La Caverne (Dercy, Lesueur)

La Caverne, ou les Voleurs, opéra en trois actes, en prose, mêlé d'ariettes, de Dercy, musique de Lesueur, 16 février 1793. 

Théâtre de la rue Feydeau

Titre :

Caverne (la), ou les Voleurs

Genre

opéra mêlé d’ariettes

Nombre d'actes :

3

Vers / prose

en prose, avec des couplets en evrs

Musique :

ariettes

Date de création :

16 février 1793

Théâtre :

Théâtre de la rue Feydeau

Auteur(s) des paroles :

Dercy

Compositeur(s) :

Lesueur

Almanach des Muses 1794

Sujet tiré du roman de Gilblas. Des situations, des effets. Musique très-belle et très-applaudie.

Sur la page de titre de la brochure,Paris, chez la Veuve Duchesne (sans date) :

La Caverne, ou les Voleurs, comédie en trois actes, en prose, mêlée d'ariettes.

Pas d'indication d'auteur : l'exemplaire de la Bibliohèque de Lyon porte la mention manuscrite : « Paroles de Mr Dercy, Musique de Mr Le Sueur. »

L'Esprit des journaux français et étrangers, 1793, tome IV (avril 1793), p. 345-350 :

La Caverne, opéra comique en 3 actes donné pour la premiere fois, samedi 16 février ; par M. le Sueur. (p. 345-350)

Une jeune Espagnole, dont les vêtemens désignent une condition distinguée, & dont l'attitude annonce une douleur profonde, est enfermée dans une caverne. Un jeune homme & une vieille femme sont assis non-loin d'elle. Une lampe éclaire tristement ce souterrein, & on reconnoît aisément une retraite des brigands. La vieille femme & le jeune homme paroissent prendre intérêt à la malheureuse espagnole, & le dernier cherche à ranimer son espérance. Il a lui-même été pris par les voleurs, & il est en apparence associé à leurs opérations. Mais il est loin de partager leurs crimes, & il n'attend que le moment de venger son maître, que ces scélérats ont massacré. Il se nomme, & à son nom qu'elle connoît, l'espagnole étonnée le questionne : il lui apprend par ses réponses qu'il étoit au service du pere de son amant. Il lui promet alors de tout faire, pour la sauver. Cependant le chef des voleurs arrive suivi de sa troupe, dont les chants de joie, & les figures féroces répandent l'effroi. Leurs regards se portent avec un horrible plaisir sur la jeune espagnole ; mais leur chef qui se la réserve, leur interdit toute prétention sur elle : ses ordres impérieux leur déplaisent, & on entrevoit qu'ils voudroient l'en punir. Tandis qu'il exprime à sa prisonniere des sentimens qu'elle repousse avec horreur, une voix se sait entendre, dont le charme produit sur les habitans de la caverne l'effet que produisit Orphée sur les gardiens des enfers. On introduit le chanteur, c'est un pèlerin aveugle. La jeune espagnole, émue par cette voix, le regarde, & son émotion augmente. Le pélerin chante une romance dont le sens est intelligible pour la jeune espagnole seule. Elle reconnoît son amant, mais elle en est plus effrayée encore. Cependant on annonce au chef des voleurs que le jeune homme nouvellement pris s'est évadé ; il ordonne qu'on le poursuive, & il s'y dispose lui-même. Les deux amans restent seuls, & tombent dans les bras l'un de l'autre. Ils comptent sur le succès du stratagême, & sur les services que peut leur rendre par sa fuite l'adroit serviteur que la jeune espagnole a reconnu. Mais les voleurs irrités contre leur chef ont conjuré sa perte, & ils sont au moment d'exécuter leur dessein. Le pèlerin, qui sait de sa maîtresse que ce chef conserve encore quelques sentimens d'honneur, se propose de le défendre, & le lui dit en avouant sa ruse & son véritable état. Ce trait de générosité transporte de joie le brigand qui commence à se repentir de ses crimes, & il promet aux deux amans un digne prix de ce service. Enfin les voleurs vont remplir leur serment, mais ils trouvent une résistance inattendue ; on combat, on se mêle, le généreux serviteur est venu avec une force redoutable ; les brigands sont arrêtés, & leur chef, abjurant les principes affreux qui l'associoient à ces scélérats, est bientôt reconnu pour le frère de l'amant généreux de la jeune espagnole. Ces derniers, au comble de la joie, vont goûter avec leur libérateur & leur frere, le plaisir de la reconnoissance, de l'amitié & de l'amour.

On voit que le fond de cette piece est un épisode du roman de Gilblas. Le sujet n'est point dramatique. Des évenemens ne sont point une action ; c'est ce qu'ignorent beaucoup d'auteurs. Celui de la caverne a d'ailleurs eu le tort d'ajouter au vice du sujet, les défauts d'un plan sans ordre, d'une marche sans art ; & il n'a pas traité avec le talent nécessaire les situations intéressantes que les évenemens amenent quelquefois. Mais il a le mérite d'avoir donné au musicien des motifs très-fréquens & très-variés.

M. le Sueur, ci-devant abbé & maître de musique de Notre-Dame, y a adapté une musique aussi savante que large & brillante. Son style est pur, sa touche hardie & sa verve brûlante. C'est sur-tout dans les chœurs, qui sont nombreux dans cet ouvrage, que se développe tout le talent de ce jeune artiste : peut-être pourroit-on leur reprocher un peu d'uniformité dans la couleur & dans les motifs : les voleurs ne sont pas toujours dans la même situation, & les motifs de leurs chœurs sont presque toujours syllabiques, quoique le chant en soit différent ; mais les effets de déclamation & d'orchestre en sont superbes. Deux scenes, chantées, la premiere par Séraphine, au second acte, & la seconde par Rolando, au troisieme acte, sont sur-tout de la premiere beauté : elles sont écrites dans le style de nos plus grands maîtres, & les accens de la douleur y sent très-bien exprimés. Quelques duos ou trios ne sont pas marqués par la même supériorité : le morceau de. la. reconnoissance du troisieme acte n'est pas coupé d'une maniere assez dramatique ; &, en général, M. le Sueur doit à la force, à la rapidité de son imagination, des incohérences & des transitions un peu brusques dans plusieurs de ses phrases musicales : il ne se repose pas assez sur ses modulations, ce qui jette de l'embarras & de la diffusion dans quelques-uns de ses morceaux. Nous l'engageons à se rendre maître de sa verve, dont l'abondance & la richesse pourroient l'écarter de cette belle simplicité, qui doit être le cachet de la grande musique : c'est un avis qu'on ne peut pas donner à tout le monde.

Le public, électrisé par la beauté de cette musique, en a demandé deux fois l'auteur, & M. le Sueur lui a été présenté deux fois ; mais on a remarqué sur sa physionomie cette rougeur, cette timidité qui accompagnent toujours un début. Nous pouvons d'ailleurs assurer que peu d'artistes sont plus doux, plus honnêtes, plus modestes que M. le Sueur : il méritoit son succès ; mais les encouragemens d'un public juste & éclairé ont dû beaucoup affecter sa sensibilité.

Nous ne pouvons nous empêcher de rapporter un trait qui fait honneur à M. Chérubini. Ce célebre compositeur a eu la complaisance de diriger les répétitions de cet ouvrage, &, le jour de la représentation, voyant que M. le Sueur étoit trop agité pour pouvoir conduire lui-même son opéra, M. Chérubini s'est saisi du bâton de mesure, & s'est placé dans le trou du souffleur. Les grands talens ne connoìssent point toutes ces petites passions qui rongent le cœur des gens médiocres : ils s'aident mutuellement, & savent remplir tous les devoirs de la fraternité !...

Mad. Scio a développé, dans le rôle de Séraphine, toutes les ressources d'une belle voix & d'un goût de chant pur & fini. M. Gavaux a mis tout le talent qu'on lui connoît dans celui d'Alphonse. Mme. Verteuil a joué, en actrice consommée, le rôle intéressant de Léonarde, & l'a chanté avec infiniment d'ame. M. Châteaufort, qui n'avoit le rôle de Rolando que depuis huit jours, attendu que M. Martin n'a pu le jouer par indisposition, y a fait briller des progrès sensibles : il y a mis du jeu, de la chaleur, & l'a chanté avec beaucoup de goût & de sensibilité : en un mot, cet ouvrage ne laisse rien à désirer non plus du côté de l'exécution des chœurs : on sait aussi que les grands talens qui composent l'orchestre de ce théatre lui ont assigné une place distinguée dans l'estime publique.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1795, volume 4 (juillet-août 1795), p. 236-238 :

[A l’occasion de la publication de la partition de la Caverne, le critique revient sur la musique de Lesueur, qu’il tient en très haute estime. Il insiste sur sa qualité, en réponse aux reproches injustes qui lui ont été faits. C’est pour lui l’occasion de montrer la cohérence de la Caverne, mais aussi de Paul et Virginie, du même auteur, dont le critique attend la partition avec impatience.]

THÉÂTRE DE LA RUE FEYDEAU.

La Caverne, drame lyrique en trois actes.

Nous avons parlé, dans le tems, du premier ouvrage lyrique de Lesueur, & nous nous plaisons à y revenir, aujourd'hui que nous avons sa partition sous les yeux. Les représentations soutenues de la Caverne, & l'estime dont jouit cette belle musique, ont placé son auteur parmi les premiers compositeurs qui travaillent pour le théatre; & en effet, toujours dramatique, toujours assujetti aux situations , aux passìons qu'il avoit à peindre, Lesueur a déployé,. dans cet ouvrage, toutes les richesses d'une imagination brûlante, toute la science du musicien unie à la déclamation, à l'effet théatral. Son genre est à lui ; il écrit comme il sent, & il sent profondément. Le poëme de la Caverne lui offroit plus de morceaux d'ensemble que d'airs ; il avoit plusieurs chœurs à faire, & malheureusement ces chœurs étoient tous composés de brigands, qui conspiroient contre les jours de Séraphine, ou contre ceux de leur propre capitaine ; Lesueur a tâché de varier, le plus qu'il lui a été possible, ces chœurs, qui lui offroient tous la même couleur ; &, malgré cette attention , peut-être peut-on leur reprocher un peu d'uniformité dans la coupe & dans les intentions. Tel est l’effet du dernier chœur du second acte, & du premier chœur qui commence le troisieme acte. En général, ils doivent être regardés tous comme des chef-d œuvres par leur originalité, & par la maniere dont ils font phrasés.

Tout le rôle de Séraphine est écrit avec cette expression touchante de la candeur & de la sensibilité : son air, du troisieme acte, je suivrai tes pas, offre par tout l'accent d'un désespoir concentré, qui ne peut plus s'exhaler en éclats ; c'est un des morceaux les mieux faits de l'ouvrage. Le quatuor de la reconnoissance est parfaitement dialogué : en un mot, Lesueur, digne du nom de l’artiste dont il descend, a prouvé qu'il savoit peindre, à grands traits, les passions & les différens caracteres. En lisant la partition, on y trouve toujours du chant, uni à la plus belle harmonie. Si la malveillance & la jalousie, qui l'ont long-tems persécuté, ont prétendu qu'il avoit plus le genre de l'église que celui du théatre, nous répondrons que, dans tous les tems, il étoit plutôt fait pour le théatre que pour l'église, & qu'on lui en faisoit le reproche du tems qu'il étoit maître de musique de la ci-devant métropole  : mais un aussi rare taent devoit être poursuivi par la médiocrité & le génie finit toujours par faire taire la calomnie. Cet artiste a, dans son porte-feuille, d'autres ouvrages qui, sans doute, mettront le sceau à sa haute réputation.

La Caverne fait désirer de voir paroître une autre partition du même auteur, code de Paul & Virginie, dont la musique est particulierement considerée par la grace de la mélodie, la correction du style, la netteté des effets, & la simplicité des moyens pour arriver aux grandes expressions. Nous n'avons besoin, pour appuyer ce que nous avançons auprès de l'amateur instruit & du connoisseur, que de leur citer, dans le premier acte, l’hymne au soleil, le duo, le trio ; dans le second, le grand duo, & tout le final ; dans le troisieme, l’air de Virginie, le quatuor, & l'air de Paul. L’ouvrage du musicien paroît avoir été inspiré plutôt par le roman que par le poëme sur lequel il a travaillé. On ne remarque pas moins l’unité qui regne dans toute la musique de cet opéra ; c'est-à-dire, l'espece de chaîne au moyen de laquelle le compositeur a su faire correspondre tous ses morceaux, de maniere qu'ils s'appartiennent tous mutuellement, & ne font ensemble qu'une seule & même masse, dont toutes portions sont, si nous osons le dire, parentes l'une de l'autre. Si la musique de la Caverne est passionnée, & souvent sombre & rembrunie comme le sujet, on peut dire, de celle de Paul & Virginie, qu'elle a une localité aussi marquée ; car plusieurs morceaux y ont la chaleur du sujet, créé par Bernardin ; & une teinte générale, répandue sur toute la musique, la rend fraîche comme le site où se passe l’action.

Geoffroy, Cours de littérature dramatique, seconde édition, tome cinquième (Paris, 1825), p. 361-364 :

[A l’occasion d'une reprise de la Caverne en 1805, un article du redoutable Geoffroy, le critique du Journal de l’Empire. On en retiendra les considérations générales sur le sort des théâtres parisiens, et sur la carrière d’un musicien qui ne sait pas tirer parti des querelles du monde du spectacle... De façon intéressante, c’est la musique qui constitue l’essentiel de l'œuvre, au détriment du livret, à peine évoqué]

M. LESUEUR.

LA CAVERNE.

Des débris du théâtre des Bouffons, connu sous le nom de théâtre de Monsieur, se forma, dans les premières années de la révolution, une société musicale, qui tenait le milieu entre le grand Opéra et l'Opéra-Comique. Cette société occupa la salle de Feydeau, bâtie pour les bouffons par des entrepreneurs actionnaires : l'orchestre de ce nouveau théâtre, qu'on appela théâtre Feydeau, était fameux dans Paris par sa précision, sa science profonde dans l'art d'accompagner. Martin, madame Scio, alors dans toute la force de son talent, mademoiselle Lesage, plusieurs autres sujets des deux sexes embellissaient la scène : on y donnait des ouvrages savans, forts de musique ;ils y étaient exécutés avec beaucoup de soin et de goût, et il ne manquait à Feydeau que des ballets et des danses pour être le rival de l'Opéra.

Il lui manque surtout, pour exister long-temps, une administration éclairée et sage. Malheur aux associations théâtrales qui ne sont pas logées chez elles ! Favart et Feydeau en sont un exemple : ces deux sociétés ont été ruinées par leurs salles. Après avoir passé de l'une dans l'autre, elles ont trouvé que ce double déménagement n'avait point rendu leurs affaires meilleures. Aujourd'hui la salle de Feydeau, vacante, effraie par ses malheurs ceux qui seraient tentés de s'y établir, et peut-être attend-elle encore une seconde visite de la société Favart.

Au reste, la société Feydeau, bouleversée, fondue dans celle de Favart, subsiste encore par son répertoire et par ses grands ouvrages : la Médée et Lodoiska de Cherubini, le Télémaque, la Caverne, Paul et Virginie, de Lesueur, plusieurs autres productions dont ma mémoire ne me rappelle pas le titre, attestent la gloire passée du théâtre Feydeau, et commencent à devenir une ressource pour le théâtre Favart, lequel vient de remettre la Caverne avec le plus brillant succès.

Il faut bien se donner de garde de prendre la Caverne pour un opéra comique ; c'est un grand opéra dans toutes les formes, à ne considérer que le ton et le caractère de la musique. Quoique Gil Blas, Léonarde et les voleurs, habitans de la caverne, ne soient ni des dieux ni des héros, le compositeur a su les ennoblir par ses chants ; il n'y a guère qu'un joli petit air de Léonarde, accompagné de la vielle d'un aveugle, qui appartienne véritablement à l'opéra comique. Gil Blas est un chevalier plein de courage et de générosité ; l'amour et les remords du capitaine Rolando lui donnent la dignité tragique ; la conjuration des voleurs contre leur capitaine, les élève au rang des grands scélérats de théâtre ; enfin Léonarde est elle-même une héroïne de sensibilité et d'humanité, vertus qu'on n'avait pas droit d'attendre de la vieille servante d'une troupe de voleurs.

Il a fallu à l'auteur de la pièce beaucoup d'art et d'intelligence pour donner ainsi à des personnages comiques, et même bas, une couleur pathétique, et faire de cette partie des aventures de Gil Blas un drame noble et intéressant, propre à recevoir de la grande musique. Lesueur, accoutumé aux savantes combinaisons de la plus profonde harmonie ; Lesueur, dont les accens sublimes avaient fait retentir les voûtes du premier temple de la capitale, aurait à regret abaissé son génie à des sujets badins et légers, et changé sa harpe en musette : il demandait un ouvrage dont la constitution fût analogue à la nature de son talent.

L'ouverture est brillante, énergique, pittoresque ; le compositeur a pris pour base de cette symphonie le contraste frappant entre la sévérité des brigands de la caverne, et la douleur touchante de la jeune dame qui est leur captive. Tantôt on entend le bruit des armes, on assiste à un combat terrible ; tantôt on se sent ému par les plaintes et les gémissemens de la beauté au désespoir. Le premier trio, qui sert d'introduction, est d'une belle composition et d'un grand effet ; l'air de Gil Blas : Ne doutez point de mon zèle, etc., est du meilleur style ; on y reconnaît la facture d'un grand maître. Tout le rôle de Léonarde est excellent, et mademoiselle Desbrosses y est très-applaudie : son jeu et son chant sont animés par le sentiment et l'expression convenables.

Lesueur a jugé à propos de donner au personnage de Séraphine toute la violence du désespoir : il a voulu faire chanter cette jeune femme en héroïne d'opéra ; il a prodigué les intonations fortes, les accens déchirans, tous les effets d'orchestre. J'aurais mieux aimé la douce et touchante mélodie, une expression plus simple de la douleur, plus de chant et de phrases musicales que d'énergie et de fracas : le rôle eût été moins fatigant pour l'actrice, et, je crois, plus agréable pour le public.

Les chœurs sont savans et riches : Lesueur est là dans son domaine particulier. Ces superbes morceaux sont peut-être trop multipliés pour le théâtre de l'Opéra-Comique, et les motifs n'en sont pas toujours assez variés. La rudesse et l'espèce d'austérité qu'on y remarque en plusieurs endroits, est parfaitement adaptée au lieu de la scène et aux mœurs de la plupart des personnages : une caverne de brigands n'est pas faite pour une mélodie voluptueuse. L'ouvrage offre un magnifique ensemble théâtral et musical, très-digne de l'auteur des Bardes, et absolument dans la manière de Gluck : on n'est pas étonné du prodigieux succès qu'il a obtenu dans sa naissance ; et la reprise, si l'on en juge par l'affluence des premières représentations, paraît devoir être heureuse. Ce n'est cependant pas sans contradiction qu'on applaudit Lesueur : ce compositeur ne sait que faire de bonne musique ; ce qui ne suffit pas toujours pour réussir ; il a le défaut de ne pas se prêter aux cabales et aux injustices, et le défaut plus grand encore de les dévoiler avec courage. Quand on a de pareils travers, on se fait beaucoup d'ennemis, on se fait persécuter, et les persécuteurs ne pardonneront jamais à l'artiste qu'ils ont maltraité ni son talent ni son bonheur. (20 pluviose an 13 [9 février 1805].)

Dans la base César, l'auteur du texte est P. Dercy, et le compositeur Jean-François Le Sueur.

Nombreuses représentations, essentiellement au théâtre Feydeau : 36 fois en 1793, 24 fois en 1794, 24 fois en 1795, 29 fois en 1796, 23 fois en 1797, 11 fois en 1798, 6 fois en 1799, soit 153 représentations.

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