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Stanislas en Voyage, ou le Jour des Rois

Stanislas en Voyage, ou le Jour des Rois, vaudeville en un acte, de Théaulon et ***, 6 janvier 1812.

Théâtre du Vaudeville.

La présence d’un coauteur n’est supposée que par un compte rendu.

Titre :

Stanislas en voyage, ou le Jour des Rois

Genre

vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

6 janvier 1812

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

MM. Théaulon et ***

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Mme. Masson, 1812 :

Stanislas en voyage, ou le Jour des Rois, vaudeville en un acte, par M. Théaulon. Représenté au théâtre du Vaudeville, le 6 janvier 1812.

L’Ambigu, ou Variétés littéraires et politiques, volume XXXVI (à Londres, 1812), n° CCCXX (20 février 1812), p. 362 :

[Jugement positif : pièce morale qui en cela intéresse tout les hommes. L’intrigue est résumée de manière naïvement favorable, et le mérite de la pièce est attribué aux couplets, pleins d’esprit et de gaîté, et plus encore au jeu de l’actrice qui joue la fille de l’aubergiste.]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Première Représentation de Stanislas en Voyage.

Je ne puis dire qu'un mot de cette nouveauté qu'on a très-bien accueillie ; on est toujours enchanté de voir les dieux de la terre, dépouillés de leur majesté, converser avec les simples mortels, et entendre la vérité à la faveur du voile qui les couvre ; cela intéresse tous les hommes. On suppose que le bon roi Stanislas, voyageant dans ses états, est attendu dans certain village ; son maître d'hôtel, qui l'a devancé, est pris pour le roi, et on lui rend des honneurs qu'il reçoit sans façon. Il dîne dans cette auberge ; mais pendant qu'il s'amuse à y faire le roi, le véritable roi arrive ; il est reçu non pas en roi, mais avec cordialité et comme un bon homme. On l'invite à dîner, mais on ne le sert pas comme le faux roi, dans une chambre particulière ; on le fait manger à la table commune. On tire le gâteau des rois, car c'est le jour des Rois que la pièce a été représentée. La fève a plus de discernement que l'aubergiste, elle tombe au roi véritable. Aux cris redoublés de vive le roi, le faux roi sort de sa chambre, et en arrivant sur la scène, reconnaît son maître. La fille de l'aubergiste lui demande la grâce de son amant, jeune soldat qui s'est battu contre son major. Le faux roi refuse cette grâce ; le véritable se fait connaître en disant : "Je l'accorde." Après cet acte de clémence, Stanislas en fait un de justice en punissant le maître-d'hôtel» Il y a de l'esprit et de la gaité dans les couplets; mais le principal ornement de ce vaudeville est le jeu de Mlle Desmares, qui remplit le rôle de la fille de l'aubergiste; elle s'en acquitte avec beaucoup de grâce et de naïveté.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 17e année, 1812, tome I, p. 171-172 :

[Article essentiellement consacré à l’analyse favorable de l’intrigue. Il suffit ensuite d’ajouter qu’elle ressemble à d’autres pièces plus ou moins connues, de dire qu’elle a réussi, et de citer les deux auteurs, dont l’un reste anonyme.]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Stanislas en voyage, ou le Jour des Rois, vaudeville en un acte, joué le 6 janvier 1812.

L'action se passe en Lorraine. Stanislas voyage, précédé de quelques-uns de ses domestiques. Son maître-d'hôtel et son cuisinier arrivent dans une auberge où l'on est instruit de l'approche du prince ; les bons Lorrains s'imaginent qu'un de ces deux voyageurs est Stanislas.... les drôles profitent de cette erreur pour s'emparer de la seule chambre un peu décente, et le maître-d'hôtel reçoit gravement tous les hommages adressés à son maître. Un accident arrivé à la voiture du prince le force à s'arrêter dans la même auberge ; on le prend pour un officier de Stanislas, et on l'invite sans façon à faire les rois en famille. Il accepte.... ; on tire le gâteau; il est roi.... Le vrai roi, lui dit-on, soupe dans la chambre voisine, buvons à sa santé, et crions de toutes nos forces, vive le roi, ça flattera ce bon prince. Le maître-d'hôtel sort et remercie majestueusement ces braves gens. La fille de l'aubergiste, dont l'amant, jeune militaire, est obligé de se cacher pour une faute de discipline, demande sa grâce au faux roi qui la refuse..., et moi je l’accorde, dit Stanislas, qui se fait reconnoître ; il ordonne à l'usurpateur de prélever sur ses états une dot pour la jeune fille, c'est en l'obligeant à faire du bien qu'il le punit d'avoir pris son nom.

Cette pièce offre des ressemblances avec le Faux Stanislas et la Partie de chasse de Henri IV. Elle a réussi. Les auteurs sont MM. Théaulon et M. ***.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome II, février 1812, p. 293-296 :

[Sous un titre unique, cet article fait la critique de deux pièces, l’une qu’il ne souhaite pas évoquer, et qui porte le titre éminemment prémonitoire de Chut, l’autre qu’il veut louer, ce Stanislas ou le Jour des Rois, habituellement connu sous le titre de Stanislas en voyage ou le Jour des Rois. Cette fois le public, écoutant le couplet d’annonce, a fait un accueil favorable à la pièce. Celle-ci repose sur une anecdote concernant le roi Stanislas, mais le critique n’en garantit pas l’authenticité, mais seulement la vraisemblance ou la possibilité (même si ce genre d’anecdotes court, au moins au théâtre, sur bien d’autres souverains, mais l’article n’en dit rien). L’intrigue nous montre un roi bienveillant et bienfaisant qui arrange toutes les intrigues, amoureuses ou autres, à la satisfaction générale. Tout cela est d’une moralité sans faille. Un reproche toutefois, l’abus de ce vieux procédé de la comédie qu’est la méprise : l’article en cite cinq, et juge qu’elles sont inégalement vraisemblables. Mais que de points positifs : « le mouvement de la pièce, la gaîté des situations, la franchise du dialogue et l'esprit des couplets », tout cela fait que la pièce a réussi et que l’auteur « a été demandé et nommé d’un accord unanime ».]

Stanislas, ou le Jour des Rois.

Je ne devrais pas rappeller malicieusement l'attention du public sur une malheureuse production qu'il a, sans doute, entièrement oubliée, et qui ne mérite guère, en effet, qu'on travaille à sa résurrection. Il me semble, d'ailleurs, entendre les auteurs me crier d'une voix plaintive et touchante :

Seigneur , Laïus est mort , laissons en paix sa cendre !

et je n'étoufferai pas le sentiment de la pitié que le spectacle de l'infortune peut éveiller, comme on voit, dans le cœur d'un journaliste même. Le trait est beau pour-tant ; et, quoique l'on perde à-peu-prés tout le fruit d'une bonne action lorsqu'on se charge du soin de la prôner soi-même, je ne puis m'empêcher de faire remarquer qu'il y a quelque mérite à laisser volontairement échapper de ses mains l'occasion d'une vengeance si prompte et si facile ; mais, Chut... Ce titre d'une autre pièce tombée me rappelle l'engagement que je viens de prendre ; j'ai promis de me taire, et je vais tâcher de me dédommager du petit sacrifice imposé à ma discrétion, en faisant , avec franchise, l'éloge du vaudeville nouveau, qui réunit au mérite de l'à-propos, tout ce qu'il faut pour être accueilli favorablement, même indépendamment de la circonstance. L'auteur en conjurant, dans le couplet d'annonce, l’affreuse rage des sifflets, a supplié le public de songer qu'en soufflant sur l’ouvrage, il refroidirait le gâteau : et le public, qui ne demandait pas mieux que de manger un morceau cuit à point, après tant d'autres, tour-à-tour trop assaisonnés ou trop fades, le public ne se l'est pas fait dire deux fois ; il a mis bravement la main à la pâte, et personne n'a soufflé sur le gâteau.

Je ne chercherai pas à garantir l'authenticité du fait qui sert de fondement à la pièce nouvelle. La chose est peu importante eu elle-même, et d'ailleurs il suffit que cette historiette ait fourni à l'auteur du vaudeville une action intéressante et vraisemblable. On nous dit que le roi Stanislas aimait à voyager incognito : rien n'est si facile à croire, et l'on peut supposer également que dans ces courses où rien ne décelait le monarque, il devait être de temps en temps le héros de quelques aventures assez piquantes pour un roi déguisé. L'auteur du Jour des Rois, est parti de là pour faire arriver Stanislas dans une auberge de village, dans laquelle son maître d'hôtel, qui l'a précédé, a jugé à propos de s'arroger les prérogatives de la royauté, tandis que son cuisinier joue le rôle de grand-sénéchal du prétendu monarque. Il peut sembler un peu bourgeois de voir la maison d'un roi composée d'un maître-d'hôtel et d'un cuisinier : mais au vaudeville on n'est pas difficile sur le chapitre de l'étiquette.

Quoi qu'il en soit , Stanislas profite de l'incognito pour obtenir la confiance de la fille de son hôte ; il apprend qu'elle aime Maurice, soldat dans le régiment de Lorraine, mais que Maurice s'est battu contre son caporal , et qu'il attend sa grace pour épouser sa maîtresse. On se doute bien que Stanislas ne se fait pas prier pour accorder cette grace ; il donne même à Maurice une sous- lieutenance dans ses gardes, et comme il est aussi juste que bienfaisant, il condamne son fripon de maître-d'hôtel à payer mille francs pour le dîner royal qu'il s'est fait servir dans l'auberge, et le coquin de cuisinier à compter, pour les finances de sa charge de grand-sénéchal, la somme de vingt-cinq louis, applicables au trousseau des jeunes mariés. Ces messieurs commencent par trouver la plaisanterie un peu chère ; mais ils se consolent bien vite, et ce n'est pas sans raison. Quand un cuisinier et un officier de bouche sont mis à l'amende, on pense bien, qu'en dernier ressort, c'est le maître qui la paie.

Il y a, comme on voit, beaucoup de méprises dans cet ouvrage. Le roi est pris d'abord pour un voleur, puis pour un simple courtisan ; le cuisinier et le maître-d'hôtel sont pris pour des personnages d'une haute importance ; Maurice, l'amant de la jeune Victoire, passe, la moitié du temps, pour un vieil invalide. En un mot, ce vieux ressort de comédie est peut-être trop prodigué, et toutes ces méprises ne sont pas également vraisemblables ; on pourrait désirer encore un peu plus d'art dans les développemens ; mais je m'apperçois que, sans le vouloir, je souffle un peu trop fort sur le gâteau , et comme mon intention n'est pas de le refroidir, j'ajoute bien vite que le mouvement de la pièce, la gaîté des situations, la franchise du dialogue et l'esprit des couplets laissent à peine le temps d'en appercevoir les parties faibles et négligées. Le succès, d'ailleurs, n'a pas été balancé un seul moment, et l'auteur, M. Théaulon, a été demandé et nommé d'un accord unanime.                     T.

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