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Le Val de Vire

Le Val de Vire ou le Berceau du vaudeville, opéra vaudeville en un acte, d’Armand Gouffé et Georges Duval. 19 prairial an 7 [7 juin 1799].

Théâtre des Troubadours

Titre :

Val de Vire (le), ou le Berceau du vaudeville

Genre

divertissement en prose, mêlé de vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

19 prairial an 7 [7 juin 1799]

Théâtre :

Théâtre des Troubadours

Auteur(s) des paroles :

Armand Gouffé et Georges Duval

Almanach des Muses 1800

Basselin Foulon de Vire, en Normandie, faisait beaucoup de chansons à boire, qu'il chantait au pied d'un coteau appelé les Vaux, sur la rivière de Vire, ce qui leur fit donner le nom de Vaudevire, changé depuis, par corruption, en celui de Vaudeville. C'est ce personnage qui est mis en scène.

Il a promis sa fille Adèle à celui qui lui apportera la plus jolie chanson. Adèle a pour amans Georges, qu'elle aime, Blaise et un vieux bailli. Celui-ci ne sait point faire de chanson, il s'adresse à André Lavigne, qui lui fait des couplets bien ridicules. Blaise est écarté, le vieux bailli hué, et Georges, à qui l'amour a dicté sa chanson, obtient le prix et la main de sa maîtresse.

De jolis tableaux, des couplets agréables.

Sur la page de titre de la brochure, : Paris, au Théâtre du Vaudeville, an VII :

Le Val-de-Vire, ou le Berceau du vaudeville, divertissement en un acte et en prose, mêlé de vaudeville, Par les CC. Armand Gouffé et Georges Duval. Représenté, pour la première fois, sur le Théâtre des Troubadours, le 19 Prairial, an 7.

Courrier des spectacles, n° 837 du 20 prairial an 7 [8 juin 1799], p. 2 :

[Après avoir souligné l’activité du théâtre, marquée par une série de nouveautés réussies, le critique dit le plus grand bien de la pièce du jour, un modèle dans le genre du vaudeville. Elle « mérite d’être mis[e] à côté des vrais vaudevilles qui semblent devenir plus rares de jour en jour » (un peu de déclinisme ne nuit jamais). L’intrigue raconte un concours de chansons destiné à choisir le mari d’Adèle. Un rival de l’« amant favorisé » est écarté par une petite tromperie : il a acheté sa chanson à un poète qui a écrit de façon à le désavantager, et « Georges obtient la main d’Adèle ». Il ne reste plus qu’à nommer les auteurs, « vivement demandés », ainsi qu’un des acteurs, « qui a très-bien rendu le rôle de Basselin », le père d’Adèle.

Théâtre des Troubadours.

Les nouveautés se succèdent assez rapidement à ce théâtre, et le succès qui les couronne est un présage heureux pour ses entrepreneurs. M. de Bièvre a suivi de près Clément Marot, et les auteurs de ce vaudeville viennent d’en donner un qui leur fait encore plus d’honneur, c’est le Val-de-Vire, ou le Berceau du Vaudeville. Cet ouvrage infiniment agréable et rempli de jolis couplets, pourroit passer pour un modèle en ce genre, si nous n’en avions déjà plusieurs. Nous croyons du moins que par la gaîté franche qui y règne, il mérite d’être mis à côté des vrais vaudevilles qui semblent devenir plus rares de jour en jour.

Olivier Basselin veut, pour célébrer une des fêtes qu’il donne à ses voisins, marier sa fille à celui qui fera la plus jolie chanson. Georges, amant favorisé d’Adèle, est bien celui que Basselin voudroit lui donner pour époux ; mais parmi ceux qui la recherchent, outre Blaise, il est un certain bailIy riche et vraisemblablement dangereux qu’il faut ménager. Basselin n’a pas trouvé d’autre moyen pour l’éloigner que de le faire concourir avec Georges. Le bailly emploie le secours du poëte de Lavigne, à qui il donne 60 pistoles pour une chanson. Le poëte qui veut favoriser les jeunes amans, fait sa chanson en conséquence.

Blaise chante le premier la sienne, et est bientôt éconduit. L’amour qui a dicté celle de Georges n’a pu que le bien inspirer ; mais le bailly ne doute pas, grace à de Lavigne, d’avoir la préférence : il récite avec confiance une allégorie dans laquelle Blaise et lui sont très-reconnoissables pour tout autre que pour eux. Georges obtient la main d’Adèle.

Les cit. Armand Gouffe et Duval, auteurs de ce joli ouvrage, ont été vivement demandés, et le cit. St. Léger, qui a très-bien rendu le rôle de Basselin, a partagé avec eux les applaudissements universels.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, V. année (an VII – 1799), tome premier, p. 546-549 :

Théâtre des Troubadours.

L'hommage que le théâtre des Troubadours vient de rendre à Olivier BASSELIN, dans la pièce intitulée le Val-de-Vire (1), ou le Berceau du Vaudeville, pour jouée [sic] la première fois le 19 prairial, a obtenu de justes applaudissemens. Voici le sujet de cette pièce. Olivier Basselin, foulon à Vire en Normandie, s'est fait connoître dans les environs par ses chansons gaies et souvent satyriques. Il a inspiré le goût de ce genre de poésie à plusieurs jeunes gens ; celui qui y réussit le mieux, est précisément l'amant aimé de sa fille, à la main de laquelle prétendent aussi le vieux bailli et un autre habitant du Val-de-Vire. Le théâtre
ouvre par une scène champêtre ; Basselin, sa fille et les habitans sont occupés à cueillir des pommes. Basselin les réunit autour de lui ; il leur rappelle qu'il y a dix ans qu'il a composé ces chansons gaies, qui, dans tous les environs, sont connues sous le nom de Vau-de-Vire. Il leur dit que son intention est de donner encore ce soir la main de sa fille à celui qui aura fait la meilleure chanson : c'est une ruse que Basselin a imaginée pour écarter l'importun bailli, l'autre villageois aussi bavard et sot qu'il est laid, et pour unir sa fille à celui qu'elle aime , et dont il connoît le talent. Le bailli vient, un instant après, demander à Basselin s'il est vrai qu'il veut donner sa fille au meilleur faiseur de chansons : rien n'est plus sûr ; et s'il veut se mettre au nombre des concurrens, il en est le maître. Sur ces entrefaites paroît André de la Vigne ; il a voulu voir Basselin, dont, dit-il, la renommée s'est étendue jusqu'à la cour, et dont les vaudevilles sont connus de tous les habitans de Paris. Le villageois bavard, un des prétendus de la fille de Basselin, ne laisse point passer l'occasion de lui observer qu'il ne faut pas dire vaudevilles, mais vaudevires, du nom de leur canton. Basselin fait part à De la Vigne de la ruse dont il s'est servi pour éloigner surtout le bailli, qu'il est persuadé ne savoir pas faire des vers, et il l'invite à assister le soir même au combat poétique que les prétendus de sa fille doivent se livrer.

Le bailli vient trouver De la Vigne pour l'engager à composer pour lui une chanson qui lui feroit adjuger le prix. De la Vigne fait d'abord quelques difficultés, mais il feint d'y consentir pour une somme qu'il reçoit sur le champ : De la Vigne lui compose en effet quelques couplets , dont le bailli est si enchanté, qu'il se persuade que le prix ne pourra point lui échapper.

Enfin le moment décisif arrive ; tous les habitans, les prétendus à leur tête, paroissent. Le villageois commence à chanter, ou plutôt à brailler une chanson que les huées et le rire des assistans l'empêchent d'achever ; le bailli chante ensuite les couplets que De la Vigne lui avoit faits : mais par malheur ce n'est que le commencement d'un apologue dont la fin manque ; tout le monde lui demande le dénouement de l'histoire qu'il a commencée : le pauvre bailli reste tout interdit, surtout lorsque De la Vigne s'offre d'ajouter la fin de la fable qui la rend très-satyrique pour les deux prétendus déjà éconduits, et dispose tout le monde en faveur du jeune amant, dont les couplets avoient réuni tous les suffrages. La supercherie que le bailli a voulu employer pour obtenir la main de la fille de Basselin, est découverte, et De la Vigne donne l'argent qu'il a reçu du bailli au jeune homme qui a remporté le prix, et qui est uni à son amante.

Plusieurs couplets très-agréables ont été redemandés : les rôles ont été en général bien remplis ; le C. Saint-Léger dans celui du jovial Basselin, et le C. Tiercelin dans celui du vieux bailli, ont surtout paru faire plaisir au public.

Les auteurs ont été demandés ; ce sont les CC. Armand-Gouffé et Duval, auteurs de Clément Marot.

  1. Val-de-Vire, ou Vau-de-Vire, vallon agréable près de Vire.

L’Esprit des journaux français et étrangers, vingt-huitième année, tome XI, thermidor an 7 [juillet 1799]p. 200-202 :

[Dans la série quasi infinie des pièces consacrées à des auteurs du passé, le Théâtre des Troubadours a comblé deux vides que le critique trouvait étonnants, une pièce sur Clément Marot, l’autre sur Olivier Basselin, le créateur du vaudeville. Il en profite pour nous donner l’étymologie du mot vaudeville. Et il nous raconte la mince intrigue de la pièce qui lui est consacrée. Rien de neuf dans cette intrigue, elle ne vaut que par « des tableaux agréables & des couplets piquans », dignes de ceux des rois du vaudeville Piis et Barré (mais la pièce est de Duval et Gouffé, que le critique considère comme de grands espoirs du genre).]

THÉATRE DES TROUBADOURS.
Le Val de Vire.

Au quinzième siècle, Olivier Basselin, foulon de Vire en Normandie, fit beaucoup de chansons à boire, modèles de celles qu'on a faites depuis ; il les chantoit au pied d'un côteau appelé les Vaux, sur la rivière de Vire, ce qui leur fit donner le nom de Vaux de Vire, & par corruption depuis on les a nommés Vaudevilles. Cette origine devoit bien certainement fournir à un théâtre consacré au Vaudeville, quelque sujet heureux, & l'on est encore à concevoir comment celui qui s'est établi & soutenu avec un si juste succès, rue de Chartres ou de Malte, avoit négligé deux personnages aussi essentiels que Marot & Olivier Basselin. Le théâtre des Troubadours, qui a déjà suppléé au premier oubli, vient encore de réparer le second.

Basselin, joyeux chansonnier, promet la main de sa fille à celui qui lui apportera la plus jolie chanson. Un vieux bailli, fort peu d'humeur à chanter, mais fort amoureux de la fille de Basselin, voudroit pourtant l'obtenir. Un certain André Lavigne, poëte contemporain (& que les CC. Duval & Gouffé paroissent même désigner comme le véritable auteur des poésies de Saint-Gélais, on ne sait trop sur quelle autorité ;) André Lavigne, disons nous, attiré par la réputation de Basselin, arrive à Vire précisément au moment du concours ; il s'amuse à tromper le bailli, qui, comme étranger & poëte, vient le prier de lui faire quelques couplets ; il lui fait une chanson ridicule, où il chante sa propre défaite sans s'en apercevoir : par ce moyen, le véritable amoureux, l'amant aimé de la fille de Basselin, obtient le prix & la main de sa maîtresse. La chanson du bailli rouloit sur le triomphe du rossignol, & sur l'humiliation d'un coucou & d'un hibou qui lui disputoient le prix du chant.

On voit que l'intrigue n'a absolument rien de neuf : que le dénouement est celui du jugement de Midas ; mais les auteurs ont semé dans l'ouvrage des tableaux agréables & des couplets piquans qui font excuser la foiblesse de l'action L'ouverture de la scène, qui off e le moment de la récolte des pommes, rappelle aux amis de la gaieté les jolis vaudevilles de Piis & Barré, qui, comme on sait, brilloient souvent autant par la fraîcheur des tableaux que par le sel des couplets On a demandé les auteurs : ce sont les mêmes qui ont donné à ce théâtre Clément Marot ; & à la manière dont ils se distinguent dans ce genre, ils font espérer qu'ils pourront être mis au rang de ses soutiens.

Courrier des spectacles, n° 1600 di 28 messidor an 9 [17 juillet 1801], p. 2 :

[La veille, la pièce avait été annoncée ainsi : « la première représentation à ce théâtre du Val-de-Vire, comédie en 1 acte ». C’est bien la reprise de la pièce de Gouffé et Duval, créée sur le théâtre des Troubadours en l’an 7, et fort bien représentée sur le Théâtre du Vaudeville, ce qui est la moindre des choses.]

Théâtre du Vaudeville.

Depuis long-tems les amateurs de bons vaudevilles appelloient à ce théâtre le Val-de-Vire, ouvrage très-agréable des citoyens Armand-Gouffé et Georges-Duval. Hier la première représentation de cette pièce réunit tous les suffrages.

Les citoyens Duchaume, Chapelle, Carpentier, Hypolite et Albert, et mademoiselle Arsène ont contribué à ce succès par l’ensemble vraiment précieux qu’il ont mis dans cette représentation.

D’après la base César, la pièce a été jouée 44 fois au Théâtre des Troubadours, du 7 juin au 8 novembre 1799. Elle a été reprise en 1801 au Théâtre du Vaudeville.

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