordre du monde est respecté. Le spectacle est en tout point remarquable : les danseurs du théâtre ont tous été à la hauteur de leur tâche, et sans égaler l’Opéra se sont montrés dignes de la réputation des danseurs français, les meilleurs en Europe. Le chorégraphe a été dermandé, et le responsable de la musique (choix d’airs adaptés au livret) est nommé.]

Théâtre de la Porte St-Martin.

Les Gondoliers Vénitiens.

Si Mad. Quériau a contribué par ses talens à donner à ce Théâtre la faveur dont il jouit aujourd'hui, il faut convenir aussi que l’administration ne se montre point ingrate, et qu’elle reconnoît ses services d’une manière généreuse et libérale. Mad. Quériau a déjà obtenu, dans le cours de cette année, plusieurs représentations à son bénéfice, et si le public y a gagné du côté des plaisirs, elle n’a pas dû y perdre du côté de la fortune.

Avant-hier la fête étoit vraiment complette ; c’étoit la Forteresse du Danube, de M. Guilbert-Pixérécourt, pièce qui, seule, eût suffi pour assurer une recette complette : le Mariage du Capucin, où M. Bourdais fait briller un talent très-distingué, et enfin un ballet nouveau de la composition de M Aumer.

Ce ballet nouveau n’a rien de bien remarquable du côté de la composition ; les idées principales sont assez communes et d’un effet très-médiocre ; mais les danseurs exécutent à merveille.

Une Fermière a l’avantage de posséder une fille si jolie qu’elle est recherchée par des partis nombreux. Sa mère choisit pour elle, et donne la préférence à un vieillard dont le fils est précisément l’amant de la jeune Fermière. Le barbon croit l’affaire faite, et la jeune amoureuse est désolée ; mais de quel embarras l’amour ne sait-il pas se tirer ? Le fils du bonhomme se déguise, et sous le masque d’un grand seigneur se présente devant ; son propre père, l’oblige de signer un contrat, et quand la signature est donnée, se fait reconnoitre, et apprend à son père que c’est lui qui sera l’époux de la belle Fermière. Le père est d’abord furieux ; mais le cœur d’un père s’appaise facilement ; la jeune amante paroit, et le vieillard cède à son fils une conquête qu’il n’est plus guères en état lui-même de posséder.

Le Théâtre de la Porte Saint-Martin a étalé dans ce spectacle toutes ses richesses, il a placé dans les rôles ses meilleurs acteurs, et la danse est exécutée d’une manière très-distinguée par MM. Morand, Spitalier, Mad. Quériau, Mlle. Santiquet. Un pas de trois, dansé par M. Rhénon et par Mlles. Etienne et Aline, a réuni tous les suffrages. Ce n’est pas l’Opéra, mais après l’Opéra, c’est ce qu’on peut voir de mieux dans un genre où nos artistes surpassent tout ce que les théâtres d Europe ont de plus célèbre.

L’auteur a été vivement demandé. Les airs adaptés au ballet ont été choisis par M. Darondeau, et font honneur à son goût.

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