Cadet Roussel maître d'école à Chaillot, ou les Amours du petit Roussel, comédie en un acte, de Sidoni, 6 pluviose an 13 [26 janvier 1805].
Théâtre Montansier.
Almanach des Muses 1806.
Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Mad. Cavanagh, an 13-1805 :
Cadet Roussel maître d'école à Chaillot ou les Amours du petit Roussel, comédie en un acte ; par M. Sidoni ; Représentée pour la première fois, à paris, sur le Théâtre Montansier, le 6 Pluviose an 13 (26 Janvier 1805).
Le Courrier des spectacles n° 2884 du 7 pluviôse an 13 [27 janvier1805], p. 3, fait un compte rendu très succinct de la représentation de la veille :
Cadet Roussel, maître d'école à Chaillot, a été, hier, accueilli par les sifflets, au Théâtre Montansier.
La deuxième représentation de la pièce a pourtant été annoncée le même jour dans le Courrier des spectacles. Et elle est encore au programme le 8 pluviôse [28 janvier], jour où le Courrier des spectacles n° 2885, p. 2 publie un compte rendu :
[Il s'agit de confirmer ce qui a été dit très brièvement la veille : la pièce a été sifflée. la deuxième représentation donne l'occasion au critique d'ironiser cruellement sur une pièce sans valeur. Rien ne peut être sauvé : c'est « une triste rapsodie » de platitudes et de « facéties pauvre set insipides. La pièce n'était pas drôle, les farces qu'elle offre « n'ont pas la plus petite lueur de talent et de gaîté. Et l'intrigue est résumée pour en montrer l'inanité. Dernier reproche : le style, lui aussi mauvais.]
Théâtre Montansier.
Cadet-Roussel maître d'école à Chaillot.
Il ne faut point dégénérer ; quand on a été un grand seigneur, on doit, autant qu'il est possible, conserver son rang et sa dignité. Si Denys le Tyran fut maître d’école, ce fut un de ces retours de la fortune dont les exemples sont rares ; comment Cadet-Roussel, après avoir été maître de déclamation, après avoir habité le palais des sultans, devient-il tout-à-coup magister à Chaillot ? Le public n’a pu soutenir cet abaissement ; Cadet-Roussel, humilié à ses yeux, est devenu un objet de pitié. Il s’est irrité contre les auteurs de cette irrévérence, et a manifesté son mécontement [sic] d’une manière très-sensible et très-bruyante.
Il y a, au théâtre Montansier, deux familles jouissantes, qui partagent alternativement l’empire et les suffrages du peuple, les Jocrisse et les Roussel. Mais il n’est pas donné à tout le monde de célébrer les grands événemens de leur vie. Les fonctions d’historiographe exigent des qualités sûres et éprouvées, dont la première est un faire plaisant, et comique. L’auteur du nouveau Cadet-Roussel nous a paru dénué de cette condition essentielle : sa pièce n’est qu’une triste rapsodie recousue de toutes les platitudes, de toutes les facéties pauvres et insipides que l’auteur a pu tirer de son cerveau. Les spectateurs venoient pour rire, et n’ont trouvé que l’ennui le plus somnifère. La plume se refuse à retracer des farces ignobles, qui n’offrent pas la plus petite lueur de talent et de gaîté.
De quel intérêt en effet peut être pour le lecteur de savoir que Mimi, le fils de Cadet Roussel, écrit un poulet à Mlle. Grugeot, qu’il a un rival dans Grignardet, l’ami de sou père, le compagnon de son naufrage et de sa captivité, et aujourd’hui son suppléant dans l’école de Chaillot ; que Grignardet apprend de Cadet Roussel les prétentions du fils, et qu’il ménage à celui-ci une entrevue avec Mlle. Grugeot ; qu’il le surprend, le force à se battre au pistolet ; que Cadet, de concert avec Grignardet, accourt pour mettre le holà, et feint d’avoir reçu le coup de pistolet que Mimi destinoit à son rival ; enfin que la leçon est complette, et que le mariage de Grignardet avec sa maîtresse termine le roman.
Dans ces sortes de parades, plus le style est mauvais, plus on compte sur le succès. Si l’auteur n’a pas réussi, il n’a rien à se reprocher de ce côté-là.
Mais cela n'empêche pas que la pièce est encore annoncée les 29, 30, 31 janvier, 1er, 2, 3, 4, 8, 9, 10, 12 février. Et au-delà : pour une pièce sifflée, ce n'est pas si mal...
Sidoni est également l'auteur, avec Servières, de Jocrisse suicidé, drame tragi-comique en un acte et en prose, publié chez mad. Masson en 1804.
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