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Les Sabotiers béarnais ou la Faute d’orthographe

Les Sabotiers béarnais, ou la Faute d’orthographe, vaudeville en un acte, en prose, de Moreau et Gentil, 23 avril 1810.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Sabotiers béarnais (les), ou la Faute d’orthographe

Genre

vaudeville en prose

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

23 avril 1810

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Moreau et Gentil

Almanach des Muses 1811.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1810 :

Les Sabotiers béarnais, ou la Faute d'orthographe, vaudeville en un acte, en prose, Par MM. Moreau et Gentil. Représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le lundi 23 avril 1810.

La pièce de Moreau et Gentil n'a pas reçu un bon accueil, en raison des invraisemblances qu'on lui reproche, et les comptes rendus dans la presse reflètent l'ambiance houleuse de la première représentation.

Mercure de France, journal littéraire et politique, volume quarante-deuxième (1810), n° CCCCLX (Samedi 12 Mai 1810), p. 112-113 :

[L’article commence par le résumé de l’intrigue (une histoire de père parti en Amérique qui revient quand sa fille est prête à se marier, qui tente d’empêcher ce mariage, et qui en fait le provoque à cause d’une faute d’orthographe). Après ce résumé, le critique en signale le peu d’originalité : pour la première partie on reconnaît Alexis et Justine, opéra (comique) en deux actes de Monvel (1785) ; la seconde est une accumulation invraisemblable d’événements. Première représentation houleuse, malgré des couplets qui, « sans jeux de mots ni calembourgs, mais francs et spirituels, auraient dû désarmer la critique ».]

Théâtre du Vaudeville. – Les Sabotiers Béarnais, ou la Faute d'orthographe, vaudeville en un acte.

Maurice, pauvre bûcheron béarnais, s'est embarqué pour l'Amérique dans l'espérance d'y faire fortune. Il a laissé en partant Mariette sa fille en bas âge, à la garde de Mathias, le sabotier son ami, qui, pendant vingt ans, lui a prodigué les soins et la tendresse d'un père. Georget, fils de Mathias, lui destine ceux d'un amant et d'un époux ; Mathias et sa femme trouvent son projet très-raisonnable ; et les préparatifs très-gais de la noce se font au milieu d'une forêt voisine de Pau, lorsque Maurice, qu'on n'attendait plus, arrive tout-à-coup d'Amérique. Il a fait fortune, il est devenu fier et dur, et ne veut point entendre parler du mariage de sa fille avec le fils d'un sabotier ; une amitié qui date de leur enfance, et vingt ans de bienfaits, sont oubliés dans un instant. Jusqu'à présent il n'y a rien malheureusement dans tout ceci qui blesse la vraisemblance : mais ce qui suit la contredit à chaque instant. Une affaire de la plus grande importance rappelle Maurice à la ville : au lieu d'emmener Mariette avec lui, il part seul, et la laisse encore entre les mains de Mathias. A peine est-il éloigné que Mathias veut tenter un dernier effort. Il écrit à Maurice, et lui demande de retirer sur-le-champ sa fille s'il persiste à ne plus vouloir l'unir à Georget. Le messager revient bientôt avec la réponse de Maurice, qu'il a trouvé à mi-chemin de Pau. Cette réponse est fort amicale : Maurice y reconnaît, comme Mathias, la nécessité de prendre un parti, et en conséquence il prie son ami de conduire lui-même sa fille à l'autel. Malgré la surprise que cause un changement si subit, il est trop agréable pour qu'on en doute, et Maurice est ponctuellement obéi. La noce se rend à l'église, et Maurice ne revient de Pau que pour trouver Georget uni à Mariette ; il s'indigne, il s'emporte ; il veut faire casser un mariage contracté sans son autorisation. Alors on lui montre sa lettre. C'était à l'hôtel qu'il possède à Pau que Maurice avait demandé que l'on conduisît sa fille ; mais au lieu d'hôtel il a écrit autel, et voilà ce que c'est que de ne pas savoir l'orthographe. Il paraît cependant que cette ignorance n'a pas paru suffisante aux auteurs pour consolider le dénouement, et ils ont employé pour y parvenir un moyen qui ne fait pas trop d'honneur à Maurice. Au milieu de sa colère, il reçoit une lettre de Pau, par laquelle il apprend qu'une banqueroute vient de le dépouiller de sa fortune ; alors redevenu presqu'aussi pauvre qu'avant son départ, il n'a plus rien de mieux à faire que de consentir à l'union de sa fille avec le fils du bon Mathias.

La première partie de cette intrigue a une ressemblance très-marquée avec Alexis et Justine, ressemblance d'autant plus fâcheuse que dans l'opéra de M. Monvel le refus du père d'Alexis est bien motivé ; tandis que dans les Sabotiers, au contraire, Maurice qui a été long-tems lui-même un pauvre paysan, et qui pendant vingt ans a totalement négligé sa fille, a fort mauvaise grace de ne reparaître au bout de ce tems que pour s'opposer à son bonheur, et payer les soins de Mathias de la plus basse ingratitude. Quant à la seconde partie, on a déjà pu remarquer combien elle pèche contre la vraisemblance, et l'on en sera encore plus frappé si l'on songe que c'est dans un demi-acte que s'accumulent tant d'événemens.

La première représentation de cette pièce a été orageuse. Accueillie d'abord trop favorablement, peut-être a-t-elle été traitée ensuite avec trop de rigueur. A ce théâtre où la vraisemblance est comptée pour peu de chose et la gaieté pour beaucoup, plusieurs couplets sans jeux de mots ni calembourgs, mais francs et spirituels, auraient dû désarmer la critique.

Les auteurs sont MM. Moreau et Gentil.

L'Esprit des journaux français et étrangers, année 1810, tome VI, juin 1810, p. 279-281 :

[Le critique commence par donner la source de la pièce, un conte dont il pense qu’il ne fournit pas assez de matière pour une pièce en plusieurs actes. Il résume ensuite l’intrigue, en deux parties, d’abord le retour du père parti au loin et qui revient au moment où on va marier sa fille, puis l’erreur que ce père commet en faisant une faute d’orthographe qui paraît demander un mariage auquel il s’opposait jusque là. Cette deuxième partie est aux yeux du critique un tissu d’invraisemblances, dont l’examen permet de savoir ce qu’on peut accepter pour possible quand on est critique de théâtre. La première représentation a été agitée : le critique ne peut rendre « un compte exact » de la fin. Si le début s’était bien passé, le soutien des amis de l’auteur a fait naître une vive opposition, une bataille entre applaudissements et sifflets. Le jugement final souligne l’insuffisance de l’intrigue, tout en reconnaissant que la pièce « est d’un bon ton de vaudeville », qui « n'offre ni jeux de mots, ni concetti, ni fadeurs ». Ce qui permet de penser que les auteurs peuvent mieux faire en choisissant de meilleurs sujets.]

Théâtre du Vaudeville.

Les Sabotiers béarnais, ou la Faute d'orthographe, comédie en un acte.

Un petit conte de M. Ducray-Duminil, inséré dans le journal du Caveau moderne, a fourni le sujet de ce vaudeville. Ce conte peut être très-plaisant, mais le fonds en était trop léger pour qu'on pût en tirer plusieurs actes, et les événemens ne s'y suivent pas d'assez près pour être rassemblés en un seul. C'était donc un calcul un peu hasardé que de le transporter an théâtre, et nos lecteurs s'en appercevront bientôt.

Deux paysans béarnais, Mathias et Maurice, s'aimaient dès l'enfance. Mathias, le sabotier, était le plus riche et n'en était pas plus fier. Maurice, le bucheron, était si pauvre qu'il résolut enfin de faire fortune, sauf à décider ensuite s'il prendrait aussi de la fierté, Il s'embarqua pour l'Amérique, laissant sa fille Mariette aux soins de Mathias ; Mariette en profita, grandit, devint très-jolie, et fut bientôt aimée de tous les garçons du village, mais sur-tout de Georget, fils de Mathias. Le bon sabotier ne vit rien de plus naturel que de les marier ensemble, et ce sont les préparatifs de la noce qu'éclaire le lever du rideau. Ils sont fort gais ; le tabellion arrive avec le contrat ; Mathias, sa femme et les jeunes gens le signent ; quant à Maurice, étant absent depuis vingt ans sans avoir donné de ses nouvelles, on déclare que son consentement n'est point nécessaire et qu'il est mort civilement. Il n'y a donc plus qu'à se rendre à l'église lorsque Maurice arrive tout-à-coup. Il a réellement fait fortune aux îles, et ses richesses ont changé ses mœurs. Il embrasse pourtant d'assez bon cœur Mathias et sa femme, mais il ne veut point entendre parler du mariage de sa fille avec Georget.

Ici commencent les invraisemblances. Il semble en effet que Maurice, obligé de retourner à Pau pour une affaire d'où dépend, dit-il, toute sa fortune, devait emmener avec lui sa fille, puisqu'il y possède un hôtel et qu'il a une voiture à ses ordres. Au lieu de cela, il la laisse encore entre les mains de Mathias. A peine est-il sorti, que Mathias, qui avait juré de ne plus lui parler, se détermine a lui écrire pour lui demander à consentir au mariage de sa fille ou de la séparer sur-le-champ de Georget. Il fait monter un valet de ferme à cheval pour aller porter la lettre. Il y a une demi-lieue du village à Pau. Le valet rencontre Maurice à moitié chemin ; Maurice descend de voiture pour répondre, et le messager revient aussitôt. Pendant cet intervalle, l'action a langui sur la scène ; mais enfin le valet arrive, et apporte le dénouement, opéré, comme on s'en doute bien, par une faute d'orthographe. La réponse de Maurice est fort amicale ; il fait des excuses : il convient qu'il est temps de songer au mariage de sa fille. Au reçu de ma lettre, dit-il en la finissant, je te prie, mon cher Mathias, de conduire toi-même ma fille à l'autel. La conversion paraît un peu brusque. Comment accorder ce consentement formel avec le refus péremptoire qui ne l'a précédé que de quelques instans ? On consulte le magister du lieu qui est aussi le notaire. La lettre lui paraît positive, et il conseille aux gens de la noce de se rendre sur-le-champ à l'église où ils trouveront encore le curé. Le pauvre homme est bien excusable : comment aurait-il deviné que Maurice a écrit l'autel pour l'hôtel ? Orthographe à part, il n'était pas vraisemblable que Maurice chargeât Mathias d'amener sa fille à Pau, à pied sans doute ou en croupe sur un cheval de ferme, tandis qu'il était lui-même dans une bonne voiture, et qu'il n'avait qu'à retourner sur ses pas d'un quart de lieue pour reprendre sa fille et la conduire à son hôtel. L'affaire qui le rappellait à Pau n'était pas si pressée qu'une mi-heure de retard pût y faire tort ; et cela est si vrai qu'à peine la noce est-elle sortie par un côté du théâtre, que Maurice rentre par l'autre, sans avoir vu son banquier à Pau. L'action est de nouveau suspendue. Maurice chante des couplets pour amuser le tapis, jusqu'à ce que la noce revienne ; et l'on peut se figurer sa surprise et sa colère en apprenant ce qui vient de se passer. Il ne veut écouter ni raisons ni prières : mais enfin une seconde lettre vient parfaire le dénouement : elle est adressée à Maurice, et lui apprend qu'il est ruiné. Nous ne pouvons rendre un compte exact de ce qui se passe ensuite. Nous dirons en gros que l'on finit par être d'accord ; mais pour les détails, il nous est impossible d'en rien entendre

Depuis long-temps, en effet, nous n'avions vu au Vaudeville une représentation aussi orageuse. Elle avait cependant fort bien commencé. Du mouvement, du spectacle, de la gaieté, des couplets francs et sans prétentions avaient disposé favorablement l'auditoire. Par malheur, les amis en ont abusé ; ils ont applaudi avec trop de zèle ; ils ont redemandé certains couplets avec trop d'empressement, les acteurs les ont répétés avec trop de complaisance. Des bis ironiques ont alors succédé aux bis officieux ; les invraisemblances se sont développées, quelques couplets ont déplu ; il s'est établi une de ces luttes d'applaudissemens et de sifflets où le bien que font les uns ne compense jamais le mal que font les autres ; et c'est avec beaucoup de peine, qu'au milieu de ce vacarme, on est parvenu à nommer les auteurs, MM. Moreau et Gentil. Nous croyons que ces jugemens si divers étaient également exagérés. Les Sabotiers béarnais ne sont point un bon ouvrage ; l'intrigue en est trop vicieuse pour qu'ils pussent prétendre à un véritable succès ; mais cette bagatelle est d'un bon ton de vaudeville. Elle n'offre ni jeux de mots, ni concetti, ni fadeurs. Ce mérite assez rare, et qui donne lieu d'espérer que les auteurs feront de meilleurs ouvrages quand ils choisiront mieux leurs sujets, aurait dû faire traiter celui-ci avec plus d'égards et d'indulgence.                                   G.

Mémorial dramatique, ou Almanach théâtral pour l'an 1811, cinquième année, p. 143-145 :

[Résumé de l’intrigue, puis courte phrase de jugement. Quelques fautes d’orthographe, sans doute pour être à l’unisson de la pièce.]

Les Sabotiers Béarnais, ou la Faute d'orthographe, comédie en un acte, par MM. Moreau et Gentil. (23 avril.)

Deux paysans béarnais, Mathias et Maurice, s'aimaient dès l'enfance. Mathias, le sabotier, était le plus riche et n'en était pas plus fier. Maurice, le bûcheron, était si pauvre qu'il résolut enfin de faire fortune, sauf à décider ensuite s'il prendrait aussi de la fierté. II s'embarqua pour l'Amérique, laissant sa fille Mariette aux soins de Mathias; Mariette grandit, devint très-jolie et fut bientôt aimée de tous les garçons du village, mais sur-tout de Georget, fils de Mathias. Ce bon sabotier ne vit rien de plus naturel que de les marier ensemble, et ce sont les préparatifs de la noce qu'éclaire le lever du rideau. Ils sont fort gais ; le tabellion arrive avec le contrat ; Mathias, sa femme et les jeunes gens le signent ; quant à Maurice, étant absent depuis vingt ans sans avoir donné de ses nouvelles, on déclare que son consentement n'est point nécessaire et qu'il est mort civilement. Il n'y a donc plus qu'à se rendre à l'église, lorsque Maurice arrive tout-à-coup. Il a réellement fait fortune aux isles, et ses richesses ont changé ses mœurs. Il embrasse pourtant d'assez bon cœur Mathias et sa femme, mais il ne veut point entendre parler du mariage de sa fille avec Georget.

Maurice, obligé de retourner à Pau pour une affaire d'où dépend, dit-il, toute sa fortune, devait emmener avec lui sa fille, puisqu'il y possède un hôtel et qu'il a une voiture à ses ordres. Au lieu de cela, il la laisse encore entre les mains de Mathias. A peine est-il sorti, que Mathias, qui avait juré de ne plus lui parler, se détermine à lui écrire pour lui demander de consentir au mariage de sa fille ou de la séparer sur-le-champ de Georget. Il fait monter un valet de ferme à cheval pour porter la lettre. Il y a une demi-lieu [sic] du village à Pau. Le valet rencontre Maurice à moitié chemin, et apporte le dénouement, opéré par une faute d'orthographe. La réponse de Maurice est fort amicale ; il fait des excuses ; il convient qu'il est tems de prendre un parti sur le mariage de sa fille. « Au reçu de ma lettre, dit-il en la finissant, je te prie, mon cher Mathias, de conduire toi-même ma fille à l'autel. » On consulte le magister du lieu, qui en est aussi le notaire. La lettre lui paraît positive, et il conseil [sic] aux gens de la noce de se rendre sur-le-champ à l'église. On se hâte de marier les deux amans ; Maurice revient, et entre dans une fureur épouvantable ; on lui montre sa lettre ; il déclare que son intention était de mander sa fille à l'hôtel, et non de l'envoyer à l'autel, mais il ne peut imputer qu'à lui-même les effets de ce quiproquo. D'ailleurs il vient de perdre une grande partie de la fortune qui le rendait si orgueilleux, et redevenu pauvre comme son gendre, il ne voit plus qu'une heureuse union dans ce qu'il appelait une mésalliance.

Cette pièce a eu un succè [sic] contesté.

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