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Roufignac, ou le Donneur de Conseils

Roufignac, ou le Donneur de Conseils, comédie en un acte, en vers, de Maurin, 20 septembre 1810.

Théâtre de l’Odéon, théâtre de l’Impératrice.

Titre

Roufignac, ou le Donneur de Conseils

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en vers

Musique :

non

Date de création :

20 septembre 1810

Théâtre :

Théâtre de l’Odéon, théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

M. Maurin

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez M.me Masson, 1810 :

Roufignac, ou le Donneur de conseils, comédie, en un acte, en vers, Par M. Maurin. Représentée sur le Théâtre de l’Odéon, par les Comédiens de S. M. l’Impératrice, le 18 Septembre 1810.

Mercure de France, journal littéraire et politique, tome quarante-septième, n° CCCCLXXIX (samedi 22 septembre 1810), p. 240-241 :

[Compte rendu qui condamne sans trop dire pourquoi. La pièce, illustration du genre répandu des « gasconades », a semble-t-il eu une belle carrière en province, et échoue à Paris...]

Théâtre de l'Impératrice. Roufignac, ou le Donneur de Conseils, comédie en un acte et en vers, de M. Maurin.

C'est une chose convenue, peut-être sans trop déraison, que les gascons jouent sur nos théâtres le rôle de parasites : mais plus adroits et plus délicats que ceux de l'ancienne Grèce et de Rome, ce n'est que rarement qu'ils emploient la flatterie pour obtenir un dîner. Des contes amusans, d'ingénieux mensonges, un peu de fanfaronade, des inventions plaisantes, tels sont leurs moyens, que l'accent du pays assaisonne plutôt que d'y nuire ;aussi les rôles de ce genre ont ils été employés plus d'une fois par nos faiseurs de Comédie, et le plus souvent avec succès. Nous nous contenterons de citer pour exemple le Cousin de tout le Monde, de M. Picard, pièce que lui a fournie une anecdote du Tableau de Paris, et dont le rôle du cousin gascon qui donne à tout le monde des avis ou des conseils, fait le principal mérite. Roufignac gascon, donneur de conseils, n’est donc pas une invention très-nouvelle ; et l'intrigue où ce personnage figure n'offre pas non plus beaucoup d’invention. Roufignac ayant besoin d'un dîner apprend que M. Dumont, riche banquier, doit marier sa fille avec une dot de cent mille francs, et aussitôt il se présente chez lui pour lui proposer une affaire où il gagnera la moitié de cette somme. Dumont que cet appât séduit invite le gascon à dîner, et en sortant de table Roufignac lui propose d'épouser lui-même Emilie avec cinquante mille francs au lieu de cent. Cette ruse est fort innocente, mais celle qui suit et qui fait le dénouement de la pièce, l'est un peu moins. Ce n'est point à Charles, amant d'Emilie, que Dumont veut la marier; c'est à un jeune fou, nommé Floridor. Le sage banquier est même assez imprudent pour lui remettre d'avance une somme considérable, et alors Roufignac qui protège Charles s'empare du jeune étourdi ; il le conduit dans une maison de jeu et ne l'en laisse sortir que les mains vides. A cette nouvelle, Dumont retire la parole qu'il lui avait donnée et unit sa fille au protégé de Roufignac.

Quelque louable qu'en soit le but, on trouvera sans doute que la gasconade était un peu forte.

Cette pièce a eu, dit-on, beaucoup de succès en province. Elle en a eu fort peu à 1'Odéon. Des marques d'improbation assez vives en ont troublé la représentation, et l'on a eu quelque peine à faire nommer l'auteur.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 15e année, 1810, tome V, p. 171 :

ODÉON. THÉATRE DE L’IMPÉRATRICE.

Roufignac, ou le Donneur de Conseils, comédie en un acte et en vers, jouée le 20 septembre.

Tout le monde connoît la plaisanterie de ce Gascon qui, ayant appris qu'un riche négociant alloit marier sa fille avec cent mille francs de dot, vint lui offrir de lui en faire gagner cinquante mille de la main à la main. Il promet de s'expliquer après le dîner, et dit au négociant, enchanté d'avance de gagner de l'argent si facilement : vous allez marier votre fille, vous lui donnez cent mille francs, je la prends pour cinquante mille. On conçoit que le père ne consentit pas au marché. C'est ce petit conte que l'auteur a placé au milieu d'une intrigue peu piquante. Le jeu de Péroud, dans le rôle du gascon, n'a pu procurer de succès à la pièce, qui est de M. Maurin.

L’Esprit des journaux français et étrangers, année 1810, tome XI (novembre 1810), p. 269-272 :

[Compte rendu sévère d’une pièce qui n’a pas réussi. Le début de l’article prépare à une condamnation sans appel : la pièce ne fait pas vraiment le portrait du « donneur de leçons » que Térence a su si bien faire...]

M. Roufignac, ou le Donneur de conseils, comédie en un acte et en vers, par M. Morin, auteur d'une comédie intitulée l'Arbitre par amour.

Un véritable donneur de conseils pourrait devenir entre les mains d'un Molière ou d'un Destouches un excellent caractère de comédie. On peut faire un personnage fort comique de ces importuns moitié officieux, moitié intrigans, toujours prêts à entrer dans les affaires d'autrui pour les conduire à leur tête, et faire briller leur savoir-faire dans la temps où eux-mêmes ignorent ce qui sa passe chez eux, et sont sottement menés par les événemens, ou par des gens qui se prévalent de leur sottise pour les gouverner. Rien de plus divertissant, à mon gré, dans ce genre, que le rôle d'un certain Chrêmes d'une pièce de Térence, qui s'amuse à prêcher son voisin, qui se charge de le remettre bien avec son fils, offre sa maison, et prend sur lui tout l'embarras du racommodement, tandis qu'il a lui-même un vaurien de fils qui le mène et qui fait tourner au succès de ses propres intrigues toutes les démarches que le naturel officieux de son père lui inspire pour ces étrangers. A la fin, c'est le voisin qui le prêche à son tour; il lui dit :

Non id flagitium est, te aliis consilium dare,
Foris sapere ; tibi non posse auxiliarier ?

« N'est-ce pas une honte de vous voir donner des conseils aux gens, étaler votre sagesse chez les autres, quand vous êtes hors d'état de vous conduire vous-même » ?

Le bonhomme Chrémès apprend , à ses dépens, à ne se jamais mêler des affaires d'autrui ; c'est-ià la principale morale de la pièce latine.

La comédie de M. Roufignac n'a pas un but aussi relevé. Ce gascon est un misérable escroc, un chevalier d'industrie, qui ne s'avise de donner des conseils que par occasion, seulement pour trouver un prétexte de parler aux gens quand ils se mettent à table. Ensuite on suit, ou l'on n« suit pas son conseil, cela lui est bien égal ; il ne s'en formalise pas Cette invention n'a, je crois, pas coûté de bien profondes combinaisons à M. Morin. Il n'y a pas d'intentions comiques beaucoup plus heureuses dans le reste. Un M. Du«i mont a une fille à marier, il l'avait promise à Charles, amant d'Emilie et qui est aimé d'elle ; mais, il change d'avis pour. la donner à un jeune homme demi-fat , demi-njais, nommé Floridor. Charles, tristement éconduit de chez sa maîtresse, rencontre Roufignac, qui gagne dans un instant sa confiance et lui offre ses services. Roufignac va se présenter à M. Dumont qu'il ne connaît point, se donne pour un homme fort riche, et cependant prend place à table sans beaucoup de cérémonies. Après quoi il propose au père de prendre lui-même sa fille pour cinquante mille francs, c'est-à-dire, pour la moitié de la dot qu'elle doit avoir. M. Dumont se moque de lui, et persiste à vouloir faire épouser Emilie à Floridor qu'elle déteste. Le Gascon s'empare à son tour de Floridor au moment où le beau-père vient de lui compter cent mille francs en bons billets, et lui persuade de doubler cette somme au jeu. Floridor perd du premier coup les cent mille francs, et revient ruiné. M. Dumont, qui n'a plus rien à donner à sa fille, déclare alors fort généreusement à Charles qu'il est le maître de l'épouser quand il voudra.

Je ne m'étendrai pas davantage sur cette pièce. Le public a rendu justice au vide de l'action, au manque absolu d'intérêt, aux invraisemblances choquantes qui sautent aux yeux à chaque scène, en sifflant et la comédie et l'auteur quand on est venu le nommer.

Mémorial dramatique, ou Almanach théâtral pour l’an 1811, Ve année, p. 112 :

MONSIEUR ROUFIGNAC, ou le Donneur de Conseils, comédie en un acte et en vers, par M. Maurin. (18 septembre.)

Les conseils de M. Roufignac n'ont pas été suivis, et le parterre a donné à l'auteur celui de ne plus nous montrer cette faible et ennuieuse production.

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