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Le Temporiseur

Le Temporiseur, comédie en trois actes et en vers, de M*** ; 16 mars 1813.

Théâtre de l'Impératrice.

Titre :

Temporiseur (le)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

vers

Musique :

non

Date de création :

16 mars 1813

Théâtre :

Théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

M***

Almanach des Muses 1814.

Cette pièce n'a point été achevée.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome V, mai 1813, p. 282-284 :

[La pièce a subi une chute sans rémission, et en parler n’a plus grand intérêt, quand la chute a, elle, le mérite de donner une leçon salutaire au jeune auteur, qui évitera peut-être de se fourvoyer dans une carrière littéraire si difficile. Fable nulle, héros pas théâtral, personnages insignifiants, ni scène, ni trait comique. pas d’analyse de la pièce : il n’y a rien à dire « d'un valet inutile, d'un ami bavard, d'une maîtresse importune » et surtout d’un personnage principal qui ne fait rien, puisque c’est son « trait caractéristique ». Simple variante de caractère, le Temporisateur peut exister au théâtre, c’est M. Musard de la pièce de Picard, Monsieur Musard, ou comme le temps passe, qui gâche tout du fait de son inaction et de son goût des futilités. Ce qu’on a entendu de la pièce a montré un style « vague, obscur, embarrassé ». L’auteur aurait dû appliquer le conseil que son personnage donne à un ami, ne pas se hâter.]

THÉATRE DE L'IMPÉRATRICE.

Le Temporiseur.

Peut-être aurions-nous dû parler plutôt du Temporiseur : mais on est toujours à temps pour parler d'une chute ; car il n'y a guère que le succès qui excite l'intérêt et pique la curiosité. La pièce est tombée tout naturellement ; aucune voix ne s'est élevée pour la défendre, et l'on pourrait dire qu'elle a été sifflée par acclamation. Il n'y a pas de mal ; une bonne chute est bonne à quelque chose, elle empêche un jeune homme de s'engager inconsidérément dans cette carrière périlleuse où les talens les plus réels n'obtiennent parfois que des succès contestés. L'auteur du Temporiseur pourrait donc se féliciter à quelques égards. Sa fable est nulle, tant mieux ; son héros n'a rien de théâtral, tant mieux ; les personnages qu'il a groupés autour de lui sont insignifians ; il n'y a pas une scène, pas un trait comique dans l'ouvrage, tant mieux encore : il est bon de savoir à quoi s'en tenir dès le premier pas.

Je ne ferai pas l'analyse de cette pièce, qui est déjà oubliée. Que dire d'un valet inutile, d'un ami bavard, d'une maîtresse importune qui n'est rebutée ni par les dédains, ni par les refus de son amant ? Que dire sur-tout du personnage principal ? Il est dans une inaction parfaite, et il doit y rester, puisque le trait caractéristique du Temporiseur est de ne point agir. Il ne peut se décider à écrire une lettre qui le préserverait de sa ruine ; il recule son mariage, etc. ; pourquoi faire ? Pour rester les bras croisés sur le théâtre.

Le Temporiseur n'est qu'une nuance du négligent, de l'insouciant, du paresseux, qui eux-mêmes ne sont que des nuances de caractère. L'aimable auteur de la Petite Ville avait présenté dans M. Musard le seul côté comique de ce personnage. M. Musard est temporiseur, mais il agit. Il est vrai qu'il fait toujours le contraire de ce qu'il doit faire. Il a laissé protester une lettre-de-change par négligence ; mais c'est qu'ayant voulu porter lui-même à la poste les fonds qui devaient servir à la payer, il s'est amusé à parler médecine avec le directeur de la poste, qui est médecin, l'a suivi chez un malade, et a oublié dans sa poche la lettre qu'il adressait à son correspondant. Sort-il pour réparer sa faute ? Il lit les affiches, règle sa montre, regarde les caricatures, achète des baromètres, marchande des meubles, etc. ; tous les personnages contribuent à développer et à faire ressortir son caractère de la manière la plus piquante. Aussi M. Musard a fait rire tout Paris, et le Temporiseur a fait bâiller la nombreuse compagnie qui s'était réunie à l'Odéon pour le juger.

On n'a guère écouté la pièce ; cependant on en a entendu assez pour remarquer que le style était vague, obscur, embarrassé, et rappelait trop souvent la conversation de cet homme auquel Chamfort disait : « Attendez, je vais vous expliquer votre pensée ». Dans une dissertation littéraire qui tombe des nues, le Temporiseur conseille à son ami de ne pas se presser de publier ses Essais, et ajoute :

                                          Laisse mûrir
Un talent que la hâte a souvent fait périr.

N'est-ce pas un conseil que l'auteur du Temporiseur pourrait prendre pour lui-même ?

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