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Le Souper des Jacobins

Le Souper des Jacobins, comédie en un acte, en vers, par Armand Charlemagne. 25 ventose an 3 [15 mars 1795].

Théâtre de la rue Martin.

La pièce fait partie de la grande vague de pièces anti-jacobines qui déferlent sur les théâtres parisiens de février à avril 1795.

Titre :

Le Souper des jacobins

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

vers

Musique :

non

Date de création :

25 ventôse an 3 (15 mars 1795)

Théâtre :

Théâtre de la rue Martin, ci-devant de Molière

Auteur(s) des paroles :

Armand Charlemagne

Almanach des Muses 1796.

De l'esprit de la gaîté, comme dans la plupart des petites comédies de cet auteur.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez les Marchands de pièces de Théâtre :

Le Souper des Jacobins, comédie en un acte, en vers, Représentée, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de la rue Martin, ci-devant de Molière, le 25 Ventôse, an 3e de la République; Par Armand Charlemagne.

Ce qu'on pensa n'est rien, le tout est ce qu'on fit.

Sur la page de titre de la brochure parue en 1797, à paris, chez Barba, et qui représente la quatrième édition, l’épigraphe a changé:

Je mettais de la poudre, et mon linge étoit fin,
    Et mon écrou portoit que j’étois muscadin.

Le Républicain du Nord, journal publié à Bruxelles, dans ses numéros de Pluviöse an V, rend compte des difficultés que la pièce a rencontré lorsqu’on a tenté de la jouer à Bruxelles, en 1797 :

  • n° 448 (15 pluviôse an V, 3 février 1797), p. 4 : arrêté de l’administration centrale du départemetn de la Dyle, à la suite de la décision de l’administration municipale de la commune & canton de Bruxelles d’interdire la représentation de la pièce, interdiction que le théâtre n’a pas respectée : la pièce ayant provoqué « une sorte de tumulte scandaleux », elle est bien interdite, mais le théâtre peut rouvrir;

  • n° 451 (18 pluviôse an V, 6 février 1797), p. 3: reproduction d’une lettre du général Salme aux officiers municipaux de Bruxelles, qui affirme que la pièce aya,té été jouée sans trouble, leur arrêté l’interdisant est caduc, ce dont le rédaction du Républicain du Nord s’indigne : le rôle de l’armée est de défendre les lois, pas de les enfreindre. Le rédacteur poursuit en soulignant que ce n’est pas à l’autorité militaire de permettre la représentation, comme le disait l’affiche et en protestant contre l’arbitraire du régime militaire ;

  • n° 458 (25 pluviôse n V, 13 février 1797), p. 3: un très long article revient sur la violation de l’arrêté de l’administration de Bruxelles que constitue la représentation de la pièce sous l’autorité militaire et s’en prend particulièrement à un journal concurrent, le Troubadour, favorable aux représentations (et à l’autorité militaire); l’article est d’une grande violence envers le Troubadour...

  • n° 465 (2 ventôse an V, 20 février 1797), p. 3 : reproduction d’une lettre adressée par les officiers d’une demi-brigade d’infanterie à un journal parisien, pour démentir une affirmation de ce journal: non, toute la garnison de Bruxelles n’a pas demandé cette représentation ; il s’agit de montrer que l’interdiction de la pièce ne cause aucun trouble si on excepte quelques personnes dont la conduite est qualifiée d’indécente ; puis le journal publie une lettre du régisseur du grand théâtre de Bruxelles au rédacteur du journal lui demandant de publier une lettre qu’il a reçue de Charlemagne, l’auteur de la pièce ; une très longue lettre en vers, que le journal publie ; Charlemagne y règle des comptes manifestement importants avec Marie-Joseph Chénier (le texte est rempli d'allusions aux pièces de l'illustre Jacobin).

L'auteur du Souper des Jacobins, au citoyen Verteuil, régisseur au théâtre de Bruxelles.

Mon ami, vous êtes trop bon,
De hasarder ma comédie
Sur le théâtre brabançon ;
Et de rappeller à la vie
Une chétive facétie,
Qui, sur un modeste tréteau,
Eut à Paris, malgré l’envie,
Un grand succès incognito.
Cette sentence est bonne & belle ;
Nul n'est prophète en son pays.
Je suis ignoré dans Paris ;
Mais je fais scandale à Bruxelle.
Cependant, je tremble pour vous,
Votre incartade est peu fière,
Et vous risquez le grand courroux
Des héritiers de Robespierre ;
En vain on musela ces loups,
Ils ont gardé leur caractère ;
De près on a scié leurs dents,
Mais ils rugissent, ils observent ;
Un chicot reste aux mécréans,
Et pour vous mordre ils le conservent.
A ces messieurs, dans vos tableaux,
Vous avez déclaré la guerre ;
Vite, c'est la paix qu'il faut faire,
Si vous voulez vivre en repos.
Vous les avez sur votre scène
Bernés, peut être imprudemment ;
Chantez pour eux une autre antienne,
Et jouez-leur incessamment
Quelque chose qui leur convienne;
Un joli drame, à grand tableau,
Aux grands effets, de couleur noire,
Où l'on voie quelque tombeau
Pour bien égayer l’auditoire,
Et pour dénouement, le bourreau ;
Quelque civique comédie,
Qui prête au beau déclamateur ;
Quelque terrible tragédie
De l'ancien bon genre, où l'on rie
Comme au bon temps de la terreur ;
Prenez ce chef d'œuvre énergique,
Où ce tribun du peuple en us (1)
Fait un serment fi pathétique
Aux fiers enfans de Romulus,
Et fait, dans son brûlant délire,
Passer ces civiques fureurs
Aux ames de ses auditeurs,
Pour qu'en cendres ils aillent réduire
I.es maisons de leurs sénateurs ;
Cette autre pièce point chouane,
Timoléon, dit le grand,
Egorge très-civiquement
Son pauvre frère Timophane,
Hélas! plus bête que méchant.
Voulez-vous bien satisfaire ?
Donnez-leur pour ce carnaval,
Du tocsin & du cardinal, (2)
Bénissant la jacobiniere ;
Mais de l'œuvre, pour mieux leur plaire?
Otez Bourbon & l’Hôpital.
Affichez vite, mon cher frère,
Cela pourra vous répugner ;
Mais c’est à ce prix que j’espère
Qu’on voudra bien vous pardonner.
A l’ami Chénier, je vous prie,
Ne montrez pas ce rogaton ;
Il diroit: « C’est de l’ironie, »
Et croyez qu’il auroit bien raison.

Charlemagne, l’aîné.

D’après la base César, la pièce d’Armand Charlemagne a été jouée essentiellement au Théâtre de la rue Martin: 26 fois en 1795, du 15 mars au 7 septembre ; 16 fois en 1796, du 26 juillet au 21 décembre ; 16 fois en 1797, du 5 mars au 12 août. Elle a été également jouée à l’Ambigu-Comique (1 fois en 1795), au Théâtre du Lycée des Arts (4 fois en 1795), aux Variétés Amusantes, Comiques et Lyriques (1 fois en 1795), au Théâtre Montansier (2 fois en 1797). Soit 58 fois au Théâtre de la rue Martin et _ fois dans d’autres théâtres.

(1) Cajus Gracchus.

(2) Charles IX.

 

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