Cécile et Ermancé, comédie en trois actes, en prose, mêlée d'ariettes ; paroles de Rouget de Lisle et Després, musique de Grétry, 16 janvier 1792.
Théâtre Italien.
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Titre :
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Cécile et Ermancé
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Genre
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comédie mêlée d’ariettes
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Nombre d'actes :
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3
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Vers / prose
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prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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ariettes
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Date de création :
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16 janvier 1792
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Théâtre :
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Théâtre italien
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Auteur(s) des paroles :
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M. Des prés
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Compositeur(s) :
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M. Grétry
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Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris : répertoire 1762-1972, p. 181, p. 193, p. 213, signalent de nombreux changements : dès le 16 février 1792, sous le titre de Clarisse et Ermancé ou les Deux couvents, puis le 1er novembre 1792, sous le titre du Despotisme monacal, également intitulé le Despotisme monacal découvert par les Sans-Culottes, et encore le 13 novembre 1792. La pièce a été jouée jusqu'en 1793.
Aucun de ces titres n'est connu de la base César.
Mercure universel, tome 11, n° 320 du mardi 17 janvier 1792, p. 271 :
[Une pièce peu originale (elle doit beaucoup ressembler aux fameuses Victimes cloîtrées) mais sans en connaître le succès. On sent un peu de lassitude chez le critique devant cette abondance de couvents. D'autant que ce nouveau couvent n'est pas sans défauts : « des scènes invraisemblables », « un mouvement très-dramatiques », mais vraiment un seul..., un dénouement nul. Il n'y a pas grand chose à sauver de la pièce, en dehors de la musique de Grétry et de l'interprétattion remarquable.
Le titre n'est pas celui qu'on donne d'habitude : Cécile et Ermancé est devenu Cécile et Dermancée.]
Theatre Italien.
Encore un couvent ! . . . . . . . mais nous ne pouvons pas dire . . . . encore un succès ! (1).
Une teinte de ressemblance avec les Victimes cloîtrées, des scènes invraisemblables, quelques-autres accrochées à tous les couvens du monde, un mouvement très-dramatique, mais le seul, un dénouement, dont le moindre défaut est la nullité ; tel est à peu près l’ensemble de Cécile et Dermancée, comédie en 3 actes, mêlées [sic ] d’ariettes, donnée hier à ce théâtre.
On a fort applaudi la musique, qui est de M. Grétri. . . . . C’est tout dire.
La pièce a été très-bien rendue par MM. Solier, Ellevion [sic], Ménié ; mesdames Carline, Crettu, Renaud, Gontier.
M. Solié a chanté plusieurs airs agréables avec le goût exquis qu'on lui connoît.
(1) Quoique le public ait démandé [sic] les auteurs, ils ne doivent pas se faire illusion,
Sophie Marchand, « Représenter la claustration : les décors de couvents, entre idéologie et scénographie ». Philippe Bourdin, Françoise Le Borgne. Costumes, décors et accessoires dans le théâtre de la Révolution et de l’Empire, Presses universitaires Blaise Pascal, p. 52, note 55, 2010. cite un large extrait du compte rendu de la pièce publié dans le Journal des théâtres du vendredi 20 janvier 1792 :
Le Journal des théâtres (n° 12, du vendredi 20 janvier 1792) résume ainsi la pièce, représentée au Théâtre Italien : « C’est un singulier ouvrage que ce drame. Un M. de Florville, qui a la liberté de voir, au parloir, une demoiselle Cécile qu’il doit épouser, s’imagine de s’introduire dans un couvent d’hommes, voisin d’un couvent de femmes où sa maîtresse est pensionnaire, pour y travailler comme jardinier fleuriste. Il fait un trou à la muraille et parvient à voir sa maîtresse sans grilles. Dans le couvent d’hommes est un M. d’Ermancé auquel on a refusé la main d’une autre Cécile qui est dans le couvent féminin […]. Cette seconde Cécile vient chanter et pincer de la harpe dans le jardin des religieuses, pour soulager ses douleurs. D’Ermancé l’entend, découvre l’ouverture faite dans le mur par Florville, paraît et voit Cécile ; mais ils sont surpris, s’en aperçoivent, et ils se séparent aussitôt. D’Ermancé au désespoir prononce le nom de son amante ; Florville l’entend, devient jaloux, le dénonce ; d’Ermancé est saisi par les religieux tandis que Cécile est aussi conduite chez l’abbesse de son couvent. Au second acte, on conduit d’Ermancé in pace, on l’y enchaîne par le corps et par les quatre membres. À peine est-il seul que Florville, agité par les remords, descend dans le souterrain avec une échelle de corde et propose ses secours à d’Ermancé qui d’abord les refuse, et qui, après une explication, reconnaît les effets de l’amoureuse jalousie et les pardonne. Dans le premier moment de son repentir désespéré, Florville qui a vu les maux qu’il avait causés, a retiré et brisé son échelle de corde : qui sauvera les infortunés ? On entend des coups de marteau ; Florville frappe où il les entend ; on répond, il refrappe ; ce sont des carriers qui connaissent l’endroit et qui travaillent si bien qu’ils parviennent à délivrer les prisonniers. […] – On ne fait pas de réflexions sur un ouvrage tissu et qui finit comme celui-ci ».
Gazette nationale ou le Moniteur universel, n° 27 du vendredi 27 janvier 1792, p. 112 :
[La pièce n’a pas vraiment réussi, et le critique propose trois causes à cet échec : la comparaison peu flatteuse avec la pièce de Monvel, la médiocrité de la production de l’auteur, la lassitude du public, fatigué des pièces de couvent. Même la musique de Grétry est peu valorisée : « la musique, qui est de M. Grétry, a offert plusieurs beautés, et on a lieu de croire qu'à mesure qu'on l'entendra, on en découvrira encore davantage ».]
THÉATRE ITALIEN
La pièce de Cécile et Ermancé a été assez froidement accueillie, soit que ce sujet, déjà traité d'une manière très vigoureuse au théâtre de la nation, sous le titre des Victimes cloitrées, n'ait pu se montrer avec avantage sous de plus faibles traits, soit que l'auteur n'en ait pas en effet tiré tout le parti qu'on pouvait en attendre ; soit enfin que le public, déjà las de couvents, se soit totalement dégoûté de ces scènes monotones et uniformes Voici de quoi il s'agit :
Un jeune homme nommé Florville, fort familier avec les moines d'un couvent d'hommes fort aimé du père Antoine, l'organiste, obtient la permission de se promener dans le jardin, sous prétexte de cultiver les fleurs. Il en profite pour faire percer un mur qui communique à un couvent de femmes, où est renfermé une jeune pensionnaire qu'il aime, qu'il va épouser, et qu'Il ne voit pas assez souvent à son gré. Ermancé, jeune novice qui doit prononcer ses vœux le lendemain, trouve la communication et en profite pour voir une religieuse qui lui a été ravie, et qui habite aussi le couvent voisin. Elle porte aussi le nom de Cécile. Les amants sont surpris, et voilà Cécile livrée aux religieuses ; mais l'abbesse est une femme douce et indulgente ; elle n'en a rien à craindre. Ermancé n'est pas si heureux, Florville le surprend à son retour, et trompé par l'équivoque des noms, il le croit son rival, et va le dénoncer. Le supérieur, homme dur et féroce , condamne Ermancé à être enfermé dans un caveau. On l'y descend, et on l'y enchaîne. Florville, au désespoir de ce qu'il a fait, descend dans le souterrain au moyen d'une corde attachée à un barreau. Là, tout s'explique. Florville se trouve bien plus coupable, et pour s'en punir, il arrache la corde par laquelle il devait remonter, et se condamne à partager le sort de son nouvel ami. On entend du bruit sous terre ; ce sont des maçons qui travaillent dans une carrière, et qui viennent délivrer nos deux captifs. Au troisième acte, le maire, et un commandant de la garde nationale viennent délivrer Cécile , à qui sa famille pardonne, ainsi que celle d'Ermancé. On fait venir aussi le prieur voisin, qu'on accable de reproches, et la pièce finit par un concert donné à ces messieurs par les pensionnaires du couvent. La musique, qui est de M. Grétry, a offert plusieurs beautés, et on a lieu de croire qu'à mesure qu'on l'entendra, on en découvrira encore davantage.
L’Esprit des journaux français et étrangers, 1792, volume 4 (avril 1792), p. 354-355 :
[Le critique est très réticent envers une pièce qui lui semble reprendre le fond de la pièce de Monvel, les Victimes cloitrées. Un fond sans originalité donc, et un maigre succès pour le troisième acte, après un deuxième acte « qui offre des scenes intéressantes & des tableaux touchans ». Heureusement, la musique a sauvé la pièce : elle est « tout-à-la-fois, large, savante, dramatique & digne de ce célebre artiste » et le compte rendu fait une assez longue liste des meilleurs morceaux. Et les acteurs ont joué « avec l’ensemble et le soin » qu’ils mettent d’habitude aux nouveautés.]
Le lundi 16 janvier, on a donné la premiere représentation de Cécile & d'Ermancé, comédie en trois actes, en prose , mêlée d'ariettes ; paroles de M. Després, musique de M. Grétry.
II paroît que la même anecdote qui a fourni à M. Monvel le sujet d'un drame qui a eu tant de succès, a donné celui de Cécile & d'Ermancé. Cette comédie a l'inconvénient des pieces de ce genre qui roulent toutes sur le même fond, & présentent toujours des victimes souffrantes. Nous nous dispenserons, par cette raison, d'en donner l'extrait, & nous nous bornons à observer que le succès du troisieme acte n'a pas répondu à celui du second, qui offre des scenes intéressantes & des tableaux touchans.
La musique que M. Gretry a adaptée à cet ouvrage, est tout-à-la-fois, large, savante, dramatique & digne de ce célebre artiste. L'ouverture est un morceau superbe, qui a été redemandé par le public entre le premier & le second acte. Les finales de ces deux actes, sont d’un effet étonnant. Un morceau que l'on chante au troisieme, est frais, & délicieusement accompagné par M. Blasius, dont les solo de violon ont été applaudis avec transports. En un mot, M. Grétry a donné de nouvelles preuves de son grand talent dans cet ouvrage, & peut-être ne doit-on attribuer l'enthousiasme que le parterre a témoigné, même pour le poëme, qu'aux justes égards que le François, ami des artistes, a pour M. Grétry, à qui il doit tant de jouissances & tant de plaisirs. Cette piece est jouée avec l'ensemble & le soin que les acteurs de ce théatre mettent à toutes les nouveautés.
César : la pièce ne paraît pas connue de la base César, alors qu'elle figure, sous le titre de Cécile et Ermancé, dans la base de la BnF (data.bnf.fr) :
Titre principal : Clarisse [sic] et Ermancé (français)
Langue : français
Date : 1792
Note : Comédie mêlée d'ariettes en 3 actes. - 1re représentation : Paris, Opéra-comique (salle Favart), 16 janvier 1792. - 1re représentation (version remaniée sous le titre "Clarisse et Ermancé") : ibidem, 16 février 1792. - 1re représentation (version remaniée sous le titre "Le despotisme monacal") : ibidem, 1er novembre 1792
Autres formes du titre : Les deux couvents (français)
Le despotisme monacal (français)
Le titre paraît avoir connu des formes diverses !
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