L'Auteur sans le savoir, comédie en prose en un acte, mêlée de vaudevilles, de Pain et Lafortelle, 29 juillet 1811.
Théâtre du Vaudeville.
L'Auteur sans le savoir est au cœur d'une suspicion de plagiat, entre les Deux Figaro, qui serait la pièce source, et le Poète et le musicien, l'Auteur sans le savoir, et surtout la Comédie impromptu. L'article que l'Esprit des journaux consacre à cette dernière est soupçonneux : les ressemblances entre l'Auteur et le savoir et la Comédie impromptu sont frappantes, « mais qui des deux a copié l'autre ? », et le critique se réfugie derrière une citation de Virgile, Bucoliques, 3, 108 pour n'avoir pas à trancher.
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Titre :
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L’Auteur sans le savoir
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Genre
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vaudeville
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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29 juillet 1811
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Théâtre :
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Théâtre du Vaudeville
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Auteur(s) des paroles :
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Pain et Lafortelle
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Almanach des Muses 1812.
Journal du soir, de politique et littérature des frères Chaigneau, Numéro 4754, 1er août 1811, p. 4 :
[Compte rendu s’ouvrant sur la citation du couplet d’annonce, suivi de l’aveu de l’incompréhension qu’il suscite, dans le public comme chez le critique. Le résumé de l’intrigue s’achève par un nouvel aveu d’incompréhension : le titre, pourtant si essentiel au Vaudeville, ne paraît pas justifié. Les personnages secondaires (le portier et la nourrice) sont ensuite considérés comme peu efficaces ils ne font guère rire, et l’action est jugée trop lente. Finalement, le mérite de la pièce est mince : « des couplets bien tournés, des mots spirituels et plusieurs détails gracieux », c’est tout ce que lesauteurs ont su faire pour rajeunir un « sujet rebattu ». La pièce a pourtant connu « un succès agréable et non contesté », et les auteurs, nommés, sont « tous les deux brevetés par Momus pour l'invention de plusieurs vaudevilles, qu'on revoit toujours avec plaisir ».]
THÉÂTRE DU VAUDEVILLE.
Première représentation de l'Auteur sans le savoir, vaudeville, en un acte en prose.
Savoir est chose difficile,
Et n'y réussit pas qui veut,
..... sur-tout au Vaudeville
Il faut savoir autant qu'on peut.
Ne pas savoir est une niche
Qu'on joue aux auteurs ; mais ce soir
Nous n'irons pas, malgré l'affiche,
Jouer l'auteur sans le savoir.
Voilà le couplet d'annonce, à deux syllabes près, qui ne le rendraient pas plus intelligible ; on l'a fait répéter, et il m'a paru que bien des gens ne le comprenaient pas plus que moi, car ils 1'ont beaucoup applaudi.
Deux auteurs de vaudeville, Verseuil et Dermont, cherchent un sujet. Un créancier poursuit Dermont ; Mme de Linsberg vient de Strasbourg à Paris pour s'assurer de la fidélité de cet amant, dont la nourrice l'accompagne. Dermont fuit M. Belhomme, Verseuil le reçoit et découvre que ce nom cache M. Ricard, un banqueroutier sur lequel il a un billet de quinze cents francs, il le paye avec son effet, et en reçoit cent écus qu'il rend à son ami Dermont. Il reçoit aussi la voyageuse, et convient avec elle d'une épreuve sur la constance de leur ami commun. En conséquence, Mme de Linsberg se présente voilée, et propose à son amant sa main et cent mille livres de rentes ; dans ce moment, Dermont reçoit d'elle une lettre qui lui annonce la ruine totale de Mme de Linsberg. Il ne balance pas ; il va voler vers elle, quand le voile tombe et lui montre l'objet de son amour. Mariage, et sujet de vaudeville pris dans les événemens de cette journée.
On ne devine pas quel est dans tout cela l'Auteur sans le savoir ; Verseuil et Dermont savent très-bien ce qu'ils sont. Serait-ce l'amoureuse ou le créancier, qui tous les deux fournissent des motifs de scènes sans s'en douter ? Je ne le pense pas ; ce n'est assurément pas le portier. C'est une grande faute que de pécher par le titre au Vaudeville, où il faut plus travailler ses titres que ses pièces.
Un personnage de portier que l'on déguise en chasseur domestique, et celui de la nourrice allemande, sont jetés dans cette intrigue à dessein de l'égayer, mais ils y réussissent peu. La fable de la pièce est commune, 1'action marche lentement. Les auteurs l'ont rajeunie par des couplets bien tournés, des mots spirituels et plusieurs détails gracieux : c'est en vérité tout ce qu'ils pouvaient faire de ce sujet rebattu.
On demande à Ambroise s'il connaît Dermont. Je le crois bien, répond-il, c'est moi qui bats ses habits et applaudis ses pièces. Ce beau trait a été vivement applaudi par des personnes qui, n'y voyant pas plus loin que leurs mains, ne se sont pas aperçues de l'épigramme dirigée contre elles. Nombre d'autres ont été pareillement goûtés, et la pièce a obtenu un succès agréable et non contesté. Les auteurs, nommés par Julien,qui avait gentiment joué Verseuil, sont MM. Joseph Pain et Lafortelle, tous les deux brevetés par Momus pour l'invention de plusieurs vaudevilles, qu'on revoit toujours avec plaisir. Mme Hervey a fait quelque chose du rôle de la veuve, qui, d'après le titre de la donnée de la pièce, se trouve à côté de l'action. M D.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 16e année, 1811, tome IV, p. 396-397 :
[Compte rendu essentiellement consacré au résumé de l’intrigue. Ensuite, le critique se contente de rapprocher la pièce d’autres pièces (« quelques traits de ressemblance »), de citer deux acteurs efficaces (tant pis pour les autres) et de nommer sans plus les deux auteurs.]
THÉATRE DU VAUDEVILLE.
L’Auteur sans le savoir, vaudeville en un acte , joué le 29 juillet.
Dermont et Verseuil font des vaudevilles ; leur portier, Ambroise, qu'ils mettent en scène, applaudit leurs pièces, et bat leurs habits. La gloire et le profit sont minces. Ils ont fait des dettes. Ce petit incident refroidit leur verve. Dermont, poursuivi pour mille francs par un usurier nommé Belhomme, s'esquive, et Verseuil reste pour le recevoir ; il le reconnoît pour un certain Ricard, banqueroutier, contre qui il a un effet de 1,500 fr. L'échange se fait, et le surplus de la somme est compté sur le champ. Notre auteur fait son profit de cet incident pour la pièce qu'il a commencée. Bientôt on annonce une jeune et jolie femme, Madame de Linsberg, jeune veuve accompagnée de la mère Volf, vieille nourrice allemande. Avant son mariage, cette Dame aimoit Dermont ; devenue veuve, elle s'est empressée de quitter Strasbourg et de venir à Paris pour unir son sort à celui de son amant ; mais auparavant, elle veut s'assurer s'il est digne de la posséder.
Une épreuve lui paroît nécessaire : cachée par un voile, et sous un nom emprunté, elle lui offre sa main et une grande fortune; Dermont, comme on le pense bien, refuse, et ne songe qu'à sa chère Paola. Il la croit ruinée, et se dispose à l'aller rejoindre ; le voile tombe : reconnaissance, mariage, coup de théâtre. La pièce commencée est achevée, et Madame de Linsberg, ayant fourni une partie du sujet, se trouve, comme quelques autres, auteur sans le savoir.
Cet ouvrage a quelques traits de ressemblance avec les Deux Figaro, avec le Poète et le Musicien, avec Maison à vendre.
Madame Hervey a déployé beaucoup de grâces dans le personnage de Madame de Linsberg. Joly est fort plaisant dans celui d'Ambroise, portier de la maison.
Les auteurs de ce vaudeville sont MM. Joseph Pain et Lafortelle.
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