La Statue, ou la Femme avare

La Statue, ou la Femme avare, opéra-féerie en un acte, par les cit. Hoffmann et Nicolo Isoar. [an 10].

Théâtre de l'Opéra Comique National, rue Feydeau

Titre :

Statue (la), ou la Femme avare

Genre

opéra féerie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

 

Musique :

oui

Date de création :

6 floréal an 10 (26 avril 1802)

Théâtre :

Théâtre de l’Opéra Comique National, rue Feydeau

Auteur(s) des paroles :

François-Benoît Hoffman

Compositeur’s) :

Nicolo Isouard

Almanach des Muses 1803

Une femme avare a perdu son mari, sans savoir où il a caché ses trésors. Elle se plaint jour et nuit du secret que lui a gardé le défunt. Elle se plaint surtout de ce que son fils Alassan a recueilli chez lui un visir disgracée, et sa fille Amine dont le jeune homme est amoureux. Par bonheur, Alassan est protégé par le génie Mamouth, qui lui a donné une bague enchantée, à l'aide de laquelle il découvrira les immenses richesses enfouies par son père. En effet, Alassan a déjà réussi dans les différentes épreuves qu'il a faites de la vertu de sa bague. Mais le Génie a mis une condition à la jouissance des trésors ; il faut qu'Alassan lui trouve une jeune fille innocente et chaste, dont il puisse faire sa femme. Il lui a donné en conséquence un miroir magiqe, dont la grace reste pure lorsqu'elle réfléchit les traits de l'innocence, et se ternit devant celle qui a oublié un instant les lois de la pureté. Alassan jure au Génie d'obéir à sa volonté, et s'adresse à un marchand, qui lui amène une foule d'esclaves ; mais le miroir se ternit plus ou moins lorsque chacune de ces femmes paraît devant lui. Amine paraît, et la glace reste pure. Le Génie somme Alassan de remplir son serment ; Alassan refuse. Le Génie ordonne qu'on immole la mère du jeune homme. Celui-ci vole à la défense de sa mère, et laisse enlever sa maîtresse. Tout-à-coup la scène change, et la demeure d'Alassan se transforme en un palais magnifique : au milieu est une statue ; c'est Amine elle même, que le Génie rend à son amant pour récompenser sa vertu.

Poème qui a peu réussi, malgré tous les traits d'esprit dont le dialogue est semé. Musique agréable et souvent originale.

Courrier des spectacles, n° 1878 du 7 floréal an 10 [27 avril 1802], p. 2 :

[La pièce a rencontre un succès, mais que l’auteur peut rendre plus solide au prix de « corrections judicieuses ». Si le fonds est « bien conçu », le dénouement est trop prévisible, si bien que l’intérêt diminue peu à peu, et que le dialogue, parfois trop long, est aussi semé «  d'un esprit qui dégénère en jeu de mots ». Le sujet fait largement appel à la féerie, avec tous les procédés habituels de ce genre d epièces : on est en Orient, on cherche un trésor qu’on ne trouve pas, la réalité devient très changeante, et un génie intervient pour aider le héros à trouver l’amour. C’est lui qui apporte le miroir qui fait connaître la vertu des jeunes filles, et permet au héros de trouver celle qu’il aime. Une fois que le miroir a rendu son verdict, le héros peut épouser celle qu’il aime et qui n’a pas troublé le miroir. La musique est jugée assez sévèrement : « peu de morceaux remarquables », « peu d’idées dans cette composition ; le chant y est rare et souvent incertain ». Il n’y a que deux morceaux qui montrent le talent du compositeur. Le décor de la fin est magnifique. Les auteurs ont été nommés.]

Théâtre de l’Opéra-Comique, rue Feydeau.

L'opéra qui vient d’être représenté pour la première fois à ce théâtre, sous le titre de la Statue, ou la Femme Avare, a obtenu un succès que l’auteur peut assurer par des corrections judicieuses. L’ouvrage, quant au fonds, est bien conçu, mais il est à regretter que le dénouement se devine de très-loin ; que par conséquent l’intérêt s’affoiblisse à mesure que les dernières scènes se développent ; et surtout que le dialogue présente quelquefois des longueurs, très-souvent le faux brillant d'un esprit qui dégénère en jeu de mots.

Maid ou Mahed est inconsolable de ce que son mari est mort sans lui avoir révélé le lieu où il avoit enfoui des trésors considérables ; cette veuve possede encore assez de fortune pour soutenir un Visir disgracié auquel elle donne secrètement asyle ainsi qu’à sa fille Amine. Mais cette fortune n’est rien comparée à celle dont elle jouissoit ; et comme elle le dit très-plaisamment : Quand on a été riche, il est dur d’être à son aise : elle a donc envoyé Alassan son fils à la recherche des trésors trop bien cachés. Alassan a quitté Amine qu’il aimoit, et s’est mis à parcourir la moitié de l’Asie, mais sans faire d’autre découverte que celle du génie Ibrahim, autrefois ami de son père. Le Génie a dit à Alassan : Tu cherches bien loin le trésor\quand il est bien près de. toi ;et a joint à cette sentence une bague enchantée dont la mère d’Alassan brûle de connoître l'usage. Alassan ne tarde pas à la satisfaire, et. d’un geste il fait paroître plusieurs statues d’or et d’argent, parmi lesquelles on en voit une effacer les autres par l’éclat des diamans. Devant elle sont placés des vases remplis d’or. Alassan veut y puiser pour adoucir le sort du malheureux Visir et de sa fille Amine ; mais le vase disparoît ainsi que la statue; Ibrahim apparoît bientôt et met le cœur d’Alassan à une autre preuve ; il se charge de lui choisir pour épouse une fille innocente et vertueuse, dont la pensée même soit sans tache. Un miroir magique dressé au même instant par la volonté du Génie, doit servir à éprouver celles qui se présenteront ; Alassan promet d’obéir. La mère d’Alassan qui craignoit que son fils n’épousât l’infortunée Amine, avoit conseillé à celle-ci de se vendre pour soulager son père, et la veuve par prévoyance, avoit fait venir tout à point un marchand d’esclaves. Alassan profite de l’occasion, demande à acheter la plus vertueuse de ces esclaves, et les fait passer successivement devant le miroir, mais à chaque objet la glace s’est couverte d’un nuage.

Amine paroît et la glace reste pure. Ibrahim somme Alassan de tenir sa promesse ; Alassan refuse ; et le Génie enlève Amine, mais c’est pour la rendre bientôt à son amant pour le récompenser d’avoir préféré la vertu aux richesses. La scène a changé, un palais magique a remplacé l’humble demeure d’Alassan ; au milieu se retrouve la statue qui avoit disparu, mais cette fois elle s’anime se meut et s’avance ; c'est Amine elle-même qu’Ibrahim unit à Alassan.

La musique offre peu de morceaux remarquables ; l’ouverture consiste en un motif montagnard assez commun accompagné des détails les plus bruyans ; en général on trouve peu d’idées dans cette composition, le chant y est rare et souvent incertain ; mais il faut excepter de ces observations deux morceaux qui seuls suffiroient pour donner l’idée la plus avantageuse du talent de l’auteur : nous voulons parler du chœur chanté hors scène et en harmonie avec un duo très-bien fait et d’un autre duo entre Alassan et le marchand d’esclaves; les basses de ces deux compositions, mais de la première sur-tout, sont d’un effet admirable.

La décoration du dénouement est tout-à-fait magique et a excité des applaudissemens.

On a demandé les auteurs qui ont été nommés. Les paroles sont du citoyen Hoffmann et la musique est du citoyen Nicolo Isoard. Ce dernier seul a paru.

B * * *          

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, VIIe année (an ix (1801)), tome VI, p. 406 :

Théâtre Favart.

La Statue , ou la Femme avare.

Le plus habile homme peut se tromper quelquefois. C'est ce qui vient d'arriver au C. Hoffmann, l'un des plus féconds auteurs d'opéras tragiques et comiques. Cette fois il n'a pas imaginé lui-même son sujet ; il s'est contenté d'ouvrir le quatrième volume du Théâtre de la Foire, de Lesage et Dorneval, et d'imiter le vaudeville en trois actes, intitulé : la Statue merveilleuse. Depuis longtemps la féerie n'est plus de mode chez nous : on n'a pas dû s'étonner du peu de succès de la Statue, jouée le 6 floréal, et dont le mérite consiste en une belle décoration. La musique, du C. Nicolo Isoard, a paru plus bizarre qu'agréable. Elle est peu chantante, et fait beaucoup de bruit.

Année théâtrale, Almanach pour l’an XI (an XI – 1802), p. 186-188:

[Livret indécent, à cause de la scène du Miroir magique, et musique insuffisante, entre ouverture bruyante et airs insipides : le bilan est peu reluisant !]

Le cit. Hoffmann voulant essaier tous les genres, avait arrangé pour la scène un des contes de M. Galand, sous le titre de la Statue ou la Femme Avare. Cette femme avare n'était qu'un prétexte pour amener la recherche d'un trésor que promettait un génie, et qui se trouvait être une fille vertueuse, amante du fils de l'harpagon femelle. L'auteur avait rattaché à ce cadre la scène fameuse du Miroir Magique ; mais tout l'esprit qu'il avait mis dans son dialogue ne put en sauver l'indécence. M. Nicolo Isouard, de Malthe, avait mis cet ouvrage en musiqne, et après une ouverture dans laquelle il avait employé tous les instrumens connus, il ne fit entendre que des petits airs sans gaieté, des rondeaux manièrés, des chœurs sans harmonie. Un seul morceau fut vivement applaudi, ce fut un air que Solié, jouant le rôle d'un marchand d'esclaves, chanta avec tout le luxe de la méthode italienne, mais avec trop peu de moyens. Peut-être si un acteur, possédant une voix, avait chanté le rôle de Gavaudan, en eut-on mieux senti quelques parties. Mlle. Desbrosses, chargée du personnage de la femme avare, le joua en comédienne distinguée ; elle eut surtout l'art de ne point le rendre trop vil. Mlle. Pingenet, aînée, fut belle dans le rôle de la statue, elle le chanta avec expression ; mais peut être avec trop de simplicité. On revit la pièce quelquefois, à cause d'une brillante décoration qui servait au dénouement.

Nicole Wild et David Charlton,Théâtre de l'Opéra-Comique Paris : répertoire 1762-1972, disent que le livret a été fait d’après la Statue merveilleuse, opéra-comique de Lesage et d’Orneval; l'œuvre de Hoffman et Isouard a eu 5 représentations.

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