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La Succession

La Succession, comédie en un acte mêlée de vaudevilles, de Deschamps et Després, 15 floréal an 4 [4 mai 1796].

Théâtre du Vaudeville.

La pièce est désignée dans la brochure comme « opéra-comique en un acte, mêlé de vaudeville ».

Titre :

Succession (la)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

15 floréal an 4 (4 mai 1796)

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Deschamps et Després

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez A. Cl. Forget, an 4 :

La Succession, opéra-comique en un acte, mêlé de vaudevilles, Par l’Auteur de Piron avec ses amis, et de la Revanche forcée. Représenté pour la première fois sur le Théâtre du Vaudeville, le 15 Floréal, l’an IV de la République Française.

….. C’est qu’on jouit sans bonheur,
      D’un bien acquis sans honneur.

Dernière scène.

Les deux titres cités sont du seul Deschamps... Pourtant les comptes rendus attribuent la pièce à deux auteurs, Deschamps et Després.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1796, volume (mai-juin 1796), p. 261-262 :

[La pièce raconte une belle histoire, « morale par le fond », et c’est ce point qui est mis en avant par le compte rendu, avant de lui reconnaître « gaîté franche » et « intérêt vif et doux ». Tout est bon dans cette pièce : « La marche est rapide, le dialogue vrai, & les couplets piquans », et le personnage d’Aurore (qui ne paraît évidemment pas) « est traité avec une délicatesse qui devient tous les jours plus rare sur nos théâtres ». L’interprétation est également louée.]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

La Successìon, comédie en un acte.

Nous connoissons peu de pieces dont le succès ait été plus brillant que celui de la Succession.

Une villageoise, qui, depuis long-tems étrangere à sa famille, a vécu dans Paris avec éclat sous le nom d'Aurore, laisse une succession considérable... due aux bienfaits d'un financier son séducteur. Cette successsion appartient à Nicolas Pâtureau, frere d'Aurore. Ce bon fermier arrive, s'attendrit en voyant tant d'objets qui lui rappellent sa sœur, se livre avec ivresse à la fortune qui lui sourit, & l'abandonne avec une généreuse & modeste fierté, dès qu'il en connoìt la. source.

Cette piece, très-morale par le fond, est pleine d'une gaîté franche, & d'un intérêt vif & doux. La marche est rapide, le dialogue vrai, & les couplets piquans. Tout ce qui tient à Aurore, est traité avec une délicatesse qui devient tous les jours plus rare sur nos théâtres. Nous regrettons de ne pouvoir citer de mémoire que le couplet suivant. Le public l’a redemandé au bruit des applaudissimens les plus flatteurs. Nicolas propose à son cocher, qui est malade, d'entrer dans la voiture : c'est lui, Nicolas, qui menera. Le cocher s'étonne de la proposition.

Air; De la Meûniere.

Moi qui m'assieds sur le devant,
    Ma place ordinaire,
Qu'on riroit en m'appercevant
    L'nez à la portiere. ''. .

Nicolas.

Quoi ! l'ami, tu crains les passans ?
Comment font ceux qui, d'puis queuq'tems,
    Las d'être derriere,
    Ont sauté dedans?

Le cit. Vée a sait le plus grand plaisir dans le rôle de Nicolas ; la citoyenne Molliere joue avec finesse, & la citoyenne Blosseville avec sensibilité. Les autres rôles ne sont pas moins bien remplis par les citoyens Henry, Carpentier, Vespré & Hypolite.

Nous devons cette charmante- piece aux talens réunis de deux auteurs déjà connns par plus d'un succès en ce genre. L'un est le cit. Desprez, & l'autre est le:cit. Deschamps.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1796, volume 5 (septembre-octobre 1796), p. 277-279 :

[Nouvel article sur une pièce à laquelle on ne trouve guère de défauts : sujet bien conçu, morale saine, comique des situations et surtout « Il est difficile de mettre à la fois plus de talent, d'esprit & de mesure dans la contexture & dans les détails ». Et encore « des couplets brillans d’esprit et de style à la-fois ; de la morale tellement assaisonnée qu'elle s'y fait goûter sans se laisser trop apercevoir ; un intérêt doux sans échaffaudage, & un comique naturel, sans trivialité. » Tout le charme de la pièce est dans cet équilibre qui est le signe d’un vaudeville réussi, à la fois drôle et instructif. Pour finir, les acteurs sont loués pour la qualité de leur interprétation.]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

La Succession.

Des villageois de Luzanci sont appellés à la succession d’Aurore, courtisanne opulente : cette femme, long temps entretenue par le financier Mersan, est morte à Saint-Cloud, dans un palais, & ses bons parens, Nicolas son stère, & Marianne, fille de Nicolas., y sont établis avec le notaire. L'enivrement de leur nouvelle fortune ne les empêche pas de regretter sincèrement celle qui la leur a laissée, quoiqu'ils n'aient pas entendu parler d'elle depuis son départ de Luzanci ; ce qui produit un mélange piquant de comique & d'intérêt. Une opposition heureusement conçue, parce qu'elle est plaisante, c'est celle des deux domestiques d'Aurore , qui amènent le contraste piquant de leur corruption avec la naïve bonhommie & la pureté des honnêtes villageois.

Une demoiselle Bazin, très finement jouée par la citoyenne Molière, femme-de chambre de la courtisanne, ne néglige, rien pour se rendre utile à Marianne, & même pour la corrompre.

Un certain Firmin, serviteur de Nicolas, emploie, d'un autre côté, toutes les ruses innocentes d'une fausse niaiserie, pour assurer leiné.

Après plusieurs incidens très-dramatiques & bien adaptés au sujet, Nicolas connoît la source de cet héritage : il le rejette alors, ainsi que sa fille, avec une fierté modeste & généreuse. Un éclaircissement imprévu, mais simple & naturel, permet á cette famille honnête de jouir, sans trouble & sans honte, de la succession, en la partageant avec Delville, qui devient l'époux de Marianne. bonheur de Marianne par l'amour de Delville, neveu du financier, que la courtisanne a ru

On voit, par cette analyse, que le sujet est heureusement conçu, qu'il réunit une morale saine au comique des situations : mais l'exécution répond encore mieux au choix du sujet. Il est difficile de mettre à la fois plus de talent, d'esprit & de mesure dans la contexture & dans les détails; & c'est un mérite si rare aujourd'hui, qu'on doit savoir gré aux auteurs de cet ouvrage, de conserver au vaudeville sa franche gaîté, son caractère de saillie & sa verve originale, en ne perdant pas de vue l'instruction & la morale. La pièce de la Succession réunit, avec une mesure parfaite, des couplets brillans d'esprit & de style à la-fois; de la morale tellement assaisonnée qu'elle s'y fait goûter sans se laisser trop apercevoir ; un intérêt doux sans échaffaudage, & un comique naturel, sans trivialité.

La pièce est aussi très bien jouée par tous les acteurs. On y voit, avec plaisir, le cit. Duchaume faire ressortir la bonhommie gaie de Nicolas ; le cit, Carpentier saisir parfaitement la nuance délicate d'une fausse niaiserie ; les citoyennes Molière & Dausseville, l'une pour la finesse corrompue, & l'autre pour la sensibilité vertueuse, mériter le suffrage des amateurs du bon genre ; enfin le jeune Henri a laissé voir qu'il s'occupe de son art, & par la décente sensibilité qu'il met à son rôle, mérite qu'on le félicite de ses progrès. Cette pièce, ainsi jouée, doit plaire beaucoup & long-temps. On dit que les auteurs sont les citoyens Després & Deschamps.

D’après la base César, la pièce (qui est qualifiée d’opéra-comique : il s’agit plutôt d’une pièce avec vaudevilles) a été jouée 73 fois au Théâtre du Vaudeville à partir du 4 mai 1796 (30 fois en 1796, 29 fois en 1797, 11 fois en 1798, 3 fois en 1799). Elle est attribuée à Jacques-Marie Deschamps et Jean-Baptiste Després.

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