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Le Schall, ou le Cachemire

Le Schall, ou le Cachemire, comédie en deux actes, imitée de l’anglois de Garrick, par Jean-François Boursault-Malherbe, le 23 décembre 1806.

Théâtre des Variétés-Étrangères

Titre :

Schall (le), ou le Cachemire

Genre

comédie

Nombre d'actes :

2

Vers ou prose ?

en prose

Musique :

non

Date de création :

23 décembre 1806

Théâtre :

Théâtre des Variétés-Étrangères

Auteur(s) des paroles :

Jean-François Boursault-Malherbe

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Antoine-Augustin Renouard, 1807 :

Le Schall, ou le Cachemire, comédie en deux actes, imitée de l’anglois de Garrick ; Représentée sur le théâtre des Variétés-Étrangères, le 23 décembre 1806.

Jean-François Boursault-Malherbe, auquel on attribue la paternité de cette pièce, était le directeur du Théâtre des Variétés-Étrangères.

 

Journal de Paris, n° 358 du 24 décembre 1806, p. 2624 :

[Le sujet de la pièce est peu commun, et visiblement la pièce divise le public : les uns s'en amusent, d'autres s'en indignent au nom de la morale. Le Schall est une pièce gaie, pleine d'imagination, qui tranche sur la médiocrité des productions nouvelles. L'intrigue est ensuite résumée : on suit les pérégrinations d'un schall, offert à une vieille coquette, et passe ensuite de l'une à l'autre avec la complicité du neveu du donateur, jusqu'à ce que le généreux donateur du début le retrouve, mettant fin au quiproquo. Sujet original donc, mais la pièce est mal construite, les incidents n'étant pas motivés. Mais les situations sont « neuves & comiques », et le dialogue « vif & piquant ». Hélas, il vaut mieux, d'après le critique parler de l'interprétation de la pièce, ce qui n'est pas rassurant. Mais le public était au rendez-vous.]

Théâtre des Variétés Étrangères,
rue Saint-Martin.

Le Schall. On ne devine pas facilement ce que peut faire un schall sur la scène, & comment il fournit le sujet d'une comédie ; tant mieux : la curiosité du public n’en est que plus vive, & l’auteur n'en a que plus de mérite s'il trouve moyen de la satisfaire.

Je ne sais si la pièce représentée hier sous ce nom au théâtre des Variétés Etrangères a précisément obtenu du succès ; tout ce que je puis dire, c’est qu’elle a complètement diverti l’auditoire, & qu’aucune marque d’improbation ne s’est hautement mêlée à ces témoignages de la gaieté publique ; les uns disoient : Que de folie ! les autres : quelles mœurs, quel ton & quel goût ! mais tous convenaient qu’il y avoit de l'imagination, de l’originalité & de l’esprit dans cette production étrangère, & qu’ils en préféroient, au moins pour le moment, la bizarre physionomie à l'insignifiance régulière de nos médiocres nouveautés.

Le schall dont il s’agit a été donné à une coquette surannée, par un capitaine anglais qui, pour la première fois de sa vie; s’est avisé de faire le galant & a eu le malheur d’être pris au mot. Cette femme montre son schall à toutes les personnes qu'elle connaît, & entre autres à lady Clara, sa voisine, qui aime le neveu du capitaine ; celle-ci, négligée par son amant, espèce d’homme à bonnes fortunes, cherche un prétexte de lui écrire  ; elle escamote le schall de la voisine, puis l’envoye à son infidèle en lui marquant qu’elle vient de recevoir ce cadeau sans en connaître l’auteur. « C’est sans doute de vous que je le tiens, lui dit-elle dans sa lettre, mais aux termes où nous en sommes, je ne puis, ni ne dois l’accepter. » Elle s’imagine que le galant va bien vite le lui renvoyer, ou plutôt le rapporter lui-même ; point du tout, il en fait à son tour présent à une dame de ses amies, & voilà la pauvre petite Clara dans l’embarras le plus cruel ; la vieille coquette cherche son schall, & ne tarde pas à se dire volée, ce qui fait esclandre dans la maison ; enfin le capitaine reconnoît le sujet de tout ce remue-ménage sur les épaules d’une jolie femme, à la sortie de l’Opera, & il prend cette dame pour la voleuse ; le neveu du capitaine paroît alors, & fait cesser le quiproquo.

Cette tournée du Schall & tout le discord qu’il cause en un moment, sont une idée fort originale. La contexture de la pièce est vicieuse, & aucun des incident n’est motivé avec vraisemblance ; mais outre que les situations sont neuves & comiques, le dialogue est vif & piquant, & l’air d’étrangeté dont parle Montaigne s’y trouve bien d’un bout à l’autre.

C’est avec regret que je garde le silence sur la manière dont la pièce a été jouée ; mais que les auteurs interrogent leur conscience, & ils me sauront gré de ma discrétion.

L'assemblée étoit nombreuse 8c brillante.

Courrier des spectacles, n° 3605 du 25 décembre 1806, p. 2 :

[La pièce du Schall est comparée à la célèbre danse du schall : pièce non régulière, mais pièce « piquante et agréable », la comédie repose sur la circulation d'un schall (un châle) qui passe d'une femme à l'autre, finit par revenir « sur le col suranné » sur lequel il était au début de la pièce. Ce n'est peut-être « pas une bonne pièce », mais « c'est au moins un ouvrage fort gai ».]

Théâtre Molière, Variétés Etrangères.

Le Schall.

La danse du Schall est déjà fort connue, mais on ne connoît point encore la comédie du schall ; il semble qu’il eût été plus facile de dessiner les figures d’un ballet à l’aide du schall, que le plan d’une pièce de Théâtre ; mais l’esprit ne trouve d’obstacle nulle part. La comédie du Schall est piquante et agréable. Toutes ses parties ne sont point régulières; mais elles ont de la gaîté et présentent des effets très-comiques. L’intrigue est simple et facile.

Un Capitaine anglais, épris des charmes d’une coquette surannée, lui fait présent d’un schall. Celle-ci court le montrer à toutes ses voisines ; elle le montre à Clara, jeune personne amoureuse du neveu du Capitaine. Clara le lui escamote, et comme elle est mécontente de l’indifférence de son amant, elle le lui envoye, en lui écrivant que quelqu’un lui a envoyé ce schall, qu’elle ne peut soupçonner que lui ; mais que dans les termes où ils en sont, elle ne peut l’accepter. Elle croit, par cette ruse, piquer d'honneur son infidèle.

L’infidèle est sourd ; il profite de l’occasion pour faire présent du schall à une autre personne. La coquette surannée réclame son chall, Clara est dans le plus grand embarras ; le Capitaine se met à la recherche ; à force de soins il parvient à trouver son schall sur les jolies épaules d’une charmante personne, qui sort du spectacle. Grande et vive discussion ; le Neveu survient, explique tout, le schall retourne sur le col surranné auquel il avoit été destiné.

Tout ceci n’est qu’une plaisanterie dont les incidens amusent. Si ce n’est pas une bonne pièce de théâtre, c’est au moins un ouvrage fort gai.

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