Le Savetier et le financier

Le Savetier et le financier, imitation de la Fontaine, en un acte, en prose, de Piis. 16 vendémiaire an 2 [7 octobre 1793].

Théâtre du Vaudeville

Titre :

Savetier et le financier (le)

Genre

comédie avec vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose

Musique :

vaudevilles

Date de création :

7 octobre 1793

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Piis

Almanach des Muses 1794

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez le libraire du Théâtre du Vaudeville :

Le Savetier et le financier, imitation de Lafontaine En un Acte, en Prose, mêlée de Vaudevilles. Par le C. Piis, (du Département de Seine et Oise.) Représenté à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville le 16 Vendémiaire, de l'an 2e de la République une et indivisible.

                 Si tu veux de la Nation
Propager, en tous lieux, les principes sévères,
                 Muse, sur des airs populaires
                 Mets la morale en action.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1793, volume 11 (novembre 1793), p. 333-336 :

[Un bien grand article pour une petite pièce dont le sujet n'est pas neuf au théâtre. L'essentiel de l'article traite de la comparaison entre la pièce de Piis et la fable de La Fontaine qui lui sert de modèle. Piis est accusé de s'être « tellement éloigné du but moral de son auteur, que cette innovation n'a pas été très-avantageuse à sa piece » : il est certes crédité d'avoir mis dans sa pièce des « traits de patriotisme » hors sujet, mais très applaudis. Mais le portrait qu'il donne du savetier est moins riche pour « la connoissance du cœur humain ». Et l'intrigue sentimentale, indispensable dans un vaudeville est jugée sévèrement. Ce qui a le mieux réussi, ce sont les couplets, souvent redemandés. Et les interprètes sont jugés très favorablement.]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Le Savetier & le Financier, comédie en vaudevilles.

On a déjà mis tant de fois, & sous tant de formes, au théâtre le Savetier & le Financier, que nous nous dispenserons de citer la nomenclature des pieces que cette charmante fable de la Fontaine a fournies. Nous nous contenterons de parler du vaudeville joué, sous ce titre, derniérement sur ce théatre. L'auteur s'est tellement éloigné du but moral de son auteur, que cette innovation n'a pas été très-avantageuse à sa piece. On le loue cependant des traits de patriotisme qu'il a semés, traits qui sortoient du fond du sujet, & qui tous ont été applaudis comme ils pouvoient l'être : mais ici Mondor, financier, donne cent écus à Crépin, savetier, à condition qu'il ne chantera plus : condition à laquelle le savetier souscrit ; ce qui s'écarte beaucoup de la fable, où le financier dit à Grégoire :

.    .    .    .    .    .    .    .    .    . Or, ça, sire Grégoire,
Que gagnez-vous par an ? — Par an, ma foi, Monsieur,
            Dit avec un ton de rieur
Le gaillard savetier, ce n'est point ma maniere
De compter de la sorte, & je n'entasse guere
Un jour sur l'autre : il suffit qu'a la fin
            J'attrape le bout de l'année ;
            
Chaque jour amene son pain. —
Eh bien! que gagnez vous, dites-moi, par journées —
Tantôt plus, tantôt moins : le mal est que toujours,
Et sans cela nos gains seroient assez honnêtes,
Le mal est que dans l'an s'entremêlent des jours
Qu'il faut chommer : on nous ruine en fêtes :
L'une fait tort à l'autre, & monsieur le curé
De quelque nouveau saint charge toujours son prône.
Le financier, riant de sa naïveté,
Lui dit : je veux vous mettre aujourd'hui sur le trône :
Prenez ces cent écus, gardez-les avec soin,
            Pour vous en servir au besoin.
Le savetier crut voir tout l'argent que la terre
            Avoit, depuis plus de cent ans,
            Produit pour l'usage des gens.
Il retourne chez lui ; dans sa cave il enserre
L'argent & sa joie à-la-fois, &c. &c.

On voit que, dans la Fontaine, le savetier ne croit point qu'il va perdre sa gaieté & ses chansons ; ce qui ajoute à sa bonhomie, & donne plus de développement à la connoissance du cœur humain. Le financier n'y cherche point à séduire Blanchette, sa servante, ce qui est contre les bonnes mœurs : le savetier n'y refuse pas la main de Blanchette, sa maîtresse, en lui disant : Vous êtes veuve, vous avez déjà tâté du mariage, au-lieu que moi, j'ai toujours été garçon : en un mot, on n'y trouve point des tournures de phrases précieuses, ni des jeux de mots qui frisent le calembourg, comme boire à même la fontaine, pour dire qu'on a pris son sujet dans les fables de la Fontaine, &c. Néanmoins cette bagatelle, qui offre en même-tems d'autres couplets très bien tournés, de l'esprit & de la gaieté, a fait plaisir. On en a demandé l'auteur, & M. Carpentier est venu nommer Piis. M. Carpentier a montré une rare intelligence dans le rôle du savetier Crépin ; ce jeune acteur fait des progrès, que le public remarque & encourage tous les jours par de nombreux applaudissemens. M. Chapelle a mis toute la caricature & tout le comique qu'on lui connoît dans le rôle de Mondor, & Mlle. Delaporte a joué celui de Blanchette, avec cette grace & cette finesse qui la caractérisent.

Le public s'est amusé à faire répéter une foule de couplets, bons ou médiocres, de cet ouvrage : nous n'avons pu retenir que le charmant couplet d'annonce, qui a été chanté par M. Carpentier, à la fin de l'Abbé verd,

AlR : De la soirée orageuse.

La piece annoncée en ces lieux
Réclame une indulgence extrême ;
L'auteur, travaillant sur du vieux,
A fait le savetier lui-même.
Et moi, prenant le tablier,
J'en vais tenter l'emploi comique.
L'auteur & moi, dans ce métier,
Vous demandons votre pratique.

César : pas de Savetier dû à la plume de Piis dans la base César. Par contre, la base signale, au théâtre du Vaudeville, le 7 octobre 1793, la première de la pièce de François-Antoine Quétant, le Savetier et le Financier, ou contentement passe richesse. La pièce attribuée à Quétant (et qui, délivrée de son sous-titre qui appartient à d’autres, est très probablmeent la pièce de Piis) a été jouée 19 fois en 1793, et 21 fois en 1794. Reprise le 27 janvier 1796, elle a été jouée 6 fois cette année-là.

Elle ne doit pas être confondue avec Le Savetier et le financier, ou Contentement passe richesse, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles, Par MM. Merle et Brazier ; Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre des Variétés, le 4 Mars 1815.

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