L'Aîné et le cadet, comédie en deux actes, en prose, de Collot d'Herbois, 17 janvier 1792.
Théâtre de la rue Feydeau.
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Titre :
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Aîné et le cadet (l’)
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Genre
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comédie
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Nombre d'actes :
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2
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Vers / prose
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prose
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Musique :
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non
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Date de création :
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17 janvier 1792
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Théâtre :
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Théâtre de la rue Feydeau
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Auteur(s) des paroles :
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M. Collot d’Herbois
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Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez la Veuve Duchesne, 1792 :
L’Aîné et le cadet, comédie en deux actes et en prose, Représentée pour la premiere fois, à Paris, sur le Théâtre de la Rue Feydeau, le 17 Janvier 1792. Par J. M. Collot d’Herbois.
Mercure universel, tome 11, n° 321 du mercredi 18 janvier 1792, p. 287-288 :
[Collot d'Herbois est le modèle du patriotisme et des vertus et des talents civiques : belle garantie de zèle révolutionnaire. Sa nouvelle pièce est une histoire familiale, un aristocrate refusant les temps nouveaux refuse le mariage que son frère envisage avec la fille d'un garde-chasse. Mais ce jeune frère paie les dettes de son aîné, ce qui fait que ce dernier accepte ce qu'il refusait. La pièce a bien des qualités : sensibilité, vertu, elle doit enthousiasmer tout le monde, et sera revue avec profit, tout comme les Porte-feuilles. Si certains rôles ont été bien joués, le critique aurait souhaité « plus de chaleur et de rapidité ».]
Theatre de la rue Feydeau.
L’almanach du père Gérard a fait connaître de toute la France M. Collot d'Herbois, qui l'étoit déjà par ses productions dramatiques. Son nom devenu le synonime du patriotisme, 1'est ausss des vertus et des talens civiques. Ce défenseur des soldats de Châteauvieux a donné hier une charmante comédie, intitulée l'Aînè et le Cadet.
Un ci-devant marquis, encore esclave des préjugés, s'éloigne pour ne pas être témoin du mariage de son frère cadet, avec la fille de son ancien garde-chasse. Un procureur fiscal qui trompe toute la famille, vient réclamer auprès du cadet une prétendue somme qu'il dit lui être due par son aîné ; le cadet sacrifie tout ce qu'il a pour payer les dettes de son frère ; un trait de générosité si rare confond le procureur, qui l'est bien davantage, lorsque le marquis, après six lieues de chemin, cède aux instances de son ancien garde-chasse qui a couru après lui, et revient auprès de son frère jouir de son bonheur.
Cette pièce dont la marche est rapide, offre des détails de sensibilité, et des sentimens de vertu qui ont cet avantage particulier d’exciter les applaudissemens de tout le monde, même des hommes les plus immoraux. Cette comédie, digne de faire le pendant des Porte feuilles, ne pourra, comme celle-ci, que gagner infiniment à être revue.
La pièce auroit pu être rendue avec plus de chaleur et de rapidité. M. Pailliardelle a mis beaucoup de phisionomie dans le rôle du procureur Iscariotte Faussard ; Mademoiselle Dumont a joué avec une gaieté franche celui d'lsette.
L’Esprit des journaux français et étrangers, 1792, volume 3 (mars 1792), p. 319-321 :
[Le compte rendu part du constat du succès de la pièce. Après en avoir résumé l’intrigue, il porte un jugement sur « cette bagatelle, qui offre une excellente morale, mais dans laquelle on désireroit plus de développemens, de motifs & de liaison dans la marche ». Jugement plutôt équilibré : la morale, « excellente », fait accepter les insuffisances signalées ensuite... Les interprètes sont félicités, peut-être de façon hiérarchoisées, du meilleur au moins bon, sans oublier ceux qui ne sont pas cités (le frère aîné).]
THÉATRE DE LA RUE FEYDEAU.
Le mardi 17 janvier, on a donné, pour la premiere fois, l'aîné & le cadet, comédie en deux actes, en prose, de M. Collot d'Herbois.
Cette piece a obtenu beaucoup de succès. Deux freres, qui ne se sont point quittés depuis l'enfance, & qui s'aiment avec une égale tendresse, habitent un château, l'héritage de leurs ancêtres : l'aîné est un marquis, fier de sa noblesse & de ses titres ; le cadet, moins fortuné, partisan de la liberté & de l'égalité, est amoureux de Laure, fille du pere Romain, jadis garde-chasse au service de sa famille. L'amour-propre du marquis souffre de l'union que va faire son frere, & il veut quitter le lieu de sa naissance. Il est excité à se séparer de ce frere, qu'il chérit, par un certain Iscariote Faussard, jadis procureur-fiscal du lieu, & l'homme le plus dangereux qu'on puisse connoître. Ce Faussard a toute la confiance du marquis ; il s'est emparé de tous ses titres ; il lui a fait signer un bon de 40000 liv. au-lieu d'une procuration. Le marquis écoute les conseils de ce scélérat ; il fuit : mais le pere Romain monte à cheval, le rejoint à la premiere poste, se jette à ses genoux, & lui jure qu'ayant autrefois servi sa famille, il ne souffrira pas que son maître abandonne le lieu qui l'a vu naître, pour un hymen auquel il aime mieux renoncer. Le marquis, attendri par la délicatesse du bon vieillard, revient avec lui, & arrive dans le moment où Faussard, qui le croyoit loin, se répandoit en bruits calomnieux sur son compte, vouloit forcer son frere à lui payer un bon de 40000 liv. ou à lui céder sa maîtresse. Déja ce frere se préparoit à lui donner sa modique fortune ; déjà Laure y joignoit un porte-feuille dont son pere lui avoit fait un présent de noces, lorsque Cillette, suivante de Laure, avoit enfermé Faussard, & lui tenoit le pistolet sur la gorge, pour l'empêcher de fuir. Le marquis arrive donc avec le pere Romain ; il apprend les nobles procédés de son frere & de Laure, consent à leur union, à vivre même avec eux, & chasse l'infâme Faussard, après lui avoir fait restituer ses titres & papiers.
Tel est le fond de cette bagatelle, qui offre une excellente morale, mais dans laquelle on désireroit plus de développemens, de motifs & de liaison dans la marche. Quoi qu'il en soit, elle étoit faite pour réussir : aussi a-t-elle été applaudie. M. Paillardelle y joue parfaitement bien le rôle repoussant, quoique bien fait, d'Iscariote Faussard. Melle. Dumont & M. Pelissìer font très-bien valoir les rôIes de Cillette & de Saturnin, & M. Devigny joue avec beaucoup d'ame & de décence celui du jeune frere.
D’après la base César, la pièce a connu 8 représentations (dont 6 au mois de janvier), du 17 janvier au 11 mars 1792.
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