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La Tapisserie

La Tapisserie, comédie-folie en un acte, d'Alexandre Duval ; 1er mars [1808].

Théâtre de l'Impératrice.

Titre :

Tapisserie (la)

Genre

comédie-folie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose

Musique :

non

Date de création :

1er mars 1808

Théâtre :

Théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

Alexandre Duval

Almanach des Muses 1809.

Piece de carnaval, dans laquelle on a trouvé plus d'esprit et de gaieté qu'il n'en fallait pour assurer son succès, le jour où elle a été représentée pour la premiere fois.

Dans ses Œuvres complètes, volume 6 (Paris, 1822), Alexandre Duval a consacré une longue notice à la Tapisserie. p. 311-322.

[Cette longue notice parle peu de la pièce dont il devrait parler, mais dit beaucoup sur des questions annexes, sur madame de Genlis (madame G***) que Duval a beaucoup lu enfant, avant de s’en éloigner, sur les mœurs théâtrales du temps, autour de la direction du Théâtre de l’Impératrice que Picard lui a fait obtenir, et qui ne lui a pas laissé un si bon souvenir. Entre les deux, le rappel du succès de la Tapisserie, notamment grâce à deux acteurs pleins d’avenir.]

NOTICE SUR LA TAPISSERIE,

Je venais d'être nommé directeur du théâtre de Louvois qui, tout récemment aussi, avait pris le titre du théâtre de l'Impératrice ; et désirant, dès mon entrée dans cette place, montrer l'envie que j'avais d'être utile à ma nouvelle administration, je composai cette petite pièce (la Tapisserie) pour les jours de carnaval. Je dois le fonds de cette bluette aux Souvenirs de madame de G***. Elle rapporte comme un fait très-vrai l'étourderie d'un jeune seigneur qui, forcé par les ordres de son père de se parer d'un habit de cérémonie pour recevoir une grande société que l'on attendait au château, trouva plaisant de démeubler sa chambre d'une tenture à personnages, de s'en faire faire un habit, et d'aller dans cet état donner la main aux dames à l'instant où elles descendaient de voiture. Cette anecdote que je crois comme un article de foi, puisque c'est madame de G*** qui l'a contée, et que madame de G*** est trop bonne, trop religieuse, pour avoir voulu par un mensonge tromper un pauvre auteur comique, je me crus permis de l'arranger pour la scène. Si le fait est controuvé et s'il n'est pas vraisemblable, la faute doit en être à la respectable femme de lettres qui m'a induit en tentation.

Puisque le hasard m'a procuré l'avantage de parler de madame de G*** que je n'ai l'honneur de connaître que par ses nombreux ouvrages, je serais coupable de ne pas donner à son talent tous les éloges qui lui sont dus. Dès ma grande jeunesse j'ai lu avec un plaisir inconcevable ses premiers essais ; l'élégance et la simplicité de son style, la sage ordonnance des plans de ses romans, m'avaient complètement séduit. Si, plus avancé en âge, je n'ai pas éprouvé le même plaisir à lire ses autres ouvrages, c'est que j'ai cru m'apercevoir que les opinions religieuses de l'auteur s'y montraient beaucoup trop. Ces opinions qui se font remarquer dans des phrases mystiques ou dans des notes haineuses contre ses rivales dans la carrière des romans, me paraissaient d'autant plus singulières que beaucoup de ses ouvrages auraient pu mériter les anathèmes d'un casuiste rigoureux. En effet, il est tel roman de madame de G***, qu'une mère de famille doit se garder de laisser lire à sa fille ; et si les tableaux presque licencieux, si les conversations trop libres entre des personnages vicieux, si les voluptés de l'amour, présentées sous des formes qui ne sont pas toujours de bon goût, sont répréhensibles aux yeux des pères de l'église, je vois beaucoup de romans de madame de G*** qui doivent être mis à l'index. Dans ces différents ouvrages où l'auteur se montre avec une grande supériorité de talent, on voit les efforts qu'il fait pour tourner vers la morale les conceptions d'un génie naturel qui voudrait s'en écarter toujours. Certes, si madame de G*** ne prenait pas autant de peine pour décrier les dames mondaines qui ont suivi la carrière dans laquelle elle a brillé avec tant d'éclat; si elle se montrait plus indulgente pour les fautes et les erreurs des philosophes de son temps; surtout si, par humilité chrétienne, elle ne mettạit point tant d'importance à la vanité des rangs et à l'étiquette des cours, on lui passerait volontiers ses tableaux des amours voluptueuses, en se rappelant qu'elle est femme, qu'elle écrit des romans, et qu'elle doit savoir peindre avec énergie les sensations des heureux jours de la jeunesse.

Cette petite pièce de la Tapisserie, très-bien jouée par les acteurs, obtint un assez beau succès, Le jeune Firmin et Grandville, qui font maintenant partie du Théâtre-Français, et qui par les grandes espérances qu'ils donnent, se font chérir du public et promettent pour l'avenir de se placer au rang des acteurs les plus recommandables, jouèrent avec un très-grand succès les deux rôles importants de ma petite comédie. Cependant telle est la vérité des règles établies par Boileau, qu'à la première représentation, la partie de l'ouvrage la plus comique pensa nuire à la pièce par l'effet de son comique même. Le public eut de la peine à se persuader qu'un jeune homme pût être assez fou pour oser se présenter gravement avec ce ridicule habit. Mais comme le motif du travestissement était justifié, il finit bientôt par rire des plaisanteries du valet et partager l'extravagance de mon jeune étourdi.

On concevra facilement que ma petite pièce ne dut pas contribuer beaucoup à la prospérité du théâtre dont je venais d'être nommé le directeur. Mon ancien ami Picard, en me cédant ses droits sur les sujets qui composaient sa petite maison de Thalie, venait de voir tous ses travaux récompensés par le sceptre de l'opéra que l'empereur venait de lui accorder. Il allait commander aux différents peuples d'un grand royaume, peuple chantant, peuple dansant, et peuple bien peu amusant pour un directeur. Lorsque Picard vint me parler de la proposition qu'il avait faite de moi pour le remplacer dans ses premières dignités, je n'eus pas l'espoir que son projet pût obtenir du succès. Il fallait une décision de l'empereur, et comme je savais qu'il ne m'aimait pas, je désespérai de la réussite de nos démarches communes. Cependant, sur la proposition qui lui fut faite par le premier chambellan (M. de Remusat), de ma nomination à la place du directeur de théâtre de l'Impératrice, Bonaparte répondit, Quoi ! Duval ! mais il a eu bien des aventures. — Ah ! sire, des malheurs, répondit le comte de Remusat. Il paraît que ce mot lui rappela les chagrins que m'avait causés mon Édouard, et qu'il voulut m'en dédommager en me mettant à la tête de l'un de ses quatre grands théâtres. Plût à Dieu qu'il se fût dispensé à mon égard de cette marque de bonté ; je n'aurais pas eu huit ans d'un tourment sans cesse renaissant, je n'aurais pas été forcé de quitter ma solitude, mes paisibles occupations, et j'aurais trouvé dans mes travaux littéraires une existence plus douce, plus honorable et plus utile à ma vieillesse. Je ne sais par quelle fatalité je me laissai aller à un mouvement d'ambition qui n'a contribué, ni à mon bonheur, ni à ma fortune. Moi, le moins ambitieux des hommes, moi qui désire le moins de commander aux autres, moi qui n'estime dans la vie que les charmes d'un doux intérieur et le repos, pourquoi ai-je consenti à me voir tout à coup transporté à la tête d'un petit état, à gouverner des sujets qui ne connaissent de lois que leurs passions et leur amour-propre ; des sujets qui supportent impatiemment le joug qui leur est imposé ? Devais-je troquer mon indépendance contre la petite vanité de régner sur un petit peuple qui n'est pas méchant, mais qui est tout à la fois spirituel, malin, frondeur, séducteur et dangereux ! En parlant d'un directeur de théâtre, si je me sers du mot de régner, c'est que je le crois le seul convenable : si son pouvoir ne va pas jusqu'au despotisme, il a comme les autres princes de la terre des intrigues à étouffer, des guerres civiles à prévenir. Il est tel de ses sujets qu'il doit ménager pour l'intérêt de son petit état. Comme un prince il a ses flatteurs, sa police et même ses gendarmes ; comme un prince il a des ministres qui ne lui disent pas toujours la vérité ; comme au prince on lui tend des piéges et on l'y fait tomber ; comme un prince il doit se défendre des séductions de la beauté et des complaisants de sa petite cour ; comme un prince on le flatte en sa présence, on le déchire, on le calomnie dès qu'on peut le faire avec sécurité ; on lui suscite des guerres extérieures, on ameute contre lui les puissances voisines (les auteurs), on le calomnie dans l'opinion publique, on l'attaque dans son gouvernement, on le persécute, on le dégoûte, on l'injurie, jusqu'à ce qu'on ait amené un changement de dynastie.

Je puis offrir un exemple du sort que l'on réserve à ces princes débonnaires, qui ne veulent point opposer l'intrigue à l'intrigue, qui se croient assez forts du témoignage de leur conscience et de leurs principes pour dédaigner de résister à des ennemis qu'ils méprisent. Je régnais paisiblement sur mon théâtre du faubourg Saint-Germain, quand je ne sais quel fonctionnaire subalterne commit une faute grave qui demandait une justice éclatante. Convaincu, comme tant de rois, que la clémence était la première vertu des princes, je sentis pourtant qu'il était des circonstances où il fallait montrer quelque rigueur. Je voulus faire chasser du théâtre le coupable : qu'arriva-t-il ? Ce coupable, à qui la fortune avait accordé des moyens de séduction, paya secrètement un libelliste pour insulter publiquement ma majesté. Pour quelques louis, un André Murville, trop connu pour que je le signale par son caractère et ses ridicules, ce gendre de mademoiselle Arnould, que sa spirituelle belle-mère comparait à ces vieux laquais du Marais, qu'on appelle Lajeunesse, crut devoir payer les égards et les secours que j'avais plus d'une fois accordés à sa misère, ou plutôt à celle de l'homme de lettres, par une plate méchanceté, qui n'aurait dû exciter de ma part que le mépris. Cependant, comme je venais d'être admis dans un corps respectable, et sachant par expérience que la calomnie, ressource des lâches, n'était pas sans influence dans l'opinion publique, je crus devoir, moins par intérêt pour moi-même, que par respect pour l'Académie, à laquelle j'appartenais, poursuivre l'infame qui, pour de l'argent, venait d'outrager un homme qui ne lui avait jamais fait que du bien. Je le traduisis devant les tribunaux, et deux arrêts consécutifs donnèrent au public le droit de l'appeler un calomniateur. Si je rappelle cette circonstance, c'est qu'elle fut une des plus pénibles de ma vie, et qu'elle fit voir combien il est facile de rendre malheureux un honnête homme. Certes, si la liberté de la presse n'offrait d'autre avantage que celui de calomnier, tout gouvernement sage devrait s'empresser de priver les hommes de ce droit si juste, si naturel d'exprimer hautement sa pensée ; elle ne serait plus qu'une arme terrible dans la main des méchants. Mais qu'il y a loin du droit de se plaindre à celui de calomnier, du droit d'éclairer à celui d'incendier, du droit de défendre à celui d'opprimer ! Toute chose utile a ses abus ; l'instrument tranchant le plus en usage dans la société, peut aussi donner la mort ; et faudra-t-il le proscrire parce qu'il existe des scélérats ou des insensés ? Non. Que la loi punisse sévèrement le lâche calomniateur ; mais que la loi protége l'infortuné qui se plaint, le savant qui instruit, le citoyen courageux qui signale, appuyé sur des preuves évidentes, tous les abus d'un pouvoir tyrannique.

Ainsi que les bons princes qui n'ont point été les oppresseurs de leurs sujets, qui n'ont à se reprocher, ni les faveurs accordées à des maîtresses, ni la prodigalité envers leurs flatteurs, je me suis vu déchu de mes droits sans l'avoir mérité, et je n'ai point regretté un pouvoir que mon orgueil n'a fait peser sur personne. Je suis rentré dans mon obscurité, plus pauvre encore que je n'en étais sorti ; et s'il me reste quelque chose de ma grandeur passée, c'est la certitude d'avoir voulu faire le bien, et de l'avoir fait quelquefois.

Je pourrais citer au nombre de mes belles actions, celle d'avoir fait connaître au public une pièce de Collin d'Harleville (les Querelles des Frères), que sa triste destinée avait conduite chez l'épicier, après la mort de son auteur. Ainsi que tel orphelin d'un illustre père, qu'une mauvaise fortune a condamné à vivre dans les derniers rangs de l'ordre social, de même la dernière production d'un auteur chéri du public, allait être employée à servir d'enveloppe au poivre et à la canelle, si une ame charitable n'eût révélé au public le respectable nom de son père. Cependant, malgré cette découverte, cet enfant, qui paraissait avoir été rejeté par sa famille même, n'inspirait point un așsez vif intérêt pour qu'on osât le produire dans le monde. Trompés sans doute par sa chétive apparence, et l'ignoininie du lieu où on l'avait trouvé, les compagnons d'armes de Collin d'Harleville, ses amis les plus chers, l'avaient repoussé comme indigne de réclamer son nom et les droits de sa naissance. Depuis quelques années, enfoui dans les cartons de la comédie, ce pauvre délaissé se cachait à tous les regards, lorsque le hasard me le fit apercevoir. La réputation du père me porta à examiner ce dernier rejeton avec tout l'intérêt que méritait son sort. Loin de partager les idées de ceux qui l'avaient jugé incapable de contribuer à la gloire de son auteur, je prévis au contraire qu'il pourrait marcher de pair avec ses aînés. Cependant comme je me défiais du sentiment d'intérêt qui m'entraînait vers lui, je consultai mon premier ministre (M. Dumaniant* *), qui avait pour moi les qualités d'un véritable Sully. Sa franchise austère, sa probité, ses talents en littérature me rendaient son opinion précieuse. Quelle fut ma joie, quand il se trouva complètement de mon avis ! Nous résolûmes de faire sortir du néant ce pauvre abandonné, et, pour parvenir à ce but avec plus de succès, j'allai prier M. Andrieux, l'un des amis de Collin d'Harleville, de se déclarer le parrain de notre orphelin. Par un prologue plein d'esprit, Andrieux prévint le public du sort malheureux qu'avait éprouvé ce dernier fruit du talent de son ami; et le public, intéressé d'avance à son sort, l'accueillit avec un transport que lui méritaient ses malheurs moins encore que ses qualités personnelles. C'est donc grace à moi que les deux Frères bretons ont contribué par un succès bien mérité à la gloire de leur père.

J'aurais encore à revéler bien d'autres évènements, advenus pendant les huit ans de mon règne, et qui pourraient mériter l'attention de mon lecteur; mais quoique très-importants pour moi, et quoique dignes peut-être de la plume d'un historiographe, je craindrais qu'ils ne produisissent dans le public qu'une sensation peu durable, racontés à une époque plus politique que littéraire, époque où l'on est assez injuste pour ne faire aucun cas de mes dignités passées. Tel est le néant des grandeurs, qu'il est peut-être très-peu de mes sujets qui se rappellent mon existence. Je compte déja trois successeurs depuis le fatal moment qui me ravit mes honneurs et ma puissance. Cette déchéance si cruelle, et contre laquelle je luttai avec courage, en me rendant à mon obscurité première, m'a rendu à la raison, à la philosophie. Ainsi que tous les ambitieux déchus, je me suis écrié avec le roi des sages, ou le sage des rois : O vanité des vanités ! Tout n'est que vanité !

* M. Dumaniant , l'un de nos auteurs les plus féconds, a porté le genre de la comédie d'intrigue à sa perfection : ses nombreux ouvrages qui firent la fortune du théâtre pour lequel il travaillait, n'ont point contribué à la sienne. Son désintéressement fut toujours égal au grand nombre de ses succès. Il a l'estime de tous les hommes de lettres qui aiment le talent uni à la probité; aussi peu t-il se flatter de compter pour amis tous les auteurs recommandables de notre époque. Si dans la vieillesse il ne se trouve pas au nombre des gens de lettres qui ont eu part à la munificence royale , c'est un oubli qui ne peut être que le résultat de sa trop grande modestie.

Journal de l'Empire, 5 mars 1808, p. 3 :

[Après une première représentation où la pièce a été assez mal accueillie, la pièce a mieux réussi même si elle devient « une pièce de Carème », saison peu propice aux farces. Elle contient des détails plaisants sur un fond burlesque. L'histoire est assez simple : un jeune homme qui se vêt d'un costume ridicule taillé dans une « tapisserie à personnages » pour faire fuir une vieille demoiselle que son père veut lui donner pour épouse. Il y réussit et peut épouser « sa petite cousine ». L'article s'achève très curieusement sur des considérations étonnantes sur les habitudes vestimentaires du temps, considérations sans doutes conservatrices...]

THÉATRE DE L'IMPÉRATRICE.

La Tapisserie.

Cette folie n'a pas trouvé grace aux yeux du public, le jour même du Mardi-Gras : elle a paru ultrà bouffonne ; mais on l'a mieux accueillie le Mercredi des Cendres, et l'on en a ri de meilleur cœur, quoique la saison des farces fût passée. Cette pièce de Carnaval pourroit bien devenir une pièce de Carème : les détails en sont plaisans ; le fond n'est qu'une parade assez burlesque. Un vieillard presqu'imbécille veut faire épouser à son petit-fils, une demoiselle qui a pour dot trois cent mille livres de rente, et cinquante ans de date. Le petit fils aime beaucoup une petite cousine qui n'a rien que que sa jeunesse et ses graces. Pour dégoûter de lui sa vieille future, il imagine de se faire faire un habit de la vieille tapisserie qui décore sa chambre, et qui représente la famille de Darius aux pieds d'Alexandre : il habille aussi son valet avec une vieille Bergame ; et tous les deux ainsi chamarré, se présentent devant l'antique demoiselle. Ce costume, qu'elle regarde comme une dérision de sa personne, la met en fureur ; elle renonce au jeune homme : c'est bien assez qu'elle ait l'air elle-même d'un portrait de famille, et d'une figure de vieille tapisserie. Tout finit par le mariage du jeune homme avec sa petite cousine. J'observe qu'aujourd'hui, sur les cachemire à la mode, il y a des arbres, et sur ces arbres; des perroquets perchés. Si les femmes se trouvent belles avec des arbres et des perroquets sur le dos, pourquoi la demoiselle de Grandpré est-elle choquée de voir sur le corps de son prétendu une tapisserie à personnages qui valent mieux que des perroquets ?

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1808, tome II, p. 494 :

[Le compte rendu raconte plus le conte qui est la source de la pièce, dont l'intrigue est réduite à bien peu de chose. Le jugement reconnaît à la pièce « beaucoup de gaieté », et « la caricature de la tapisserie à personnages » est présentée comme la source du succès de la pièce, dont l'auteur est resté anonyme (mais il a sans doute été demandé).

La Tapisserie, comédie en un acte, jouée le premier mars.

Un petit conte assez plaisant a donné le sujet de cette pièce. L'auteur en a changé l'idée principale qui ne laisse pas que d'être comique. Un jeune fou ne peut plus sortir de chez lui, parce qu'il a mille créanciers et pas un sou, et que de plus ses habits sont tous vendus ou en gage. Son père exige de lui, qu'il se présente dans un état décent, et en habit habillé, à un repas qu'il doit donner, et auquel doit se trouver sa future. Le jeune homme ne trouve pas d'autre expédient que de faire venir un tailleur, et de se faire couper un habit dans une tapisserie à personnages qui décore sa chambre. Le père ne peut tenir à cette folie, paye et pardonne. Dans la pièce, c'est pour dégoûter de lui une vieille amoureuse, mademoiselle De Grandpré, que le jeune homme fait cette mascarade.

Beaucoup de gaieté et la caricature de la tapisserie à personnages, ont fait réussir cette folie dont l'auteur a gardé l'anonyme.

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