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Clémence et Formose

Clémence et Formose, mélodrame en trois actes, d'Armand Croisette et Chateauvieux. 23 fructidor an 7 [9 septembre 1799].

Courrier des spectacles, n° 849 du 2 messidor an 7 [20 juin 1799], p. 3 :

[La crainte de l'accusation de plagiat : il s'agit de se prémunir contre ce qui est devenu un risque important.]

AU RÉDACTEUR
du Courrier des Spectacles.

Citoyen,

Nous vous prions de vouloir bien insérer dans votre Journal l’avis suivant :

Par 1'affiche d'aujourd’hui, 3o prairial, nous voyons annoncé au théâtre de la Cité, un ouvrage ayant pour titre Aymar et Azalaïs. Il y a six mois que nous présentâmes au citoyen Saint-Elme, directeur de ce spectacle une pantomime dialoguée, en un acte, intitulée : Aimar, ou le Chateau de la Durance, tirée d’un roman nommé le Gentil Aimar.

Le cit. St-Elme n’accepta point notre ouvrage, par des raisons qui nous parurent plausibles. Ne voulant point qu’on nous accuse de plagiat, veuillez bien faire connoitre à vos lecteurs que nous avons remis ce même ouvrage sous le titre de Clémence et Formoze ,mélodrame en trois actes, accepté par le cit. Rosny, directeur du théâtre de la Gaité.

Salut et estime.

Chateauvieux. Armand.          

Courrier des spectacles, n° 931 du 24 fructidor an 7 [10 septembre 1799], p. 2-3 :

[Le compte rendu s'ouvre sur la très forte ressemblance de la pièce nouvelle avec Aymar et Azalaïs pour les situations. Le résumé de l'intrigue est le moyen de constater cette filiation. On retrouve en effet l'essentiel, y compris le personnage féminin à qui on a coupé la langue. Comme dans tout bon mélodrame on a la prison, la trahison, le coup de poignard, avant que le héros ne délivre tous ceux que le tyran opprime et rend possible enfin son mariage avec l'héroïne. La pièce a réussi, les auteurs ont été nommés, et l'actrice qui assume le rôle muet est mise en avant (elle semble avoir beaucoup frappé les spectateurs).]

Théâtre de la Gaîté.

Ceux qui ont vu , i! y a quelque tems, au théâtre de la Cité un drame du citoyen Mellinet, intitulé : Aimar et Azalaïs, ou le Château de Serdar, ont reconnu presque toute cette pièce, quant aux situations, dans celle donnée hier à ce théâtre sous le titre de Clémence et Formose. On pourra en juger par l'extrait suivant :

Le baronnet Torling a fait enlever Clémence, fille du seigneur Delmar, et promise en mariage au jeune Formose, son amant. Torling, épris des charmes de sa captive, veut l’épouser ; mais il essuie des refus continuels, et le nom seul de Formose, échappe de la bouche de Clémence.

Le tyran, irrité, ordonne à un de ses ministres d’aller saisir Formose, qu’il sait devoir traverser la forêt. Ses ordres sont fidèlement exécutés : Formose est pris et amené dans le château. Là, on l’enferme dans une chambre obscure où deux femmes lui donnent quelques soins. L’une d’elle, Kerma, est l’amante du premier ministre des crimes de Torling, et l’autre, Izel, jeune victime, est sous ses ordres et est privée de l’usage de la parole, qu’on lui a ravi en lui coupant la langue.

Celle-ci sensible et compatissante, écrit sur le revers d’un plat le malheur qui menace Formose, et lui donne un poignard pour se défendre quand on viendra l’attaquer : puis arrangeant le manteau du chevalier sur le lit, elle dispose tout de manière à faire croire à l’assassin qu’il est couché, tandis qu’elle le fait cacher dans la ruelle du lit. L’assassin s’avance, étend la main sur le lit, et va frapper, mais un coup de poignard le renverse lui-même sans connoissance. Formose alors, conduit par Izel, rejoint son amante, et est sur le point de sortir du château, lorsque Torling l’arrête lui et la compagne de sa fuite. Dans ce moment, Izel feint de n’avoir cédé qu’à la force, et elle obtient de Torling de surveiller avec quelques soldats les deux prisonniers que Torling quitte pour aller combattre le vieux Delmar, père de Clémence. Il triomphe et amène le vieillard prisonnier ; il veut le forcer à lui donner sa fille, lorsqu'un de ses agens, son ennemi secret, ayant gagné quelques soldats, délivre le chevalier Formose, le père de Clémence, et Clémence elle-même. Torling, malgré la plus vigoureuse résistance, est vaincu et tué par Formose.

Tel est le fond de ce mélodrame, qui a obtenu du succès à ce théâtre. Les auteurs ont été demandés : on est venu annoncer les citoyens Armant et Chiveauvieux.

Le public a désiré rendre justice au zèle et aux talens de la cit. Picard, qui avoit rempli le rôle d’Izel, et elle a paru au milieu des applaudissemens.

Mercure de France, tome 7 (an 7), numéro du quintidi, 25 fructidor an 7, p. 220-221 :

[Mélodrame, avec ce qu'il faut pour respecter la loi de ce genre « tournois, combats, décors, costumes », la pièce nouvelle est comparé à Aymar et Azalais, ou le Chateau de Serdar, utilisant la même source. Lors de la création d'Aymar et Azalaïs, les auteurs de Clémence et Formose avaient écrit au Courrier des spectacles pour revendiquer leur originalité. Le critique promet un bel avenir à ce qu'ils présentaient alors comme une pantomime. Deux auteurs annoncés, mais un seul a donné son nom (mais le nom du second n'est pas un secret). Beau succès pour une des actrices.]

THÉATRE DE LA GAITÉ.

23 Fructidor.

Clémence et Formose, Mélodrame en trois actes, avec Ballets, Marches, Combats et Décors nouveaux.

Le sujet de ce mélodrame est le même que celui d'une pièce, en trois actes et en prose, représentée avec succès sur le théâtre de la Cité, sous le titre d'Aymar et Azalais, ou le Chateau de Serdar, et dont nous avons rendu compte dans notre Numéro 16. Le second acte dans ces deux ouvrages est, à peu de chose près, le même ; le premier et le dernier sont tout-à-fait différens.

L'exécution de ce mélodrame est soignée ainsi que les tournois, combats, décors, costumes, etc. ; et nous ne doutons pas que le public ne voye long-tems avec plaisir cette pantomime, dont l'action offre le plus grand intérêt.

Les auteurs sont les citoyens Chateauvieux et. . . . . .

La citoyenne Cousin, femme Picard, a été vivement demandée, et a paru au milieu des acclamations universelles.

La base César signale 26 représentations de Clémence et Formose de sa création le 9 septembre 1799 au 4 novembre 1799. Sans préjuger de la suite.

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