Adèle de Crécy, drame en quatre actes, de Dercy, 3 mai 1793.
Théâtre de la Nation.
Journal encyclopédique ou universel, année 1793, avril 1793, p. 544-545 :
[L'article s'ouvre par un jugement sur l'intrigue, jugée un peu romanesque (faut-il le démentir ?), et insiste ensuite sur le but profondément moral de la pièce, « offrir les dangers du droit d'aînesse, droit inique » encore présent dans certaines coutumes de France. Pour cela, la pièce montre les ravages de ce droit d'aînesse dans une famille dont le fils cadet tente par tous les moyens de « succéder au droit de son frere », mensonges, tentative d'enlèvement du fils de son frère aîné qu'il fait passer pour mort et à qui il a fait croire que sa femme était décédée. A son retour, ce frère retrouve ses droits, mais le plus jeune des frères vient expirer sur la scène en se repentant de ce qu'une loi injuste lui a fait commettre. La pièce a été très applaudie, mlagré un intérêt faiblissant au court de la pièce. La versification est jugée « pure et correcte. L'auteur a été nommé. Une actrice a droit à des félicitations : « elle a eu souvent l'élan de la vérité & les émotions touchantes de l'amour maternel ». Ce sont visiblement de bien belles qualités.
Théatre de la nation.
Adele de Créci, drame ;
Le sujet d'Adele de Crécy, drame en 4 actes en vers, est un peu romanesque ; mais il est intéressant : son but est d'offrir les dangers du droit d'aînesse ; droit inique qui existoit autrefois dans plusieurs ; coutumes de France. Le vieux comte de Crécy a deux fils; l'aîné l'a quitté, après s'être marié contre son gré : le plus jeune, nommé Némond, jaloux de succéder au droit de son frere, a employé les moyens les plus coupables pour rendre ce frere odieux à son pere ; il fait accroire au vieillard que Crécy étoit mort à Candie, où il étoit captif ; d'un autre côté il a écrit à Crécy qu'Adele son épouse n'existe plus. Cependant cette épouse fidelle vient se jetter, avec son jeune fils, aux genoux du pere de son époux, qui l'arrose de ses larmes ; mais Némond, toujours dévoré par l'ambition, veut à tout prix, en venir à son but. Adele voit, par ses ordres, son fils arraché de ses bras. Cette mere an désespoir promet sa main à d'Alincourt, dont elle est aimée, à condition qu'il lui ramenera ce fils cheri. D'Alincourt l'enleve à ses ravisseurs, & le rend à sa mere qui se voit forcée de tenir sa promesse.
Sur ces entrefaites, Crécy revient ; il apprend qu'Adele existe encore, & qu'elle va contracter un nouvel engagement. Crécy se présente à elle, dans l'intention de l'accabler de reproches : mais cette femme vertueuse l'instruit des dangers que son fils avoit courus & de la trahison de Némond. D'Alincourt, homme délicat, embrasse l'époux d'Adele; son vieux pere le serre dans ses bras : tout le monde est heureux, excepté Némond, qui, blessé dans une tentative qu'il a faite pour enlever Adele, vient expirer aux yeux de ceux qu'il a tant persécutés ; mais son répentir amer prouve qu'il n'eût jamais été coupable, sans la loi barbare du droit d'ainesse, qui avoit étouffé chez lui l'honneur & la nature.
Tel est le fond de cet ouvrage, qui a été très-applaudi, Le premier acte est bien; le second offre du mouvement ; mais les deux derniers sont un peu foibles : du reste, la versification, sans être forte, en est pure & correcte. On a demandé l'auteur ; & Saint-Phal est yenu nommer Dercy, auteur du poëme de la Caverne, au théâtre de la rue Feydeau. Mad. Petit s'est sur-tout distinguée dans le rôle fatiguant d'Adele : elle a eu souvent l'élan de la vérité & les émotions touchantes de l'amour maternel.
D'après la base César, qui ne connaît pas l'auteur de la pièce, elle a été créée le 3 mai 1793 au Théâtre de la Nation, et a connu 6 représentations au long du mois de mai.
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