Le Savetier et le financier, ou Contentement passe richesse

Le Savetier et le financier, ou Contentement passe richesse, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles, Par MM. Merle et Brazier ; 4 Mars 1815.

Théâtre des Variétés

Titre :

Savetier et le financier (le), ou Contentement passe richesse

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

4 mars 1815

Théâtre :

Théâtre des Variétés

Auteur(s) des paroles :

Merle et Brazier

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1816 :

Le Savetier et le Financier, ou Contentement passe richesse, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles, Par MM. Merle et Brazier ; Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des Variétés, le 4 Mars 1815. Seconde édition.

Journal des débats politiques et littéraires, 9 mars 1815, p. 1-2 :

[Le critique ne craint pas les évidences : oui, c’est la Fontaine qui a inspiré les deux auteurs, mais on pouvait aussi dire qu’ils s’en sont pas mal éloignés, notamment en introduisant un troisième personnage, et même un quatrième avec la fille du tonnelier, indispensable pour l’intrigue amoureuse, elle même indispensable dans un vaudeville. L’intrigue est sans génie, mais outre qu'elle est morale (d’une morale « facile à tirer »), elle est gaie et spirituelle. L’acteur principal est bon, mais pourquoi avoir affublé le personnage qu'il joue d’un nom guerrier ? Il fallait lui garder son nom traditionnel de Grégoire, associé aux ivrognes, en raison peut-être de la rime avec « boire ». Les auteurs ont été nommés : la pièce est un succès.]

Première représentation du Savetier et du Financier..

Le titre indique assez que les auteurs ont pris leur sujet dans La Fontaine. Dans la pièce ainsi que dans la fable, figurent un savetier et un financier : l'un chantant tout le jour, faisant des passages, et plus content qu'aucun des sept sages ; l'autre, tout cousu d'or, chantant fort peu et dormant bien moins encore. Ce sont là les deux principaux rôles ; mais comme on ne fait pas une pièce avec deux acteurs, quoiqu'on en ait fait avec un seul, témoins Pygmalion et Arlequin, il a fallu y joindre un tonnelier nommé Ducerceau, qui a une fille charmante, et dont le savetier est amoureux : car, au théâtre, il faut absolument de l'amour, n'en fût-il plus au monde. Le tonnelier et le savetier n'ont rien, rien du tout, et ils vivent joyeux et contens, ce qui pourtant n'est pas facile dans le meilleur des mondes possibles. C’est alors que le savetier fait fortune,et on ne sait comment. Le nouveau Crésus perd la voix et aussi son amour ; il commence à trouver que Mlle Louison n'est plus un parti sortable ; il faut d'ailleurs qu'il s'occupe de placer ses fonds, d'employer ses revenus. Que fait Ducerceau ? Quand il voit que les honneurs ont changé ]es mœurs du savetier, il feint d'avoir fait aussi fortune ; il montre un gros sac qu'il dit rempli d'argent, et qui ne contient que de la ferraille Le savetier est enchanté d'avoir un beau-père digne de lui ; mais on ne veut plus de lui pour gendre. Ducerceau vouloit faire la fortune d'un pauvre diable en lui donnant la main de sa fille ; et puisque le savetier est riche, il ne doit plus songer à Louison. Le savetier à qui sa nouvelle fortune a déjà ravi et sa gaieté et son somme, ne balance plus à forcer le financier de reprendre l'argent qu’il en a reçu ; c’est alors que Ducerceau vide son sac, et étale à ses yeux toute sa ferraille. Voilà nos gens aussi gueux que devant, et ils n'en sont que plus heureux. La morale est facile à tirer, et je trouverois au besoin cent proverbes pour l'exprimer : Ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux ; Contentement passe richesse, etc. etc. Les proverbes qui, comme chacun sait, sont la sagesse des nations, ne tarissent point sur cette matière ; ils ont reproduit cet axiome sous mille formes différentes. La sagesse des nations a raison sans doute ; cependant il est permis de croire que si les richesses ne conduisent pas directement au bonheur, c'est du moins un moyen assez prompt pour y arriver.

La pièce a réussi : il y a de la gaieté et de l'esprit. Bosquier-Gavaudan a bien saisi le ton rieur du gaillard savetier. Je suis fâché que les auteurs aient change son nom, et qu'ils l'aient appelé Sans-Quartier : c'est un nom de guerre ; pourquoi ne lui avoir pas conservé celui de sire Grégoire, qui lui convenoit d'autant mieux que c'est un déterminé buveur ?

Les auteurs ont été demandes ; ce sont MM. Merle et Brasier.

La première édition est parue chez le même Barba en 1815.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, année 1815, tome II, p. 194-196 :

THÉATRE DES VARIÉTÉS.

Le Savetier et le Financier, vaudeville en un acte, joué le 4 Mars.

Cette fable de La Fontaine avoit déja fourni le sujet de plusieurs pièces : celle-ci a obtenu du succès.

Le Savetier Sans-Quartier habite une petite chaumière auprès d'un beau château qui appartient à Mondor, riche financier. Sans-Quartier aime Louison, fille de Ducerceau, tonnelier. Hors son amour et sa gaieté, Sans-Quartier ne possède rien, et Louison n'est pas.plus riche; néanmoins le père Ducerceau consent à les unir. Mondor, chaque matin, est réveillé par les joyeuses chansons du Savetier :

          Et le financier se plaignoit
      Que les soins de la Providence
N'eussent pas au marché fait vendre le dormir
      Comme le manger et le boire.

Pour mettre fin à cette gaieté, Mondor donne 50 louis au savetier ; alors

          Plus de chant, il perdit la voix
Du moment qu'il gagna ce qui cause nos peines.

A ce trait excellent de morale, les auteurs en ont ajouté un autre : Sans-Quartier ressemble au Joueur de REGNARD, l'argent lui vient, son amour s'en va ; il dédaigne cette pauvre Louison que le matin il étoit trop heureux d'épouser ; elle confie son chagrin à son père qui, pour corriger Sans-Quartier, lui apprend qu'un oncle lui a légué 1500 francs, le Savetier alors fait part à son beau-père de sa nouvelle fortune ; ceci change mes dispositions, reprend le père; je voulois donner ma fille et mes 1500 francs à quelque pauvre diable comme tu l'étois ce matin, et dont j'aurois fait le bonheur ; mais, puisque tu es riche aussi, tu dois renoncer à Louison : Sans-Quartier force Mondor à reprendre son or ; mais alors Ducerceau lui montre son sac d'argent qui ne contient que de la vieille ferraille. Quoi ! s'écrie le Savetier, tu n'as pas le sol ? quel bonheur ! Mondor s'invite lui-même à la noce de Louison et de Sans-Quartier, en promettant au Savetier que désormais il lui donnera de l'ouvrage.

Cette pièce a été fort applaudie ; elle est de MM. MERLE et BRAZIER.

Pièce à ne pas confondre avec celle de Piis, le Savetier et le Financier.

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