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Arabelle et Vascos, ou les Jacobins de Goa

Arabelle et Vascos, ou les Jacobins de Goa, opéra en trois actes, de Lebrun-Tossa, musique de François Marc (Lesueur servant de prête-nom), 21 Fructidor an 2 [7 septembre 1794].

Opéra comique national de la rue Favart

Titre :

Arabelle et Vascos, ou les Jacobins de Goa

Genre

opéra

Nombre d'actes :

3

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

21 fructidor an 2 (7 septembre 1794)

Théâtre :

Opéra comique national de la rue Favart

Auteur(s) des paroles :

Lebrun-Tossa

Compositeur(s) :

François Marc (Le Sueur servant de prête-nom)

Almanach des Muses 1795.

Sujet qui, sous des noms différens, rappelle l'histoire de Don-Carlos. Vascos, fils d'un gouverneur de Goa, aime une jeune indienne, que son père est sur le point d'épouser. Des Indiens viennent le demander pour gouverneur, et sollicitent l'expulsion des inquisiteurs. Vascos les protège et va fuir avec eux. On l'arrête : on trouve sur lui une lettre de la jeune indienne ; le tribunal de l'inquisition le condamne à mort. Mais on éclaire le peuple ; les moines sont arrêtés à leur tour, et les deux amants triomphent.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez la citoyenne Toubon, an III :

Arabelle et Vascos, ou les Jacobins de Goa, drame lyrique en trois actes. Représenté le 5 fructidor, l'an II de la République, sur le théâtre de la rue Favart. Paroles du citoyen Lebrun-Tossa. Musique du citoyen Lesueur.

Grand Dieu ! n'entends-tu pas les cris de ces milliers de victimes qui, plongées dans la tombe, semblent soulever la terre qui les couvre, pour te demander vengeance ?

Acte III, Scene V.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1794, volume 9 (septembre 1794), p. 238-240 :

[La pièce est placée dans l’Inde sous domination des Portugais, et elle montre « leur cruelle domination ». L’intrigue tourne bien sûr autour d’une histoire sentimentale, qui finit heureusement au dénouement (impossible d'y échapper !). Même si certains « épisodes […] entravent la marche de l’action », la pièce a « du mouvement & de l’intérêt », mais « le dénouement est trop brusqué & trop peu vraisemblable », et le critique propose un dénouement « plus simple & plus naturel » (il ne devait pas avoir lieu « dans un appartement » et il faudrait tuer les personnages tyranniques. Le public a beaucoup applaudi, en découvrant de prétendues «  applications, toujours déplacées quand il s'agit d'une piece de théatre, & sur-tout d'une action qui se passe dans l'Inde ».]

THEATRE DE L'OPERA COMIQUE NATIONAL, RUE FAVART.

Arabelle & Vascos, drame lyrique.

Le sujet d’Arabelle & Vascos, opéra en trois actes, donné derniérement sur ce théatre, approche un peu de l'histoire de don Carlos, ainsi qu'on va en juger. Les Portugais ont soumis les Indiens à leur cruelle domination : Philippe, gouverneur de Goa, est sur le point d'épouser Arabelle, jeune Indienne, que son fils Vacos aime en secret. Vascos est aimé d'Arabelle, qui lui peint sa tendresse dans une lettre que Vascos porte toujours sur son cœur. Cependant des députés des Indiens viennent demander Vascos pour leur gouverneur, & sollicitent l'expulsion des inquisiteurs de leur isle paisible. Vascos intercede pour eux, & s'attire, par ce moyen, la haine de son pere ; mais Vascos n'abandonne pas, pour cela, les infortunés qu'il défend Il va même fuir avec eux, lorsque son projet est découvert : il est arrêté : on trouve sur lui la lettre d'Arabelle : ces deux amans sont séparés, & Vascos est condamné à la mort par le tribunal de l'inquisìtion. Une sédition s'éleve : Vascos va triompher ; mais Philippe l'emporte, & Vascos va périr. A l'instant même, un ami généreux éclaire le peuple sur les crimes de Philippe, sur ceux des cruels inquisiteurs : Philippe & ces moines féroces sont arrêtés, & les deux amans triomphent.

A cette intrigue sont joints plusieurs épisodes qui souvent entravent la marche de l’action ; mais, en général, il y a du mouvement & de l'intérêt, sur tout dans les deux derniers actes de cet ouvrage, dont le dénouement est trop brusqué & trop peu vraisemblable. Ce n'est pas dans un appartement que l'on peut haranguer le peuple, & que ce même peuple peut se faire justice des tyrans qui l'opprimoient. Il falloit que Philippe & l'inquisiteur périssent dans l'insurrection que venoit de susciter l'ami de Vascos : le dénouement eût été plus simple & plus naturel. Au reste, la piece en général a fait plaisir : plusieurs scenes ont été vivement applaudies, & trop applaudies même, car on a cherché à faire des applications, toujours déplacées quand il s'agit d'une piece de théatre, & sur-tout d'une action qui se passe dans l'Inde. Le public a demandé les auteurs : Fleuriot est venu nommer, pour le poème, Lebrun-Tossa, auteur du Mont Alphéa, de la Folie du roi Georges, &c., & pour la musique, Lesueur, auteur de la Caverne & de Paul & Virginie.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1794, volume 10 (octobre 1794), p. 280-281 :

[Dans cette lettre, l’illustre Lesueur révèle qu’il n’est pas l’auteur de la musique d’Arabelle et Vascos, mais que cette musique est de François Marc (qui n’est pas du tout un jeune compositeur : il est né en 1745). Le procédé paraît surprenant. Mais enfin...

Lettre du citoyen Lesueur ,concernant la musique de la piece intitulée : Arabelie & Vascos.

II est tems d'instruire !e public & les artistes de l'opéra comique national, des motifs qui m'ont déterminé à faire paroître sous mon nom la musique du drame lyrique, intitulée Arabelle & Vascos. Le premier a été d'épargner à Marc, auteur de cette musique, les désagrémens attachés à un début : le second, de.donner aux artistes du théatre Favart, un compositeur de plus, & de montrer à la république un talent qui pourra lui devenir cher. Je ne me suis point dissimulé les dangers que j'avois à courir, en me chargeant de la responsabilité de cet ouvrage ; mais une bonne école, une musique à-la-fois pittoresque, énergique & chantante, l'empreinte d'une main sûre & d’une méthode excellente, qui peut faire honneur à notre école françoise, tout m'a rassuré. J'étois si intimement, persuadé de la beauté de plusieurs morceaux de cet opéra, que j'en eusse regarder la chûte comme une injustice ; & dans ce cas, j'aurois eu le courage de la supporter. Enfin le succès a couronné mon espoir, & j'en rends la gloire à qui elle appartient. J’atteste maintenant que c’est moins l'amitié pour le musicien, que son talent qui m'a déterminé à la démarche que j’ai faite ; & que j'eusse entrepris la même chose pour tout autre artiste qui eût eu le même génie. Mon extrême amour pour les arts & leur gloire est entré pour tout dans le péril auquel je me suis exposé. Je. déclare en outre n'avoir point fait une note dans la musique de Marc, ni méme donné un conseil ; car, si l'un de nous pouvoit en donner à l’autre , ce ne seroit pas moi, vu que, dans un tems où je savois à peine les élémens de mon art, le compositeur dont je parle avoit déjà remporté un prix de musique sur quarante-cinq rivaux qui concouroient avec. lui Il ne me reste plus qu'à inviter les artistes de l'opéra comique national à continuer leurs soins pour un ouvrage qui, par affluence des spectateurs qu'il continue d'attirer., prouve combien il est agréable au public.

LESUEUR.

(Annonces & avis divers.)

D’après la base César, Arabelle et Vascos ou les jacobins de Goa est un drame de 3 actes, œuvre de Jean-Antoine Lebrun-Tossa, musique de Jean-François Le Sueur (on sait qu'il n'y est pour rien, que lamusique est de François Marc). Elle a été jouée 17 fois au Théâtre Italien (salle Favart), du 7 septembre 1794 au 30 mai 1795 (14 fois en 1794, 3 fois en 1795).

On y troue aussi un lien vers le compte rendu paru dans le Journal de Paris le 12 septembre 1794.

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