Coco-Ricco

Coco-Ricco, folie-vaudeville en un acte, par le C. Armand-Gouffé. 24 germinal an 5 [13 avril 1797].

Théâtre d’Émulation, ci-devant Nicolet

Almanach des Muses 1798.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Barba, an V :

Coco-Ricco, folie-vaudeville, en un acte, Par le C. Armand-Gouffé, Auteur des deux Jocrisses. Réprésentée sur le Théâtre d’Émulation, ce 25 Germinal, an V.

Courrier des spectacles, n° 98 du 25 germinal an 5 [14 avril 1798], p. 2 :

[La pièce a été appréciée par un public qui « n'est pas très difficile » : intrigue nulle, style « bas et trivial », genre plus bouffon que comique. L'intrigue (car il y en a tout de même une) est encore une histoire de mariage : au moment d'épouser la belle Louise, Coco-Ricco constate qu'il n'entre pas dans ses habits, que Blaise, son rival, a fait rétrécir, comme ceux de son père. On leur fait croire qu'il sont devenus énormes. Le père de Louise arrive, ne s'aperçoit de rien, se moque de leur illusion d'enflure, et Coco-Ricco et son père se fâche : plus question d'épouser Louise, avec qui Blaise va pouvoir se marier. Le jugement porté sur la pièce est sévère : ce « n'est qu'une vraie farce mal écrite, qui a été sauvée par le vaudeville final « dont plusieurs couplets ont été redemandés », malgré des vers « très prosaïques ». Le critique en donne trois, avant de citer le nom de l'auteur.]

Théâtre d'Émulation.

Le petit vaudeville du Miroir ou Coco Ricco, a eu du succès ; il est vrai que le public, qui afflue à ce théâtre, n’est pas très-difficile, car l’intrigue n’est rien, et le style est souvent bas et trivial ; quant au genre, ce n’est pas du comique, c’est du bouffon, et du bouffon qu’on pourvoit appeller de la véritable farce de boulevard : on va en juger par l’analyse.

Coco Ricco est prêt d’épouser Louise, fille de Thomas ; mais Blaise, son amant, imagine un moyen pour faire avorter ce mariage. Il fait raccourcir et rétrécir les habillemens de Coco Ricco et de Ricco son père, au point qu’en s’habillant ils déchirent leurs vêtemens ; ils ne savent que penser de cet événement, quand une servante, qui est dans les intérêts de Blaise, leur fait accroire qu’ils sont méconnoissables, qu’ils sont enflés à faire peur : d’abord Ricco et son fils n’ajoutent pas foi à ce que dit la servante ; puis ils finissent par voir que ce n’est que trop vrai, quand elle leur présente un miroir qui leur grossit la figure au point de les faire reculer de frayeur ; ils commencent à croire qu’ils sont véritablement gonflés, et veulent faire appeler un médecin. Thomas, père de Louise, vient leur demander des nouvelles de leur santé ; ils s’étonnent de ce qu’il n’appercoit pas leur enflure, et lui soutiennent qu’il est enflé lui-même. Thomas rit de leur imbécillité ; ils se fâchent, et rendent au père la parole qu’ils avoient pour le mariage avec Louise ; celle-ci épouse Blaise, qui avoue aux deux sots personnages que leur enflure n’étoit qu’un jeu pour les dégoûter de l’hymen avec son amante.

Ce vaudeville, comme nous l’avons dit plus haut, n’est qu’une vraie farce mal écrite. Ce qui l’a soutenu, c’est le vaudeville, dont plusieurs couplets ont été redemandés : nous les joignons ici ; l’idée seule nous a paru agréable, car les vers en sont souvent très-prosaïques.

Air : Si Pauline est dans l’indigence.

Thomas.

Enflé d’une grandeur fragile,
Le sot, quand il devient puissant,
Dans les yeux d’un peuple imbécile,
Rencontre un miroir grossissant ;
Mais sa chûte casse la glace,
Elle perd alors son effet ;
Et le sot, quand il est sans place,
Ne paraît pas plus gros qu’il n’est.

Coco Ricco.

Si j’en crois, le public murmure;
Ce miroir est comme un journal ;
L’un fait grossir une figure, Et l’autre fait grossir le mal.
Ce mal nous cause tant d'alarmes,
Qu’on n’a pas besoin, en effet,
Pour nous faire verser des larmes,
De le peindre plus gros qu’il n’est.

    Ricco.

Chacun rit de notre folie,
Et l’on nous traite de nigauds :
Pourtant nous sommes la copie
De mille et mille originaux.
Plus d’un savetier veut écrire,
    Plus d’un a cabriolet ;
Ainsi que nous, dans son délire,
Chacun se fait plus gros qu’il n’est.

L’auteur est M. Armand Gouffé , auteur des deux Jocrisses à la Cité.                         D. S.

Dans la base César : la pièce a été jouée 20 fois, du 13 avril 1797 au 4 janvier 1798.

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