Les mots du théâtre au XVIIIe siècle.
Atellanes.
Chamfort et Laporte, Dictionnaire dramatique, tome I, p. 145-146 :
ATELLANES, Piéces de Théâtre chez les Romains, & qui ressembloient fort aux Piéces satyriques des Grecs , non-seulement pour le choix des sujets,mais encore par les caractères des Acteurs, des danses & de la musique. II semble qu'elles ayent eu pour objet, aussi-bien que le Spectacle satyrique des Grecs, de délasser le spectateur qui venoit donner son attention à une Tragédie qui n'étoit pas interrompue, un seul moment, puisque le chant du Chœur même tenoit à l'action.
On appelloit ces piéces Atellanes, d'Attella, Ville du pays des Osques, ancien Peuple du Latium, où elles avoient pris naissance, & d'où elles passerent bientôt à Rome ; c'est pourquoi on les trouve nommées dans Cicéron osci ludi, & dans Tacite oscum ludicrum.
Elles étoient ordinairement Comiques, mais non pas absolument, ni exclusivement à tout sujet noble ou sérieux qu'on peut y faire entrer : c'étoit quelquefois des Pastorales héroïques, telle que celle dont parle Suétone, dans la Vie de Domitien ; elle rouloit fur les amours de Pâris & d'Œnone : quelquefois c'étoit un mélange bisarre de Tragique & de Comique ; elles étoient jouées par des Pantomines qu'on appelloit Atellans, Atellani, ou Exodiaires, Exodiarii ; parce que, dit un ancien Scholiaste de Juvénal, cet Acteur n'entroit qu'à la fin des jeux, afin que toutes les larmes & la tristesse que causoient les passions dans les Tragédies, fussent effacées par les ris & la joie qu'inspiroient les Atellanes. On pourroit donc, dit Vossius, les appeller des Comé dies satyriques, car elles étoient pleines de plaisanteries & de bons-mots, comme les Comédies Greques ; mais elles n'étoient pas, comme celle-ci, représentées par des Acteurs habillés en satyres. Voyez Satyre.
Références :
Cicéron, ad Familiares, 7, 1, 3 (« osci ludi »)
Scholiaste de Juvénal (le mot « exodiarii »).
Suétone, Vie de Domitien, 10, 6.
Tacite, Annales, livre 4, 14 (« oscum ludicrum »).
Gerardus Joannes Vossius, Poeticarum Institutionum Libri Tres, II, 4 (p. 812 et 1500 du volume I de l’édition de Jan Bloemendal, chez Brill en 2010).
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