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Charlotte Blondel, ou le Hameau de Sainte-Colombe

Charlotte Blondel, ou le Hameau de Sainte-Colombe, comédie-drame en un acte, en prose, de Paccard, 3 novembre 1814.

Théâtre de l’Odéon.

Titre :

Charlotte Blondel, ou le Hameau de Sainte-Colombe

Genre

comédie-drame

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ?

en prose

Musique :

non

Date de création :

3 novembre 1814

Théâtre :

Théâtre de l’Odéon

Auteur(s) des paroles :

M. Paccard

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez l’auteur et chez Laurens aîné, 1814 :

Charlotte Blondel, ou le Hameau de Sainte-Colombe, comédie en un acte et en prose ; Par M. Paccard. Représentée sur le Théâtre de l’Odéon, le 3 Novembre 1814.

Cette pièce, pour laquelle Paul Porel et Georges Monval, L’Odéon, Histoire administrative, anecdotique et littéraire... (Paris, 1876), p. 268, parlent de demi-chute, a fait l’objet d’un compte rendu dans L’Esprit des journaux français et étrangers, tome XI, novembre 1814, p. 268-270, dans un article commun avec Pierre et Paul, ou Une journée de Pierre-le-Grand, créée le même jour.

 

Journal des arts, des sciences, et de littérature, Volume 19, n° 330 (cinquième année) du 10 novembre 1814, p. 180-181 :

Le compte rendu de cette « soi-disant comédie » est un peu condescendant : pièce sur le modèle du temps passé, qui a beaucoup ennuyé le public, ou en tout cas le critique. Le sujet, « bien vertueux, bien pastoral »,peut se résumer en deux mots, mais le critique en emploie un peu plus pour nous conter une belle histoire de mariage entre une jeune orpheline et son amant aveugle, finalement guéri de sa cécité. Un très léger suspense paraît créé par la volonté du père du jeune homme de vérifier que sa future bru est vraiment amoureuse sz son fils. L'article s'achève sur un jugement peu enthousiaste sur les interprètes, l'une trop larmoyante, l'autre dans un rôle de niais qu'il remplit médiocrement.]

THÉATRE DE L'ODÉON.

Première représentation de Charlotte Blondel, ou le Hameau de Ste.-Colombe, comédie en un acte, en prose, de M. Paccard.

Cette soi-disant comédie est un petit drame bien vertueux, bien pastoral, bien innocent. Je ne doute pas qu'il n'eût obtenu, dans l'âge d'or, un succès très-flatteur. Un public, beaucoup trop éloigné de cet heureux temps, a néanmoins montré tout son respect pour la moralité et le sentiment, en ne baillant que modérément dans le cours de cette pièce, dont voici le sujet en deux mots :

Charlotte Blondel, jeune orpheline, habite un village dans lequel elle a été élevée avec Gervais, fils d'un habitant de Paris. Gervais, aveugle de naissance, a reçu de Charlotte les plus tendres soins. Rappelé à Paris par son père, il vient d'y recouvrer la vue par l'opération de la cataracte. Il accourt, plein d'ardeur, vers sa Charlotte, qu'il va enfin avoir le bonheur de voir, et à laquelle il veut offrir sa main. Mais le seigneur du village, muni d'une lettre du père de Gervais, s'oppose à cet hymen, et propose à Charlotte une somme considérable, si elle veut elle-même y renoncer. Celle-ci rejette avec fierté la proposition, et le seigneur, satisfait de son épreuve, unit, au nom du père absent, les jeunes amans qu'il venait d'affliger.

Mlle. Desbordes a pleuré le rôle de Charlotte avec une rare persévérance. Armand s'est battu les flancs pour égayer les spectateurs dans le role d'une espèce de niais de melodrame ; ses efforts ont quelquefois été heureux.

Le Spectateur, ou Variétés historiques, littéraires, critiques, politiques, etc., tome III, n° XXII, p. 81-83 :

[Après avoir précisé les conditions de création de la pièce (une représentation au bénéfice d’un acteur, le même jour que Pierre et Paul, ou Une journée de Pierre le Grand), le critique fait le compte rendu d’une pièce manquée : ce n’est pas une comédie, mais un tout petit drame, où tout est petit : les caractères, le style, l’intrigue, l’action. Et dont un seul acte suffit à distiller autant d’ennui que certains drames en cinq actes. Après le résumé d’une intrigue sans action, un jugement rapide : une pièce pauvre (ou une pauvre pièce ?), « dont les sifflets ont fait justice ». L’auteur a été nommé, mais pas pour qu’il triomphe !]

Si l'on me demande quelle est cette Charlotte Blondel, je répondrai : C’est un drame qui prend fort mal-à-propos le nom de comédie ; mais un drame qu’on a réduit à sa plus foible expression, à peu près comme les inventeurs du physionotrace réduisent, à l’aide de cet instrument, un grand portrait en petite miniature ; les caractères, le style, l’intrigue (s’il y en a une), l'action, tout y est d’une petitesse extrême ; et ce qu’il y a de plus remarquable, c’est que ce drame-nain, tel que je viens de le dépeindre, est néanmoins presque aussi ennuyeux qui tel de ses confrères en cinq actes.

Charlotte Blondel, fille d’un pauvre marin, a perdu son père et sa mère : voilà sans doute une raison suffisante de s’affliger ; mais son cœur a d’autres peines encore ; elle aimoit Gervais, jeune aveugle, qui ne l’étoit pas à son mérite, puisqu’il lui rendoit, sans la voir, amour pour amour. Mais les parens de Gervais l'ont emmené à Paris, pour implorer les secours de l’art, et Charlotte ne reçoit point de ses nouvelles : dans sa douleur, elle déplore et la perte des auteurs de ses jours, et l’ingratitude de Gervais ; elle ne reçoit de consolations que de Catherine, bonne paysanne, dont les tendres soins lui tiendroient lieu de tout, si un amant pouvoit se remplacer dans un cœur sensible et délicat. Un suppléant s’est cependant présenté ; c’est Lucas, le plus joyeux garçon du village, qui voudrait marier son enjouement avec la profonde mélancolie de l’orpheline : mais on ne lui donne pas d’espérance. Cependant une lettre, venue de Paris, annonce et la guérison et le prochain mariage de Gervais ; cette dernière circonstance accable la triste Charlotte, qui déjà s’abandonne au désespoir, quand tout-à-coup Gervais arrive. Gervais, toujours amoureux quoiqu’il ne soit plus aveugle, tombe aux pieds de sa Charlotte, lui jure que rien ne peut le faire renoncer à ses promesses. Sur ces entrefaites, vient le seigneur de Sainte-Colombe, qui tance sévèrement monsieur l’amoureux, dont il connoît le père, sur sa fuite de Paris : il obtient, de la vertueuse Charlotte, une renonciation aux droits qu’elle peut avoir sur Gervais ; mais comme tout cela n’est qu’une épreuve, quand il la juge suffisante, il s’écrie : Mes enfans, soyez unis !

Je n‘en dirai pas davantage sur cette pauvreté, dont les sifflets ont fait justice. D’autres mécontens ont exigé qu’on nommât l’auteur, sans doute pour mieux le punir de son ouvrage ; mais il y aura vu un triomphe. Je félicite M. Paccard ; c’est la foi seule qui nous sauve.

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