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Saakem, ou le Corsaire

Saakem, ou le Corsaire, mélodrame en trois actes, à spectacle, d’Alexandre Bernos, musique de Quaisain et D***, ballet de M. Richard, 16 décembre 1807.

Théâtre de l’Ambigu-Comique.

Les journaux du temps (Journal de Paris, 20 janvier 1808, Journal de l’Empire, 23 juillet 1808) annoncent la publication d’un air militaire de Saakem ou le Corsaire, chanté au théâtre de l’Ambigu-Comique par M. Rafille, musique de Thollé, paroles de M. Alexandre Bernos. Le collaborateur de Quaisin pourrait donc être Thomas Thollé, né à Liège vers 1760 et mort en 1823.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Madame Cavanagh, 1808 :

Saakem, ou le Corsaire, mélodrame en trois actes, à spectacle, Par M. Alexandre Bernos. Musique de MM. Quaisain et D***, Ballet de M. Richard, Pensionnaire de l’Académie Impériale de Musique. Représenté, pour la première fois, sur le Théâtre de l’Ambigu-Comique, le Mercredi 16 décembre 1807.

Mémorial dramatique ou Almanach théâtral pour l'an 1808, p. 176-178 :

[Une tentative courageuse de résumer l’intrigue du mélodrame (pas simple du tout, cette intrigue), puis un court paragraphe de jugement : le « mélodrame, très-compliqué, offre beaucoup de mouvement, mais peu d'action » ; le rôle le plus valorisé est celui du gascon (un personnage typique du théâtre du temps), très bien interprété ; et la pièce, « malgré ses nombreux défauts, a eu un succès assez flatteur ».

Saakem, ou le Corsaire, mélodrame en 3 actes ; paroles de M. Alex. Bernos, musique de M. Quaisain, ballets de M. Richard. (11 décembre.)

Un corsaire nommé Saakem, fils d'Omar, riche armateur, a déjà fait plusieurs prises importantes ; il doit au retour de sa croisière épouser la belle Zulmène, sa cousine, élevée dans la maison d'Omar ; mais la jeune personne, qui desire en secret de revoir la France, la patrie de sa mère, ne répond guère à son amour. Osmar vient d'acheter un jeune esclave Français, nommé Charles Darcourt, qui n'a pu voir Zulmène sans éprouver le plus vif sentiment ; Zulmène, de son côté, soupire pour le Français. Charles rencontre parmi ses camarades d'esclavage un gascon nommé Verdac, qu'il a connu autrefois, et que le sort a depuis attaché à Omar. Ce Verdac, quoique gascon, est brave et entreprenant ; c'est un gascon d'une gaîté inaltérable. Ils se concertent tous deux sur les moyens de briser leurs chaînes et d'enlever Zulmène, Charles profite d'une fêle qu'Omar donne à Saakem, pour célébrer son retour, et donne un rendez-vous à Zulmène pour la nuit suivante ; mais on découvre leur intelligence : Saakem se rend au lieu de l'entrevue, et n'y trouve qu'une vieille esclave. Furieux de s'être mépris, il ordonne d'amener Charles, et commande de l'enfermer dans une tour. Omar veut l'interroger lui-même, et satisfait de ses réponses, il fait mettre en prison à sa place le vieil eunuque qui l'a accusé ; celui-ci trouve dans la tour une lettre de Zulmène à Charles, et fait de nouveau arrêter le Français. Le corsaire voulant l'interroger lui-même, Charles lui répond par la fenêtre de la prison de manière à exciter sa jalousie : Saakem s'élance dans la tour pour le tuer ; mais Charles s'échappe par la fenêtre, et Saakem reste à son tour prisonnier. Charles et Zulmène se réfugient, par les soins de Verdac, dans la maison d'Isouf, riche musulman. Omar et son fils les y poursuivent, et un Cadi les accompagne ; mais Verdac, profitant de l'instant où Saakem est seul, le désarme, et le force d'entrer dans le cabinet secret d’Isouf, où Charles et Zulmène se sont retirés. Omar revient quelque tems après accompagné de gardes ; il veut enfoncer la porte. Charles et Verdac se présentent avec des armes ; les soldats les couchent en joue, mais Omar, qui voit son fils au milieu de ses ennemis, et exposé à périr avec eux, défend de faire feu, On annonce dans ce moment l'arrivée du Visir ; c'est Isouf lui-même, qui vient d'être élevé à cette dignité : il fait rendre la liberté aux deux amans et à Verdac ; pour Saakem, il se console par l'espoir de se dédommager bientôt par de nouvelles expéditions.

Ce mélodrame, très-compliqué, offre beaucoup de mouvement, mais peu d'action ; il y a plusieurs situations qui produisent beaucoup d'effet. Le rôle du gascon Verdac est riche de mots heureux et de saillies ; Raffile, qui le joue, y met beaucoup de gaité. Enfin cet ouvrage, malgré ses nombreux défauts, a eu un succès assez flatteur.

Variétés littéraires, par M. Dumas, de l’Académie de Lyon, tome I (1808), p. 137.

[Récit d’une non représentation du mélodrame. Ce qui est intéressant, outre le jugement sévère sur la pièce, c’est ce qui paraît avoir motivé le remplacement de Saakem par un Pauvre Jacques. On aurait craint une représentation houleuse...]

On avait annoncé la seconde représentation de Saakem ou le Corsaire, avec des changemens, et on a changé tout-à-fait le spectacle. C'est Pauvre Jacques qu'on a représenté, attendu une subite indisposition de M. Hypolite. Des gens qui se prétendent bien informés soutiennent qu'on a craint de voir éclater sur le mélodrame une horrible tempête, que les nuages étaient amoncelés, que l'orage grondait, que les vents déchaînés allaient mugir, et qu'un ennemi puissant se préparait à fondre sur le corsaire déjà démâté ; et comme

        Corsaires à Corsaires
Ne font point entr'eux leurs affaires,

on a calé les voiles, viré de bord et louvoyé. Toutefois le public n'a rien perdu à cette manœuvre. On a substitué un vaudeville plein d'intérêt à un mélodrame qui en est dépourvu.

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