Le Bavard et l'entêté

Le Bavard et l'Entêté, comédie en un acte, en vers, de Barjeau et [Pillon-]Duchemin, 31 juillet 1809.

Odéon, Théâtre de l'Impératrice.

Titre :

Bavard et l’Entêté (le)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

en vers

Musique :

non

Date de création :

31 juillet 1809

Théâtre :

Odéon, Théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

Barjaud et [Pillon-]Duchemin

Almanach des Muses 1810.

Premier ouvrage de jeunes auteurs. Point de succès.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Martinet, 1809 :

Le Bavard et l'entêté, comédie en un acte et en vers, Représentée pour la première fois, à Paris, au Théâtre de l'Odéon, par les Comédiens de Sa Majesté l'Impératrice, le 31 août 1809. Par MM. Barjaud et D***.

La date de création donnée par la brochure est démentie par le Journal de Paris, qui l'annonce le 31 juillet 1809.

Mercure de France, tome trente-septième (1809), n° CCCCXX (samedi 5 août 1809), p. 364 :

[Le compte rendu du Bavard et l’entêté suit celui de l’Intrigue anglaise, jouée au Théâtre de l’Odéon sous le titre de la Famille anglaise, après avoir été refusée par les Comédiens français, que le critique juge à la fois « assez bien écrit et dont le sujet n’est pas sans intérêt » se montre bien plus sévère pour le Bavard et l’entêté, pièce « dénuée de tout mérite ».]

Il n’en est pas tout à fait de même d’une petite pièce que viennent de jouer les mêmes comédiens, et dont le titre est le Bavard et l’Entêté. C'est une production dénuée de tout mérite. Le bavardage est dans la pièce même, qui contient quinze ou vingt scènes, parmi lesquelles on en démêlerait à peine une de passable ; l'entêtement est dans les auteurs qui s'opiniâtrent à écrire sans talent, et à être poëtes sans verve.

L'Esprit des journaux français et étrangers, année 1809, tome 10, octobre 1809, p. 281-284 :

[En éliminant ce qui ne va pas (réminiscences, invraisemblances, inconvenances : ce n’est pas rien !), la pièce serait « un acte fort agréable ». On peut lui reprocher de vouloir traiter deux caractères en un petit acte, ce qui empêche tout développement? Après le traditionnel résumé de l’intrigue, le jugement souligne la légèreté du fond et l’absence d’originalité des incidents et des moyens, mais les auteurs ont su les rajeunir. Plus grave, ces prétendus caractères ne sont guère que des défauts passagers, et les convenances sont mises à mal dans une scène (l’amante exige de son amant un sacrifice contraire à l’honneur). Mais les auteurs ont l’excuse de la jeunesse, et le public a applaudi « beaucoup de traits d'esprit et du bon esprit, du vrai comique, de la gaîté ». Ces jeunes gens sont bien sûr invités à travailler : « méditer souvent les beautés des modèles, et se préserver du danger de produire trop promptement » des ouvrages mieux conçus et mieux mûri.]

Théâtre de l'Impératrice.

Le Bavard et l'Entêté, comédie en un acte.

Sauvons quelques réminiscences, quelques moyens invraisemblables, quelques inconvenances, ce sera un acte fort agréable que la petite comédie donnée avant-hier au théâtre de l'Odéon, sous le titre du Bavard et l'Entété.

Le Bavard et l'Entêté ! C'est peut-être trop de l'un des deux pour un seul acte, quand cet acte sur-tout ne comprend qu'un petit nombre de scènes. On conçoit que, renfermés dans un cercle si étroit, ces deux caractères doivent s'y gêner. Aucune place pour les développemens. C'est, au lieu de deux portraits, deux esquisses. On en jugera par cette courte analyse :

Florville (l'entêté) est lié d'amitié avec un certain Saint-Clair, intrigant obscur, qui s'est emparé de sa confiance, et, ce qui est pis, de sa fortune, pour la faire valoir dans des entreprises sûres, et qui doivent en peu de temps la doubler. Voilà ce qu'il promet à Florville : ce qu'il se promet à lui-même, c'est de s'enrichir par un heureux déshonneur, c'est-à-dire par une banqueroute frauduleuse qui le rendra maître des fonds qui lui sont confiés. Un M. Dufour, beau-père futur de Florville (c'est le bavard), Derval, ami de Florville, et la fille de M. Dufour, se liguent pour sauver la jeune dupe des piéges de l'intrigant. Voilà la lutte établie. L'intrigant est démasqué ; ce qui devait être : ses projets de banqueroute sont déjoués : ce qui rend le dénouement plus satisfaisant et plus moral ; et les deux amans sont unis.

Ce fonds léger offre peu de ressources ; les incidens en sont trop prévus ; quelques uns des moyens employés pour le faire valoir (tels que les lettres) sont usés ; mais il faut savoir gré aux auteurs (car ils sont deux) de les avoir rajeunis, ou du moins de leur avoir donné quelqu'air de nouveauté dans une scène piquante et ingénieuse entre Dufour et Florville, entre le bavard qui veut à toute force convaincre, et l'entêté qui ne veut pas l'être. Ce bavard, il faut le dire, paraîtrait l'être bien plus, s'il ne consentait jamais à écouter. Voilà son tort. Il n'est donc pas, à proprement parler, bavard par caractère, mais par circonstance ; et de même l'entêté n'est entêté que parce qu'on s'obstine à lui vouloir persuader ce qu'il ne veut pas, et, jusqu'à un certain point, ce qu'il ne doit pas croire, du moins sans de vraies et fortes preuves. Aussi, lorsqu'au dénouement la banqueroute du fripon Saint-Clair dessille ses yeux, Florville cesse de s'obstiner, et par conséquent d'être entêté ; et, de même encore, le bavard Dufour cesse d'être bavard, lorsque son gendre ne s'obstine plus à défendre la probité de Saint-Clair.

Il faut donc reconnaître que ce sont moins deux caractères que deux défauts passagers, et, si l'on peut le dire, accidentels, qu'offrent ces deux personnages, et que cette conception première s'éloigne et de l'intention des auteurs et du but de l'art.

Plus de réflexion, ou peut-être plus d'expérience de la scène et de la société, aurait appris aux auteurs qu'ils ont manqué aux lois des convenances, dans la scène entre Florville et sa maîtresse, en faisant exiger par celle-ci un sacrifice que son amant ne lui peut faire sans blesser les lois de l'honneur (puisqu'enfin il n'est pas encore désabusé de son faux ami), et le plaçant de cette manière entre une injustice et une humiliation. Mais ne serait-ce pas trop de rigueur d'exiger, à notre tour, dans deux jeunes auteurs de vingt ans cette science qu'on n'acquiert qu'après de longues observations ? Ne soyons pas plus sévères que le public qui a reconnu dans cet ouvrage beaucoup de traits d'esprit et du bon esprit, du vrai comique, de la gaîté ; quelques mots hasardés, quelques négligences, mais point de manière.

Ce petit ouvrage, qui a été très-applaudi, est de MM. Bajaud et Duchemin. Le premier est déjà connu par un Tableau de l'Europe, publié il y a quelques mois ; le second (M. Duchemin) ne l'était encore que par les succès qu'il a obtenus dans l'un des derniers concours des quatre Lycées de Paris. Ces succès lui en présagent, ainsi qu'à son jeune ami, de plus brillans et de plus solides dans le monde, s'ils veulent méditer souvent les beautés des modèles, et se préserver du danger de produire trop promptement des conceptions auxquelles le travail seul et le temps peuvent donner une véritable valeur.                   S.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 14e année, 1809, tome IV, p. 398-399 :

[D’abord le résumé de l’intrigue. Puis le jugement : une pièce où tout manque, « ni scènes filées, ni caractères développés, ni style élégant, ni pensées neuves » (quatre éléments nécessaires en effet). La pièce ne doit de n’être pas tombée qu’aux acteurs principaux. Invitation est faite aux jeunes acteurs de travailler leurs sujets, et d’abord d’en mettre un dans leurs pièces (ce qui ne serait donc pas le cas ici...).]

ODÉON. THÉATRE DE L'IMPÉRATRICE.

Le Bavard et L’Entêté, comédie en un acte et en vers, jouée le 31 juillet.

Un entêté est amoureux de la fille d'un bavard. Florville, ce jeune entêté, a pour associé un fripon qui est prêt à le ruiner : en vain le bavard crie et s'épuise à dénoncer le traitre, l'entêté ne veut rien entendre, il résiste à tout le monde. Heureusement que le bavard agit aussi bien qu'il parle, et qu'il surprend le fripon au moment où il alloit fuir avec une somme volée à l'entêté. Le fripon restitue, l'entêté revient de son erreur, et épouse la fille du bavard.

Ce sujet est bien léger ; on n'y voit ni scènes filées, ni caractères développés, ni style élégant, ni pensées neuves ; cependant la pièce n'est point tombée. Il est vrai que Péroud et Firmin, l'un dans le rôle du bavard, et l'autre dans celui de l'entêté, ont joué de manière à faire valoir un ouvrage médiocre : celui-ci est de MM. Barjaud et Duchemin. Il faut conseiller à ces jeunes auteurs qui ont débuté par une esquisse, de travailler davantage leurs sujets, quand il y en aura dans leurs pièces.

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