L’Auberge isolée, comédie en un acte, en prose, mêlée de vaudevilles, de Guillemain, 19 thermidor an 3 [6 août 1794].
Théâtre du Vaudeville.
-
Titre :
|
Auberge isolée (l’)
|
Genre
|
comédie mêlée de vaudevilles
|
Nombre d'actes :
|
1
|
Vers / prose ?
|
en prose, avec des couplets en vers
|
Musique :
|
vaudevilles
|
Date de création :
|
19 thermidor an 3 [6 août 1794]
|
Théâtre :
|
Théâtre du Vaudeville
|
Auteur(s) des paroles :
|
Guillemain
|
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Huet :
L’Auberge isolée, comédie en un acte, en prose, mêlée de vaudevilles par Charles Jacob Guillemain. Représentée à Paris, sur le théâtre du Vaudeville.
L’Esprit des journaux français et étrangers, 1795, volume 6 (novembre-décembre 1795), p. 285-288 :
[Compte rendu d’une pièce ayant un beau but moral, mais dont le plan est en partie manqué. Pourant, elle a eu du succès dû à ses qualités : « des couplets saillans, un rôle agréable & très-bien rendu, en ont assuré le succès ». L’interprétation est contrastée : un rôle « parfaitement rempli », un autre (celui du niais) qu’il vaudrait mieux supprimer, ou rendre « plus saillant & plus neuf ». Après le compte rendu, le critique évoque longuement la réouverture du Théâtre du Vaudeville, fermé pour des raisons de moral publique (« la saine morale », trop souvent mise à mal dans ce théâtre. Mais la suite de l'article souligne le magnifique élan de générosité des auteurs comme des artistes envers les indigents : élan présenté spontané dans l'article, mais qui pourrait faire partie des conditions posées pour permettre la réouverture du théâtre. Le couplet cité ensuite revient sur le souci de morale qui anime le théâtre qui veut être un lieu familial, souci confirmé encore par le titre de la pièce à venir, union de la gaîté du vaudeville et de la morale]
THEATRE DU VAUDEVILLE.
L’Auberge écartée, comédie.
Lorsqu'une production nouvelle présente sur nos théâtres un but moral, l’auteur a droit à indulgence du public. Si son plan est en partie manqué, au moins doit-on rendre justice à l’intention qui l'a dicté, & l'éloge est le juste partage de celui qui a voulu le bien, même lorsqu’il n'a pu bien faire.
L Auberge écartée, donnée sur ce théâtre, devoit réussir sous ce point de vue ; des couplets saillans, un rôle agréable & très-bien rendu, en ont assuré le succès.
Une comédienne qui voyage pour aller recueillir un riche héritage, s'est arrêtée en route dans une auberge écartée, & voyant la pauvreté de l'aubergiste, elle a formé le projet de partager avec lui une partie de sa fortune; pour s'assurer néanmoins s'il est digne de ce bienfait, elle prend divers déguisemens, sous lesquels elle tente successivement sa probité & son patriotisme : toutes ces épreuves tournent à l'avantage de l'hôte auquel elle se fait enfin connoître.
Quoique la conduite de cette pièce soit foible, & que plusieurs scènes très froides aient occasionné des murmures, quelques parties en ont été vivement applaudies. Le rôle de la comédienne est parfaitement rempli par la cit. Laporte, qui prend avec aisance le ton de chaque personnage de son rôle.
II y a aussi dans cette pièce un rôle de niais, qui ressemble trop à tous les rôles de ce genre, si abondans sur ce théâtre. Il seroit à souhaiter, ou que l’auteur l'eût retranché en entier, ou qu'il l'eût rendu plus saillant & plus neuf.
L'auteur est le cit. Guilmain.
L'interdiction de ce théâtre avoit donné lieu à mille conjectures également destituées de fondement. Il paroît aujourd'hui certain que le gouvernement avoit adopté cette mesure provisoire de rigueur, parce qu'il veut que tous les spectacles de la République servent, selon leur génie, au maintien du patriotisme & à l'affermissement de la saine morale ; parce qu'il veut que tous les spectacles, soumis dans leur intérieur à la police la plus active, deviennent plus dignes d'être fréquentés par les mères de famille, & parce qu'il veut enfin que tous les spectacles, par une rétribution journalière, concourent au soulagement de l'indigence.
La réouverture du théâtre du Vaudeville a enfin eu lieu : l'affluence étoit considérable ; la recette, les fraix prélevés, a été de près de 30.000 liv. Les cit. Barré, Radet & Desfontaines, auteurs d'Arlequin Afficheur, ont fait don aux pauvres de 1800 liv. qui leur revenoient de leurs droits d'auteur pour cette pièce. Le cit. Piis a fait pareillement don des 1800 liv. qui lui revenoient pour les Plaisirs de 1'hospitalité, & le cit. Radet y a joint les autres 1800 liv. qui lui revenoient pour le Faucon. Les artistes comédiens de ce théâtre, jaloux de participer à ce tribut, ont abandonné les différentes sommes qui leur étoient allouées à titre de feux dans les trois pièces ci- dessus nommées.
Nous devons ajouter qu'à la suite d'Arlequin Afficheur, les cit Piis, Barré, Radet & Desfontaines avoient ajouté des couplets de circonstance qui ont été favorablement accueillis. Le premier couplet est une critique de l'affectation avec laquelle ou cassoit depuis quelque temps des noisettes dans les spectacles. Le second roule sur les allusions que la malveillance cherche à trouver en dépit des auteurs, dans les couplets les plus simples. Le troisième porte sur la décence que le public se doit à lui-même dans les foyers. Voici le dernier coupler qu'Arlequin adresse aux spectateurs.
AIR : Du Vaudeville de l'isle des femmes.
D'éviter jusqu'aux moindres torts,
Notre spectacle a bonne envie ;
Mais à seconder nos efforts
Par notre organe il vous convie.
Ah ! puissent l'épouse, l'époux,
Le père, la mère & la fille
Le prendre pour leur rendez-vous....
Pour leur rendez-vous de famille.
N. B. On prépare à ce théâtre le Mariage du Vaudeville & de la Morale. C'est une preuve que l'administration veut mériter la devise de Santeuil : Castigat ridendo mores.
D’après la base César, la pièce, due à Guillemain, a été créée le 6 août 1794 au Théâtre du Vaudeville, où elle a été jouée 39 fois (13 fois en 1794, 16 fois en 1795, 10 fois en 1796).
Ajouter un commentaire