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La Supercherie par amour, ou le Fils supposé

La Supercherie par amour, ou le Fils supposé, opéra-comique en trois actes, de [Lœillard d']Avrigny, musique de Jadin, 23 floréal an 3 [12 mai 1795].

Théâtre de l’Opéra Comique National.

Dans le Théâtre de l’Opéra-Comique Paris : répertoire 1762-1972 de Nicole Wild et David Charlton, p. 415, la Supercherie par amour, ou le Fils supposé, livret de d’Avrigny, musique de Louis-Emmanuel Jadin a été représentée pour la première fois le 12 mai 1795, salle Favart. Il s’agit de l’adaptation lyrique de la comédie du même Lœillard d’Avrigny, représentée par les Comédiens Italiens le 25 avril 1788. Elle a été jouée jusqu’en 1797.

Titre :

Supercherie par amour (la), ou le Fils supposé

Genre

opéra-comique

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

23 floréal a, 3 (12 mai 1795

Théâtre :

Théâtre de l’Opéra Comique National

Auteur(s) des paroles :

M. Davrigny

Compositeur(s) :

M. Jadin

Réimpression de l’ancien Moniteur, tome vingt-quatrième, Gazette nationale, ou le Moniteur universel, 29 floréal an 3 (lundi 18 mai 1795, vieux style), p. 467 :

[La pièce nouvelle est la transformation d’une comédie en opéra-comique, pour employer notre dénomination actuelle. Et le critique pense que la musique n’est pas un apport positif (elle ralentit l’action, empêche de développer les détails). Il résume une intrigue qu’il juge « assez compliquée, plus peut-être, qu'il ne convient à un opéra ». Quelques morceaux de musique sont jugés « agréables » (mot bien prudent !), mais généralement elle paraît « manquer de couleur », mais les aproles ne sont pas favorables à la mise en musique. Le public était venu voir ses chanteurs favoris, mais il a été bien déçu : l’un avait un rôle « presque nul », l’autre n’est pas fait pour le « genre de la comédie », et son chant caractérisé par de nombreux ornements a lassé. Il devrait les utiliser qu’avec discernement. Les auteurs sont cités, paroles et musique, mais de façon peu louangeuse.]

THÉATRE DE L'OPÉRA COMIQUE NATIONAL.

La Supercherie par amour n'a eu qu'un médiocre succès dernièrement à ce théâtre. L'intrigue en est assez compliquée, plus peut-être, qu'il ne convient à un opéra, que la musique rend moins susceptible de développements. Aussi cet ouvrage a-t-il d'abord été fait en comédie. Il fut donné sous cette forme, il y a une dixaine d'années, et fit assez de plaisir ; la musique qui en ralentit aujourd'hui l'action, qui en noie les détails, a paru s'opposer plus que toute autre cause à sa réussite.

Montalte, né à Pondichéry, a passé en France ; arrivé à Bordeaux, il a eu une affaire avec l'amant de sa sœur, qu'il croit avoir tué ; obligé de se cacher, il se réfugie à Paris, où il est pris par Lisimond pour son fils. Comme Lisimond est riche, le valet de Montalte ne demande pas mieux que d'appuyer cette erreur. Montalte s'y refuse d'abord par délicatesse ; mais, apprenant qu'une jeune veuve dont il est devenu fort amoureux est fille de ce même Lisimond, il finit par se prêter à la méprise pour se rapprocher de sa maîtresse en passant pour son frère ; et son valet, qui craint qu'il ne lui échappe quelque étourderie, feint que sa tête est dérangée. Cependant Cécile, sœur de Montalte, se trouve aussi par un accident réfugiée chez Lisimond, et son amant, Belval, celui que Montalte croyait avoir tué, se trouve être le fils de Lisimond, chez lequel Montalte usurpait sa place. L'arrivée de Belval éclaircit cet imbroglio. Montalte s'excuse sur son amour ; les deux jeunes hommes se réconcilient, et chacun épouse sa maîtresse.

Il y a plusieurs morceaux agréables dans la musique de cet ouvrage ; elle est du citoyen Jadin. On remarque surtout un air de Cécile ; le morceau d'ensemble du deuxième acte, et un petit air au troisième. Cependant la musique a paru, en général, manquer de couleur, peut-être parce que les paroles trop peu en situation, trop peu musicales, ne contribuent pas à lui en donner.

Le désir de voir les citoyens Martin et Gavaudan dans une pièce nouvelle et faite pour eux avait attiré beaucoup d'affluence; mais ils n'ont pas produit tout l'effet qu'on en attendait. Le rôle de Belval, dont est chargé Gavaudan, est presque nul. Celui du valet de Montalte exige plus d'habitude du théâtre, et surtout du genre de la comédie, que le citoyen Martin n'en peut avoir. On lui reproche un débit trop rapide et trop peu senti, défaut commun aux commençants. On a fort applaudi son premier air, mais on a fini par paraître fatigué de l'excès des broderies dont il surcharge son chant. La broderie, est un ornement de la musique, comme les images sont l'ornement de la poésie : on ne doit les prodiguer ni les appliquer sans choix à des pensées et à des mots qui n'en paraissent pas susceptibles. Son exécution, d'ailleurs, est aussi brillante que sûre ; il ne lui manque que de l'employer avec plus de réflexion.

La pièce est du citoyen Davrigny, connu par plusieurs ouvrages agréables, parmi lesquels celui-ci même était compté lorsqu'il était en comédie.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 1e année, 1795, tome I, p. 562-563 :

[Echec ou réussite ? Jusqu’à la moitié du troisième acte, réussite. mais après ? L’auteur du compte rendu n’a pas besoin d’énumérer les défauts de la pièce, sans doute évidents. Il signale simplement « le plan et l’exécution de cette pièce », qu’il est inutile d'examiner, sans doute en raison de leur insuffisance. Jugement positif sur la musique ( beaucoup d'originalité, de l'effet dramatique, et un chant élégant et pur ») et l’exécution (« un ensemble intéressant »).]

THÉATRE DE LA RUE FAVART.

Première représentation de la Supercherie par amour.

La Supercherie par amour, opéra comique en trois actes, donné pour la première fois le 23 floréal, a réussi jusque vers le milieu du dernier acte. Les paroles sont du citoyen Davrigny, la musique est du citoyen Jadin.

Cette pièce est dans le genre des canevas italiens ; en voici l'idée.

Un jeune homme, à son retour des colonies, a changé son nom pour celui de Merval ; il est très-promptement épris d'une jeune veuve qu'il rencontre. Le père de cette jeune veuve a précisément le nom de Merval. Il a un fils absent de France depuis très-long-temps ; La Fleur, domestique du faux Merval, fait passer celui-ci pour le fils du vieillard, et lui procure ainsi le moyen de voir celle qu'il aime, car cette jeune veuve est la fille de ce vieillard ; mais il ne confie point sa supercherie à sa maîtresse, et elle le croit son frère. Cependant le vrai Merval arrive ; une jeune personne qui l'a précédé et qui l'aime, est recueillie par la sœur de son amant, sans en être connue. Cette jeune personne est sœur du faux Merval. Celui-ci, reconnu pour un imposteur par le vieillard, à qui son fils en a donné des preuves évidentes, retrouve dans le vrai Merval l'amant de sa sœur, avec lequel il s'est battu; mais leur ressentiment cède à l'amour que l'un a pour la sœur de l'autre. Le père est lui-même très-facilement calmé, et il se fait un double mariage.

Il seroit très-inutile d'examiner le plan et l'exécution de cette pièce. L'auteur, homme d'esprit et de goût, n'a pas besoin sans doute qu'on lui en indique les défauts, et les lecteurs ne peuvent prendre à ces sortes d'ouvrages assez d'intérêt pour en permettre une critique sérieuse. Le citoyen Davrigny a su fournir au musicien des motifs nouveaux et piquans. On s'accorde à trouver dans la musique beaucoup d'originalité, de l'effet dramatique, et un chant élégant et pur.

Des talens aimés du public ont offert dans la représentation de cet opéra un ensemble intéressant. Les citoyen et citoyenne Martin y montrent ce bon goût de chant qui les distingue. La citoyenne Davrigny , dont on admire toujours la voix si pure, si fraîche et si mélodieuse, a reçu de nombreux applaudissemens. On a remarqué dans le chant et le jeu du citoyen Elleviou, des dons naturels que le goût et l'étude paroissent améliorer tous les jours. Enfin la citoyenne Chevalier a rendu son rôle avec infiniment d'esprit et de grace.

Dans la base César, les deux pièces de Lœillard d’Avrigny sont confondues : elle attribue deux représentations à la pièce en 1788 au Théâtre Italien (il s’agit alors de la comédie), puis 31 représentations du 7 mai 1795 au 24 décembre 1797, en grande majorité au même Théâtre Italien : il s’agit cette fois de l’opéra comique.

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