Coco-Pepin, ou les Etrennes, comédie en un acte, de Sewrin [et Chazet], 29 décembre 1809.
Théâtre des Variétés-Panorama.
Faut-il faire de Chazet le coauteur de Sewrin ?
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Titre :
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Coco-Pépin, ou les étrennes
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Genre
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comédie mêlée de vaudevilles
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Nombre d'actes :
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1
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Vers / prose
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en prose, avec des couplets en vers
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Musique :
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vaudevilles
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Date de création :
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29 décembre 1809
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Théâtre :
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Théâtre des Variétés-Panorama
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Auteur(s) des paroles :
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Sewrin [et Chazet]
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Almanach des Muses 1811.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Mme Cavanagh; 1810 :
Coco-Pépin, ou la nouvelle année, étrennes en un acte, mêlées de vaudevilles, Par M. Sewrin, Représentées pour la première fois, sur le Théâtre des variétés, le 29 Décembre 1809.
Journal de l’Empire du 2 janvier 1810, p. 23-4 :
[Un article aussi long sur une pièce des Variétés, le critique a besoin de justifier cette anomalie, et il le fait en soulignant qu’on peint dans ce genre de pièce la nature, même si c’est « une nature basse, ignoble et grossière, dont l'imitation n’a ni art ni mérite », et que cette pièce vaut encore mieux que d’« autres fictions merveilleuses qui joignent l'absurdité à la bêtise ». Ici, on n’a apparemment que la bêtise. En reprenant leur personnage de Monsieur Pepin, les auteurs ont cru pouvoir plaire au public, mais cette façon de donner des étrennes ne convient guère. Le résumé de l’intrigue est fait pour en montrer la vacuité : une série de malentendus arrosée de calembours, et qui se dénoue sans difficulté. Le critique cite ensuite le couplet qui est censé sauver la pièce, à la gloire du « héros qui nous conduit » et à qui on souhaite longue vie. Mais c’est pour mieux démolir ensuite la pièce et le théâtre des Variétés. Un petit couplet contre les calembours, la plaie du théâtre du temps, précède l'annonce ironique d’un concours destiné à trouver la pire pièce du théâtre des Variétés, pour lequel Coco Pepin peut concourir, à la lutte avec Monsieur Gérésol, ou le Luthier de la rue de la Harpe, de Désaugiers, joué quelques semaines plus tôt. Mais le critique n’en dit pas plus, par crainte d’être provoqué en duel.]
Théâtre des Variétés.
Coco-Pepin, ou les Etrennes.
C'est moins pour l’utilité de la littérature et des arts, que pour le plaisir de la variété, que je descends quelquefois à ces petits théâtres, où, pour se délasser, on dépose un moment ce qu'on a reçu de bon sens et d'esprit en partage. Les meilleurs ouvrages du théâtre de Brunet sont encore ceux où l’on peint la nature : c’est à la vérité une nature basse, ignoble et grossière, dont l'imitation n’a ni art ni mérite ; mais cela vaut encore mieux que Jocrisse aux Enfers et autres fictions merveilleuses qui joignent l'absurdité à la bêtise. M. Pepin avec sa famille, à Romainville, est une image assez naturelle de certains ménages du petit peuple. Le succès de cette pièce a pu engager les auteurs à reproduire les mêmes personnages ; mais c'est mal donner au public ses étrennes, que de lui donner ce qu’il a déjà.
M. Pepin se lève de grand matin pour aller acheter des étrennes à sa femme : il trouve que ce qui lui consent le mieux. c'est un jeu d’oie, un feu neuf, et une paire de soufflets. Madame Pepin, en sortant du lit, est fort étonnée de ne pas trouver son mari ; et loin de soupçonner le louable motif de son absence, elle s’imagine, contre toute vraisemblance, qu'il est allé en bonnes forrtunes. Son voisin Gitaud confirme ses soupçons : la voisine voudrait bien les fixer sur Manette, nièce de madame Pepin. et femme de M. Dubut, mais la nièce arrive à propos. Hélas ! loin d'en vouloir aux maris des autres, elle tremble pour le sien, qui est sorti de bonne heure sans lui souhaiter la bonne année. Les deux jalouses, unissant leurs destins, se mettent en quête de leurs maris. Pendant que les femmes sortent d'un côté, les maris rentrent de l’autre : Pepin avec ses étrennes, Dubut avec son enfant qu’il a retiré de nourrice. N’en déplaise aux autres acteurs, cet enfant est le meilleur de tous ; il a fait les délices de tous les pères et mères qui étoient dans la salle. Les femmes reviennent fort mécontente. Les maris se cachent : ils entendent les projets de vengeance de leurs douces moitiés ; et pour ne pas les laisser plus long-temps en proie au désespoir, ils se montrent tout-a-coup. et tendent vers leurs femmes les enfans et les étrennes : ce qui forme un tableau admirable.
Voici un couplet. qui a été prodigieusement applaudi, et qui a préservé la pièce de tout accident fâcheux :
Tout s'accroit,tout s'embellit ;
La paix nous est ramenée :
Le héros qui nous conduit
Rend Ia France fortunée ;
Puisse-t-il suivant son plan,
Chez nous dans cinquante années,
Voir encor le nouvel an !
On ne peut pas dire du Théâtre des Variétés, tout s’accroît, tout s’embellit ; tout diminue au contraire, tout s'enlaidit du côté des pièces ; car la foule est la même. La vénération pour les calembourgs s’accroît : on les apprend par cœur, on les cite, on s'en occupe dans les cercles, au grand ava ntage de la raison et du goût. Les trois dernières pièces de ce théâtre sont soumises à un jury chargé de décider quelle est la plus mauvaise : Gérésol a plusieurs voix, Coco Pepin a ses partisans : mais il est à craindre que les Bretteurs ne fassent violence aux juges. Je n'en ai point parlé dans la crainte que l’auteur ne m'envoyât un cartel.
Mercure de France, tome quarantième, CCCCXLVIII, samedi 17 février 1810, p. 429 :
[Critique fort sévère d’un vaudeville jugé sans aucune forme d’intérêt. Il s‘agit de protester contre la vogue des pièces « bien vraie[s] de détails », et qui ne font que plonger le spectateur dans la vie bourgeoise, en compensant l’absence d’intérêt par une multitude de calembours. Quelques éléments de comique, une interprétation remarquable (surtout celle d’un bébé, imitant les chiots des Plaideurs de Racine, « ils ont pissé partout ») et un auteur qui peut mieux faire.]
Spectacles. — Théâtre des Variétés. —Mme du Deffant disait souvent : Ce qui me dégoûte de l’histoire, c'est de penser que ce qui se passe tous les jours sous nos yeux, sera l'histoire quelque jour. Cette même raison-là pourrait bien aussi dégoûter de certaines pièces des Variétés. Il n'est plus de petite scène d'intérieur de ménage, de petite action des moindres bourgeois, qui ne fournisse à ce théâtre un sujet de vaudeville : on appelle cela une pièce bien vraie de détails, mais tous les détails qui sont vrais ne sont pas piquans, et il est peu intéressant de savoir comment un marchand du quai des Morfondus souhaite la bonne année à sa femme, comment il se mouche, comment il prend son tabac, en un mot, de le suivre dans toutes les habitudes de sa vie privée. Voilà pourtant tout ce qui fournit le fonds de Coco-Pépin ou le nouvel An. Je suis convaincu que celui qui aurait été le premier de janvier écouter à la porte d'un marchand gainier du quai des Lunettes, aurait vu sous ses yeux le sujet de la pièce nouvelle ou au moins l'équivalent ; mais ce qu'il n'aurait sans doute pas entendu, c'est une nuée de calembourgs dont le dialogue de cet ouvrage est parsemé. Le sujet de cette pièce, si tant est qu'elle ait un sujet, roule sur une jalousie mal entendue de Mme Pépin et de Mme Dubut sa nièce. Plusieurs choses dans cette bluette ont excité les rire des spectateurs ; mais sur-tout une imitation assez heureuse de la scène de Petit-Jean et du souffleur dans les Plaideurs. La pièce a été très-bien jouée, et on y a remarqué entre autres choses un jeune acteur âgé de six ou huit mois qui s'est très-bien acquitté de son rôle, et à qui, par parenthèse, on aurait pu appliquer ce que Dandin dit des petits chiens qu'on lui présente. Ce petit vaudeville de circonstance est de M. Sewrin, qui, malgré son succès, serait très-fâché, j'en suis bien sûr, de ne pas mieux faire.
Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1810, tome I, p. 208-209 :
[La pièce est la suite, si on peut dire, de Romainville, ou la Promenade du dimanche, de Sewrin et Chazet (1807). Pièce sans grande consistance, que le critique réduit à un « tableau bourgeois », mais qui a bien fait rire et est très bien joué, y compris par un enfant de dix-huit mois dont on vante le naturel.]
THÉATRE DES VARIÉTÉS.
Coco-Pépin, ou les Etrennes, vaudeville en un acte, joué le 29 décembre 1809.
Tout le monde a vu M. Pépin à Romainville avec sa femme et son petit Coco. Cet honnête gainier du quai des Morfondus, se lève à six heures du matin le jour de l'an, pour aller acheter des étrennes à Madame Pépin et à Coco ; il sort sans rien dire et laisse seul Coco, qui pleure. Jalousie de Madame Pépin, caquets des voisines qui augmentent son inquiétude ; la nièce de Madame Pépin arrive aussi inquiète sur son mari que la tante sur le sien ; elles partent pour aller les chercher dans tous les coins de la ville. Coco enfermé, casse des carreaux pour s'amuser, puis se cache sous la table. Pendant ce temps arrivent les deux époux, l'un chargé d'étrennes; l'autre de son fils qu'il a été chercher à Pantin chez sa nourrice. Les femmes sont désabusées ; on s'embrasse, et on se souhaite la bonne année. Ce tableau bourgeois a fait rire. Brunet et Coco-Pépin ont fort bien joué. On a surtout remarqué le naturel d'un enfant de 18 mois qui a fort égayé la représentation.
L'auteur de cette bagatelle est M. SEWRIN.
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