Allons en Russie(anonyme)

Allons en Russie, vaudeville épisodique en un acte, 3 Nivôse an 11 [24 décembre 1802].

Théâtre Montansier-Variétés.

C'est le 3 nivôse an 11 [24 décembre 1802] que le Courrier des spectacles annonce la première d'une pièce intitulée Allons en Russie au Théâtre Montansier-Variétés, deux jours après la pièce homonyme du Théâtre de la Cité-Variétés..

Courrier des spectacles, n° 2120 du 4 nivôse an 11 [25 décembre 1802], p. 2 :

[Comme c'est le premier compte rendu sur les deux Allons en Russie qui viennent d'être créés à quelques jours de distance, le critique commence par une peinture moqueuse de ces jeunes gens qui croient pouvoir faire carrière à Saint-Pétersbourg, et voient leurs illusions s'envoler bien vite. Loin de représenter le tableau de cette déception, le nouveau vaudeville reprend une intrigue sentimentale usée : le père dela jeune fille à marier trouve dans le voyage en Russie le moyen de trouver celui de ses prétendants qui « est le plus digne de sa fille ». Et c'est celui qui accepte de rester en France pour ne pas quitter sa belle. Finalement, la pièce aurait dû s'appeler N'allons pas en Rassie. Pas de succès : « les auteurs n’ont été ni demandés ni nommés.]

Théâtre Montansier.

Première Représentation de : Allons en Russie.

Le Voyage en Russie est à l’ordre du jour dans les coulisses. Aussi nos artistes, sur-tout ceux du talent le plus mince, savent-ils exactement quelle loge occupera tel ou tel personnage Russe, et chaque regard qu’ils en obtiennent leur paroît-il un engagement tacite. Ils quittent la scène tout radieux, et s’attendant à être demandés, à être enrôlés sur-le-champ, ils affectent de la morgue envers leurs camarades, prennent un ton avec le Directeur , puis peu-à-peu voyant s’évanouir l’espoir qui les a bercés, ils rentrent humbles et contrits dans les rangs où leur médiocrité les a placés. Ce tableau étoit peut-être celui que devoient peindre nos auteurs qui sont à l’affût de la circonstance. Nous pouvions même raisonnablement espérer que ceux de la nouveauté : Allons en Russie, l’auroient au-moins esquissé. Pas du tout ; aussi leur intrigue, froide et usée, n’a-t-elle pas eu l’approbation du public qui a entendu la pièce jusqu’à la fin, parce qu’il la trouvoit écrite d’une manière spirituelle, et qu’une scène assez plaisante, celle de l’enrôlement d’un Usurier et d’une Amante douairière, avoit ranimé le zèle des amis et la bonne volonté des indifférens.

M. Dumont loge trois jeunes gens, dont un est Poète, l’autre Acteur et le dernier Musicien. Le poëte est l’amant préféré de Mélise, fille de M. Dumont, qui d’après ses relations avec un Seigneur Russe, vient d’être chargé de former la troupe Française pour Saint-Pétersbourg. Afin d’éprouver lequel des trois est le plus digne de sa fille, il prend l’habit russe, et sous ce déguisement, aborde l’acteur et le musicien qui sacrifient sans peine leur amour pour Mélise à vingt-cinq mille francs d’appointemens. Il n’en est pas de même du jeune poëte, il refuse tout, et ne veut quitter ni la France ni sa maîtresse dont il obtient la main. D’après le but moral de cette pièce, on auroit dû l’intituler : N'allons pas en Rassie.

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