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Les Valets de campagne

Les Valets de campagne, comédie en un acte et en vaudevilles, de Gersain, 12 frimaire an 14 [3 décembre 1805].

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Valets de campagne (les)

Genre

comédie en vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ,

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

12 frimaire an 14 [3 décembre 1805]

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Gersain

Courrier des spectacles, n° 3234 du 13 frimaire an 14 [4 décembre 1805], p. 2 :

[Le début de l’article s’interroge sur la pertinence de cette mise en cause des « valets de campagne », dont la pièce donne à penser qu’ils ne valent pas mieux que ceux des villes. Le critique pense qu’il vaudrait mieux ne pas détruire la croyance en une supériorité morale des gens de la campagne. Il passe ensuite à l’habituel résumé de l’intrigue, qui se contente de transposer l’intrigue plus qu’usée des tuteurs qui veulent épouser leurs pupilles qui ne veulent pas les épouser, et qui finissent toujours par ne pas les épouser. Pas de détails piquants, un dénouement mal fichu. L’auteur a déjà fait bien mieux. Il y a même eu des murmures pour des couplets « un peu libres », et des sifflets sont apparus, qui ont cédé de peu aux marques de bienveillance. Les actrices sont mises en valeur. Mais ce qui a le plus été applaudi, c’est tout ce qui se rapporte « à la gloire de nos armées, à la rapidité de nos victoires, à la paix et à l’honneur de l’invincible chef de l’Empire ». L’enthousiasme du critique, reflet de celui du public, n’en doutons pas, surprend un peu à la fin d’une pièce qui ne semble pas avoir un rapport clair avec le patriotisme ou l'épopée militaire de Napoléon.]

Théâtre du Vaudeville.

Les Valets de campagne.

En mettant des Valets de campagne sur la scène, en nous les montrant aussi susceptibles de corruption et de mauvaise foi que ceux de la ville, l’auteur de la nouvelle pièce a-t-il voulu détruire une illusion qui nous fait regarder le séjour des villages comme le dernier azyle des mœurs et de la vertu ? Cette idée n a rien d’heureux. Pourquoi nous enlever des préventions qui peuvent être encore utiles ? Pourquoi ravir aux habitans de la campagne un motif d’encouragement et cette bonne opinion de soi-même qui anime à la vertu ?

Les mœurs des champs ne sont pas aussi pures, aussi simples, aussi naïves que le croient communément ceux qui n’ont jamais habité que les villes ; mais c’est au sein des villages qu’on trouve le plus de vertus généreuses et hospitalières ; et si l’antique bonne-foi s’est réservé un azile, c’est plutôt sous le chaume que sous les lambris dorés.

M. Grichard est un vieux tuteur qui veut épouser Julie sa pupille. Julie, comme de raison, ne veut point épouser M. Grichard ; mais elle soupire pour un jeuue officier nommé Germeuil. Grichard obligé de s’absenter, charge Blaise et Suzette ses valets de surveiller Julie, et sur-tout d’écarter Germeuil ; il leur promet, s’ils sont fidèles, de les marier et de leur donner une petite ferme. L’espoir de la petite ferme touche le cœur des valets, et ils promettent de bien remplir leurs fonctions de gardiens. Germeuil arrive aussi-tôt après le départ de Grichard, et promet à Blaise et à Suzette beaucoup plus que n’a promis Grichard. Blaise et Suzette, qui n’ont juste de vertu que ce que pèse la bourse qu’on peut leur offrir, entrent dans les vues de Germeuil, et pour tromper Grichard, ils lui présentent un contrat, et le lui font signer comme si c’étoit le leur ; ce contrat est celui de Sophie et de son amant. Une lettre de Germeuil avertit Grichard de ce qui vient de se passer, et alors ce bonhomme devine qu’on l’a trompé.

Cette pièce ne présente rien de neuf ; le cadre le plus usé est celui des tuteurs et des pupilles ; les détails n'ont rien de piquant, et le dénouement annonce peu d’habileté Cependant cet ouvrage est d’un auteur qui ne manque ni de talent, ni d’esprit, et qui fait ordinairement beaucoup mieux ; mais 1’imagination a, comme toutes les facultés, ses momens de foiblesse, qu’il faut savoir excuser. Quelques couplets un peu libres ont excité des murmures ; les sifflets sont venus ensuite, et ce n’est qu’avec quelque peine que la bienveillance l’a emporté sur la défaveur.

Mad. Hervey chargée d’un rôle de jeune servante, l’a joué avec une extrême intelligence ; elle a rendu plusieurs scènes avec un charme particulier. Elle suffiroit seule pour obtenir grâce aux défauts de l’ouvrage.

Mad. Desmares a joué aussi avec beaucoup de grâces le petit rôle de Julie ; elle a sur-tout chanté très-bien quelques couplets de la première scèue. Mais les traits qu’on a le plus vivement applaudis sont ceux qui se rapportent à la gloire de nos armées, à la rapidité de nos victoires, à la paix et à l’honneur de l’invincible chef de l’Empire. Quels exploits et quelles campagnes offrirent jamais un plus riche sujet d'hymnes et de chants de triomphe !

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome I, janvier1806, p. 280-283 :

[Après avoir résumé l’intrigue (mais on n’apprend pas tout dans le détail, et elle reste plutôt obscure), le jugement est plutôt sévère : idée initiale ingénieuse, mais dénouement « insupportable d'invraisemblance », et couplets spirituels et bien tournés : le contraste est fort. La pièce n’a pas échoué grâce aussi à un dialogue aux traits heureux, et à l’interprétation de madame Hervey.]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Deux nouveautés ont paru sur ce théâtre. L'une, par son titre même, avait fait présager son sort : elle était intitulée ; Vas où tu peux, meurs où tu dois, calembourg. [...]

La seconde est intitulée : Les Valets de campagne.

M. Grichard, tuteur mal-adroit, comme ils le sont tous, a renvoyé deux valets, parce qu'il ne le servaient pas assez bien dans le projet de soustraire sa pupille aux recherches de Germeuil son amant. Il croit être plus heureux avec deux valets de campagne ; mais de ces deux nouveaux gardiens l'un est une paysane [sic] vive, sensible et spirituelle, et l'autre est un assez honnête villageois, mais épris de la jeune paysane, et de plus jaloux comme un tigre. On voit que le tuteur a déjà fait une gaucherie en prenant deux amans pour Argus ; car la moindre connaissance dit cœur humain doit faire supposer qu’une jeune paysane amoureuse elle-même ne sera pas disposée à contrarier l'amour de sa jeune maîtresse. Aussi dès le premier mot Germeuil l'a-t-il gagnée : mais comment séduire l'autre ? Par un moyen très-simple auquel se prête fort complaisamment la jeune villageoise. De concert avec Germeuil, ils paraîtront fort épris l'un de l'autre, et notre jaloux aimera mieux garder moins sévèrement la maîtresse de Germeuil que de s'exposer à se voir enlever la sienne. Germeuil retrouve donc sa chère Pauline ; mais que dira le tuteur à son retour ? Il criera, jurera , mais signera, sans y regarder, le contrat de sa pupille en croyant signer autre chose. Ce sont aujourd'hui les dénouemens à la mode, et l'accueil qu'ils reçoivent devrait cependant en dégoûter les auteurs.

La première idée de ce petit acte était ingénieuse; l'auteur ne 1'a pas soutenue. Le dénouement sur-tout est insupportable d'invraisemblance ; mais il est impossible de réunir dans un plus mauvais cadre des couplets plus spirituels et mieux tournés; le dialogue même offre souvent des traits heureux et comiques : c'est en leur faveur sans doute, et grace au jeu fin de madame Hervei, que la pièce a généralement réussi. L'auteur est M. Gersain.

Annales dramatiques ou Dictionnaire général des théâtres, tome neuvième (Paris, 1812), p. 269-270 :

[Compte rendu qui a le mérite d’éclairer l’intrigue; dont la vraisemblance ne devient pas plus grande. Le jugement est clair : dénouement pitoyable, caractère de la soubrette intéressant, couplets bien tournés.]

VALETS DE CAMPAGNE (les), comédie-vaudeville en un acte, par M. Gersain, au Vaudeville, 1805.

Grichard, vieux, laid et amoureux, comme tous les tuteurs de comédie, se voit forcé de s'absenter pour quelque tems. Il promet une ferme pour dot à Biaise et à Suzette, s'ils veulent veiller exactement sur Julie, sa pupille , qu'il tient renfermée dans une maison de campagne. Eblouis par ses offres, les deux fiancés lui promettent, à leur tour, de faire bonne garde. Les choses sont dans cet état, lorsque Germeuil, amant aimé de Julie, arrive. Décidé à tout entreprendre, l'officier s'adresse à Suzette, qu'il parvient à fléchir ; mais Blaise, qui n'est point aussi flexible que sa future, refuse obstinément une bourse de louis qu'il lui offre. Piqué de sa résistance, Germeuil feint d'avoir de l'amour pour Suzette, et même de vouloir épouser cette .petite, qui, de son ciôté, parait y consentir. Blaise, désolé, sent alors la nécessité de se débarrasser d'un rival aussi dangereux; et, pour cela faire, il ramène Germeuil à Julie. Grâce à ce stratagême les deux amans ont une entrevue délicieuse, dans laquelle ils se disent mille choses charmantes. Cependant Grichard revient; il interroge ses valets, qui lui annoncent qu'un cavalier s'est présenté; que ce cavalier leur a également promis de l'argent pour les unir ; et que si lui, Grichard, ne s'empresse de signer leur contrat, ils seront forcés de le quitter. L'imbécille tuteur se laisse prendre au piége ; il signe le contrat sans le lire, et unit ainsi Germeuil à sa Julie.

Ce dénouement est pitoyable ; jusques-là, tout va bien. Le caractère de Suzette, mélange de coquetterie d'amour, de malice et de naïveté, offre de l'intérêt. D'autre part, les couplets sont agréablement tournés.

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