Stanislas, roi de Pologne

Stanislas, roi de Pologne, mélodrame nouveau en trois actes, à grand spectacle, texte de M. *** [Jean-Baptiste Dubois], musique d’Alexandre Piccini, ballets d’Aumer, créé sur le Théâtre de la Porte St-Martin le 16 prairial an 13 [5 juin 1805].

Titre :

Stanislas, roi de Pologne

Genre

mélodrame à grand spectacle

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

prose

Musique :

ouverture, ballets

Date de création :

16 prairial an 13 (5 juin 1805)

Théâtre :

Théâtre de la Porte Saint-Martin

Auteur(s) des paroles :

M. *** (Jean Baptiste Dubois)

Compositeur’s) :

Alex. Piccini

Maître de ballet :

Aumer

Almanach des Muses 1806.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, Paris, chez Barba, an xiv (1805) :

Stanislas, roi de Pologne, mélo-drame en trois actes, Paroles de M. ***. Musique de M. Alex. Piccini, ballets de M. Aumer, tous deux de l'Académie Impériale de Musique. Représenté, pour la première fois, sur le théâtre de la Porte St.-Martin, le 16 prairial an xiii.

Courrier des spectacles, n° 3034, p. 3-4 :

[Le compte rendu commence mal : l’auteur se voit reprocher d’avoir mal conçu son personnage, dont il a méconnu le courage et dont il a fait un être lâche, bavard, inefficace et « se mêlant de petites intrigues d’amour ». Le critique voit dans ce mauvais portrait la cause des réactions négatives de spectateurs. Il résume ensuite une intrigue romanesque dans laquelle il ne manque rien, pas même une intrigue amoureuse, une rivalité politique, des trahisons, une tentative d’assassinat, un niais. Pour secourir son ministre, Stanislas se démène, et évite le mariage de l’amante du ministre avec l’ambassadeur de Russie, qui est enfin exilé en Sibérie à la fin de la pièce. Difficile de « louer cette production sous le rapport dramatique », mais le spectacle est fort beau, comparable pour la pompe, la richesse des costumes, la variété des ballets et les décors à ce qu’on voit à l’Opéra. L’auteur du texte n’a pas été nommé, contrairement au compositeur et au chorégraphe.]

Théâtre de la Porte Saint-Martin.

Stanislas, roi de Pologne.

L’auteur de ce mélodrame n’a pas bien conçu son héros : s’il a conçu une haute idée de la bonté qui le caractérisoit, il n’a pas rendu la même justice à son courage ; c’êtoit cependant une des qualités qui distinguoient éminemment ce prince. Il en a fait un homme foible, pusillanime, irrésolu, parlant beaucoup, agissant peu, se mêlant de petites intrigues d’amour, et, sous ce rapport, il a tracé un tableau dont l'inconvenance a été troublée par les spectateurs, et qui les a indisposés contre le peintre.

Stanislas, paisible possesseur du trône de Pologne, a près de lui un ambassadeur Russe, le prince Paulowitz, qui cherche, par tous les moyens possibles, à replonger le royaume dans l’anarchie, en perdant le Comte Potocki, sage et fidèle ministre du Roi. Ce Paulowitz aime la jeune et charmante Béliska, fille du comte Possiatowski, dont il brigue l’alliance ; mais cette belle amante lui préfère Potocki ; sa fureur ne connoît plus de bornes ; il apposte des assassins qui surprennent le Ministre seul, dans une forêt où Stanislas est à la chasse ; mais Potocki triomphe de ce danger, et les désarme. L’un d’eux en mourant, nomme l’auteur du complot. Le Ministre n’hésite pas dénoncer le crime de Paulowitz. Comme aucun témoin, aucune preuve ne vient à l’appui de sa dénonciation, l’Ambassadeur demande pour réparation de l’outrage qu’il prétend lui avoir été fait, l’exil du comte Potocki. Stanislas refuse d’abord ; mais bientôt vaincu par les prières de son Ministre, qui se dévoue lui-même au salut de son pays et aux intérêts de son Roi, il donne l’ordre à Potocki de quitter ses états ; mais il le fait enlever secrettement et conduire dans l’appartement le plus reculé de son palais, où il lui sera encore permis de le voir et de le consulter tous les jours. On croiroit que cet azile est impénétrable ; mais malgré les gardes et les ordres du Roi, cet appartement se trouve ouvert à tout le monde ; tantôt c’est Béliska qui est curieuse de savoir ce qu’est devenu son amant, tantôt c’est le comte Possiatowski qui vient réclamer, avec l’appui de Paulowitz, la place de ministre, vacante par l’exil de Potocki, tantôt c’est Paulovitz lui-même qui vient intimer au Souverain de la Pologne des ordres ridicules ; enfin c’est un niais, espèce de bouffon, placé tout exprès pour faire diversion, et qui , malgré tout le monde, pénètre jusqu’au cabinet du Prince, sans autre motif que de satisfaire sa curiosité. Toutes ces visites sont si mal conçues, que le spectateur s’en est bientôt lassé ; et c’est alors que sa sévérité a été toujours croissant jusqu’à la fin. Il faut avouer aussi que l’auteur a usé avec une extraordinaire licence du Quid libet audendi, que Horace a permis aux poètes. Paulowitz apprend que Potocki est encore à Varsovie, il vient demander au Roi l’exécution de l’ordre qu’il a donné ; Stanislas, toujours prêt à trembler et à obéir, fait préparer ses meilleurs chevaux, et se propose, pour sauver son ministre, de le conduire dans une chaise de poste en lieu de sûreté ; mais Paulowitz découvre encore ce projet, il arrive incognito dans le cabinet, surprend Potocki, et le fait insolemment entraîner.

Stanislas court avec quatre ou cinq de ses gardes après les ravisseurs, les combat, les met en fuite, et ramène son ami au moment même où le Comte Possiatowski veut forcer sa fille à donner la main à l’Ambassadeur. Celui-ci étonné du retour du Ministre, le somme de nommer son libérateur ; Potocki montre le Roi. Paulowitz irrité veut retourner à St. Pétersbourg ; mais Potocki le prie d’entendre la lecture d une lettre du Czar qui, sur les justes plaintes du Ministre et de toute la Pologne, rappelle son Ambassadeur et l’exile en Sibérie.

Il seroit difficile de louer cette production sous le rapport dramatique ; mais aussi il est difficile de trouver dans aucun théâtre, à l’exception cependant de l’Opéra, plus de pompe dans le spectacle, plus de richesse dans les costumes, plus de variété dans les ballets, et sur-tout plus de fraîcheur et de perfection dans les décorations. Rien n’est plus beau que la forêt du premier acte, plus élégant que le cabinet du second, et plus noble que le palais du troisième. L’auteur du poème n’a point été nommé, mais on sait que la musique, qui a fait le plus grand plaisir, est de M. Alexandre Piccini. Les ballets composés par M. Aumer, ont une fraîcheur et un charme dignes des premiers théâtres.

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