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Arlequin double

Arlequin double, vaudeville en un acte, de Marc-Antoine Désaugiers et Servières, 1er juillet 1807.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Arlequin double

Genre

vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

1er juillet 1807

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Marc-Antoine Désaugiers et Servières

Almanach des Muses 1808.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Barba, 1807 :

Arlequin double, vaudeville en un acte, Par MM. Désaugiers et Servières ; Représenté, pour la première fois, sur le théâtre du Vaudeville, le mercredi premier juillet 1807.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 12e année, 1807, tome IV, p. 193 :

[Le compte rendu annonce surtout la fin de la vogue des arlequinades : on ne saura pas si la pièce est bonne, mais le genre est usé, et « il faut de la variété maintenant ». Et les arlequinades n’en apportent guère.]

Arlequin Double.

Le talent de Laporte fait réussir les arlequinades, mais elles n'attirent plus. C'est perdre son temps que de faire chanter maintenant de jolis couplets à Cassandre, Arlequin, Gilles et Colombine. Ce cadre usé empêche de goûter les détails plus ou moins jolis ; il faut de la variété maintenant. Gilles, déguisé en Arlequin, n'a pas produit grand effet ; on avoit ri davantage d'Arlequin, avec sa tête noire, déguisé en Gilles, dans Noir et Blanc.

Les auteurs d'Arlequin Double sont MM. Désaugiers et Servières.

L'Esprit des journaux français et étrangers, année 1807, tome 8 (août), p. 281-287 :

[Un bien long compte rendu pour une arlequinade ! Mais il s’agit ici de bien plus que d’une simple arlequinade. Dans cette pièce tout est double (ce qui n'est peut-être pas une qualité), Arlequin, les plaisanteries et les auteurs, qui sont accusés de ne pas avoir cherché bien loin dans leur stock de plaisanteries, qui ne contiennent pas que des choses nouvelles, plaisanteries sur les vieilles filles, les jeunes filles, les maris, les jolies femmes qui sont de véritables roses. Sur ces plaisanteries, les auteurs ont greffé une intrigue qui n’agrée pas au critique, « une espèce de prétention d'intrigue qui ne convient pas à une arlequinade, et des espèces de caractères qui ne conviennent pas aux personnages ». Le grand reproche : utiliser les noms des personnages sans respecter leur caractère traditionnel (l’exemple pris est d’abord celui de Cassandre, transformé en philosophe ami de la campagne, mais les autres personnages sont également évoqués pour constater qu’ils ne correspondent pas à ce que la tradition enseigne). L’intrigue est rapidement évoquée, avant de conclure : « l'on sait qu'un contrat signé est une pièce finie, comme on sait aussi qu'une pièce dont les auteurs ont été nommés est une pièce qui a réussi. » Et le début du compte rendu nous l’a dit : les auteurs ont été nommés...

Première représentation d'Arlequin double.

N'allez pas, a dit le couplet d'annonce,

Trouver trop simple Arlequin double.

Non, en vérité, ce n'est pas son défaut ; Arlequin est double ; la pièce, moitié arlequinade, moitié autre chose, est d'un genre double ; les plaisanteries sont à double entente, et on nous a nommé deux auteurs, MM. Desaugiers et Servières.

Quand les bœufs vont deux à deux,
Le labourage en va mieux.

Les auteurs pourtant n'ont pas labouré ; leur esprit est facile et gai, trop facile peut-être ; ils ne se sont pas donné assez de peine. Il y a, je parie, dans ce vaudeville beaucoup de leur esprit de tous les jours, de ces plaisanteries qu'on trouve à table avec des amis qu'elles font beaucoup rire. Il n'y a pas de mal à traiter le public en ami, pourvu qu'on ne le traite pas en camarade ; il faut avoir trouvé facilement les plaisanteries dont on veut l'amuser, mais ensuite ne pas se rendre trop facile sur le choix ; et je crois que ces messieurs ont un peu pris au hasard dans leur répertoire, où il y a de jolies choses, avec quelques autres qui le sont moins ; ils ont même quelquefois fouillé dans celui de leur voisin. Mais c'est dans ce cas-là sur-tout qu'il faut choisir, et ne pas piller le Journal des Modes, et le Journal des Modes de l'année passée encore ! Arlequin vient de Paris ; on lui demande quelle est la mode : ce n'est pas le parfum des fleurs dont on fait cas, dit-il ;

La mode à présent est d'avoir
Un rosier dans son antichambre,
Un grenadier dans son boudoir.

Quand cette jolie plainsanterie [sic] fut imprimée à-peu-près mot à mot dans le Journal des Modes de je ne sais quelle date, un autre journal la releva comme détestable ; hier, le public l'a fait répéter comme excellente : combien le goût se perfectionne ! Ce qu'il y a de sûr du moins, c'est que les auteurs deviennent modestes ; il a fallu que ceux d'Arlequin double le fussent beaucoup pour emprunter celle-là. Sans compliment, les leurs valent mieux. Ce n'est pas que le fonds en soit toujours très-neuf, mais la tournure en est souvent ingénieuse et gaie ; mais il faut leur pardonner des plaisanteries sur les vieilles filles pour qui,

Quand la vieillesse commence,
La toilette me finit pas.

Il y en a aussi sur les jeunes filles qui, arrivées à un certain âge,

Se lassent bien moins de courir
Qu'elles ne se lassent d'attendre.

Il y en a aussi sur les maris et le mariage ; mais les plus gaies le sont beaucoup ; nous sommes bien fâchés de le dire, et ce ne sera pas notre faute si on va les entendre : tout ce que nous pouvons faire, c'est de ne pas les citer. Ensuite, pour les couplets de galanterie, nous avons la ressource des roses. Arlequin conseille à sa maîtresse de n'en pas porter ; car, dit-il,

Vit-on jamais femme jolie
Sur elle porter son portrait ?

Répété encore : c'est de règle toutes les fois qu'il y a des roses ; le parterre sait que cela est délicat.

A tout cela il a fallu coudre un fonds de pièce, et c'est dommage ; car le vaudeville est joli, sauf la pièce où il y a une espèce de prétention d'intrigue qui ne convient pas à une arlequinade, et des espèces de caractères qui ne conviennent pas aux personnages. M. Cassandre est un philosophe, et il n'y a pas de mal à cela. M. Cassandre philosophe pourrait être très-plaisant ; mais il faudrait pour cela qu'il le fût à la manière de M. Cassandre, et non pas en arrosant des fleurs, en se passionnant pour la campagne, les ruisseaux, son troupeau, son potager, ce qui est tout-à-fait contraire aux habitudes connues de M. Cassandre, bon bourgeois de Paris, ayant pignon sur rue, digne badaud de la bonne ville, tout-à-fait étranger à ce qui se passe hors de la banlieue, mesurant tout d'après les usages de son quartier et l'esprit de son compère, à moins cependant que par un hasard extraordinaire son ambition ne l'ait porté à voyager : en tout cas l'esprit des Cassandre doit se retrouver dans la famille : J'entends, que j' crois, un mulet dans not' cour ; ne serait-c' pas mon ch' père qui rentre des Indes ? dit mam'selle Zirzabelle, qui est bien de cette famille-là ;. et les Cassandre de l'arlequinade sont cousins-germains de ceux de la parade ; mais celui-ci a presque des ridicules de bonne compagnie : sa sœur, dont j'entends parler pour la première fois, car il me semble qu'on n'a jamais connu de sœur à M. Cassandre, est une vieille folle de comédie qui regrette Paris, le bal, les spectacles, les visites, et non pas la guinguette, Paphos et les danseurs de corde que devrait regretter la sœur de M. Cassandre. Nous avons dans la comédie de vieilles tantes de qualité qui ne la valent pas pour l'élégance, et la comtesse d'Escarbagnas est mise beaucoup plus ridiculement. Colombine aussi est parée comme ne le serait certainement pas une demoiselle de château le jour de la fête du village. Arlequin, qui est bien obligé de garder son habit d'Arlequin, arrive par la diligence, suivi de son valet Gilles. Je suis étonné qu'on ne lui ait pas donné plutôt un cabriolet ; car c'est un jeune homme élégant, poli, spirituel, et, à cela près de son masque, le plus joli garçon du monde ; mais alors pourquoi lui donner un masque ?

Conservez à chacun son propre caractère.

Mais si cela est trop difficile, pourquoi donner aux personnages des noms où l'on ait attaché un caractère connu ; il était si aisé de ne pas faire de cet arlequin là un arlequin, puisqu'il n'y ressemble point du tout. Les arlequins de Florian sont encore plus près de la nature de l'arlequin que celui-ci, au moins ils ont de la bonhomie. Il n'y a pas ici jusqu'à Gilles dont on a fait un garçon d'esprit, contre la coutume immémoriale

De tous les Gilles.

Arlequin, instruit, en arrivant, des goûts et des caractères différens du frère et de la sœur de qui dépend son mariage avec Colombine, a pris le parti de parler bocages avec M. Cassandre et modes avec mademoiselle ; mais il a si bien réussi auprès de celle-ci qu'elle veut l'épouser ; alors arlequin, pour se tirer d'affaire, prétend que celui qui a fait la cour à Mlle. Cassandre est un autre arlequin, son frère cadet ; celle-ci ne veut pas signer le contrat de sa nièce qu'elle ne tienne aussi son arlequin ; Gilles reçoit l'ordre de l'aller chercher, et la promesse d'être battu s'il revient sans arlequin cadet, ce qui est fort difficile, attendu qu'arlequin l'aîné est fils unique. Gilles prend le parti de s'habiller lui-même en arlequin, ce qui amène la signature du contrat, et l'on sait qu'un contrat signé est une pièce finie, comme on sait aussi qu'une pièce dont les auteurs ont été nommés est une pièce qui a réussi.           P.

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